Deux semaines que je me promène avec cette encyclopédie dans les mains, pendant les fêtes en plus (bonne année !) donc l’ensemble de ma famille de passage chez moi a pu constater à quel point j’étais très bizarre. Je l’ai pris en format poche, regardez la taille du pavé :

Quand vous lisez des trucs comme ça, la plupart des gens vous prennent automatiquement pour une personne cheloue. C’est la nerd qui se cache en moi.

Ça me rappelle une fois au lycée, j’étais dans le bus avec un gros pavé dans les mains, une amie m’a vu de loin et m’a dit : “Amel, tu lis ça ? je sais que t’aimes lire mais quand même, t’abuses.“ Je vous demande pardon, population. J’essaye tant bien que mal de lire des bouquins à taille raisonnable mais à la fin, j’me retrouve toujours malgré moi à lire des dictionnaires.

1200 pages en deux semaines, c’est plutôt bien joué, non ? J’avais eu l’impression d’avoir lu toute une trilogie rien qu’avec le tome 1. Avec celui-ci c’est comme si je venais de terminer tout un cycle de fantasy de quinze tomes. Et vous voulez que j’vous dise ? J’ai adoré ! Je trouve même que cette suite est meilleure que le premier ce qui est une vraie performance car c’est toujours plus dur de faire mieux après un très bon premier livre. J’dois dire que je suis impressionnée car dans ce genre de pavé au millier de pages, il y a toujours des temps morts, des moments où on décroche, où on se fait un peu chier. Eh bien, pas ici. Du début à la fin, le récit m’aura tenu en haleine et j’insiste : ça m’impressionne !

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Cette lecture a été gigantesque et j’sens que je vais avoir du mal à expédier cette critique car je reviens dessus un mois après avoir terminé le bouquin (et avoir écrit mon introduction ci-dessus). C’était pas une bonne idée de mettre ça de côté aussi longtemps. J’vais pas faire comme l’auteur et écrire une chronique à rallonge, on va essayer d’être synthétique (plus le choix, j’sens que j’ai oublié pas mal de trucs) !

Pour cette lecture, je décidais de m’organiser en la divisant en quatre blocs de trois cents pages. C’est toujours de cette façon que je procède avec les gros livres en me fixant des objectifs de temps sinon je pourrais rester un mois dessus que je ne l’aurais toujours pas terminé. Fort heureusement, cette lecture fût des plus plaisantes donc ce n’étais pas très compliqué d’atteindre les dits objectifs !

J’étais heureuse de retrouver tous nos personnages ainsi que la plume de l’auteur. C’est tellement fluide et agréable à lire. La première moitié du livre est celle dont je me souviens le moins, elle est éclipsée par la seconde qui est très riche en péripéties. En fait, il se passe tellement et tellement de choses que j’ai du mal à tout remettre en place. J’avais naturellement fait un graphique pour le tome 1 parce que le récit était organisé en étapes très distinctes mais pas là. Il y a quand même des similitudes entre ces deux premiers tomes.

Premièrement, on a une fois de plus le droit à une incise des héros chez le peuple d’Adobe, et, encore une fois, j’ai trouvé que cette partie tournait au ralenti. Le rythme est lent, on s’ennuie pas mais on souhaite tout de même passer à la suite. Ça reste un passage important car il est le point de départ des quêtes individuelles de nos héros. En effet, Zedd, Kahlan et Richard poursuivent l’aventure chacun dans leurs coins dans ce deuxième tome et j’ai beaucoup aimé ce choix car d’abord, ça permettait de suivre plusieurs fils narratifs tout aussi intéressants les uns que les autres et également de faire évoluer le personnage de Richard en particulier. Richard est un héros en construction, son personnage est encore un peu maladroit mais globalement, je l’ai vraiment apprécié. J’avoue qu’il nous saoule un peu avec son désespoir et son cœur brisé par Kahlan alors qu’il n’avait qu’à connecter quelques neurones pour comprendre qu’elle avait fait ça pour son bien et justement parce qu’elle l’aime. Ça ne gêne toutefois pas la poursuite de sa quête vers le Palais des Prophètes et c’est une manière aussi pour l’auteur de marquer la réticence et la colère de Richard contre les Sœurs de la Lumière.

Si je devais quand même ne retenir qu’un fil de l’histoire, ce serait celui de Kahlan. J’ai adoré suivre son périple avec Chandalen et les deux frères. Puis on arrive au chapitre 44 et là on est sur du grandiose. Des 2500 pages que j’ai englouties jusqu’à présent, je tiens mon passage préféré : la bataille des Galeiens contre l’armée de l’Ordre Impérial. Un seul mot : ÉPIQUE. Je suis obligée de mettre un extrait :

« Il jaillirent de la brume, tels les crocs blancs de la mort. Leurs proies, d’abord tétanisées par la terreur, tournèrent les talons pour fuir ce raz de marée dévastateur. Des lames blanches déchirèrent impitoyablement leurs chairs tandis qu’elles croyaient courir vers le salut. Des hurlements d’agonie retentirent, ajoutant à la panique. Au bord de l’hystérie, certains soldats se jetèrent carrément sur les épées fantomatiques qui les traquaient dans la nuit.
Des hommes qui n’avaient jamais connu la peur en firent l’expérience quelques secondes avant de mourir.
La horde de spectres déferlaient sur le camp dans un vacarme apocalyptique. La chanson métallique des lames, les craquements du bois brisé, le sifflement de la toile déchirée, les grincements du cuir, le bruit sec des os fracassés, le souffle infernal des flammes, le son mat  des corps heurtant le sol… Tout cela, plus les cris des hommes et des bêtes, formait une épouvantable cacophonie poussée vers le cœur du camp par la vague de mort blanche.
L’odeur du sang domina bientôt celle de la fumée, plus forte encore que la puanteur de la chair et de la fourrure carbonisées.
Très vite, les lames furent couvertes d’humeurs rouges et de lambeaux d’intestins, le tapis de neige virant à l’écarlate. Et les flammes, comme si elles présidaient au carnage, crépitaient partout où des hommes mouraient le ventre ouvert. »

Vous voyez ça ? Bah, ça, c’est de la narration ! J’en attends pas moins d’une description de scène de combats dans ce type de fantasy. Ça rend tout tellement épique, j’ai été transportée dans l’action et je n’ai pas vu défiler les deux cents pages suivantes. Et que de rebondissements :

voir le spoil

la trahison de Prindin… j’ai lu le livre il y a un mois et je n’arrive toujours pas à y croire ! Il a tué son propre frère !! Franchement, je l’avais pas vu venir ! Kahlan était tellement choquée !

D’ailleurs, j’dirais que le livre a de quoi choquer pour un public non averti. Me concernant, rien ne m’a choqué et j’ai au contraire apprécié la réalité donnée aux massacres perpétrés lors de guerre (et je dirais même par les hommes en général) mais y’a des scènes très dures et atroces. Je pense à la mise à mort de Pell, les scènes de tortures et surtout les viols partout et à profusion. Y’a un trigger warning “viol“ à mettre en début du livre. Toutes les femmes ou presque y passent dans le bouquin. Les viols sont une arme de guerre à part entière. J’ai eu le malheur de lire des choses qui m’ont retourné l’estomac sur la guerre d’Algérie, la guerre d’Irak, la guerre de Bosnie, la guerre au Soudan, au Congo, en Palestine et j’en passe. On n’a que ses larmes pour pleurer. J’aime la lucidité de l’auteur sur l’envers de la guerre. Les femmes et les civils en sont les premières victimes, pas les soldats.

Du côté de Richard, la quête est un peu moins sanglante et beaucoup plus magique et initiatique. Lorsque Verna et lui atteignent enfin le Palais des Prophètes, j’étais à deux doigts de prendre dix secondes pour applaudir cet exploit. Enfiiiiiiin, neuf cents pages plus tard, incroyable ! J’adore la réaction de Richard arrivé au Palais, il joue carte sur table, ne se laisse pas démonter et les menace tous au passage. Parfait ! J’pense que j’aurais réagi pareillement à sa place. Je remarque aussi qu’en Tanimura, on ne doit pas prononcer le nom de « Celui Qui N’A Pas De Nom ». C’est un standard de la fantasy, on ne doit jamais dire le nom des grands méchants de peur de les attirer, Richard devrait le savoir au lieu de s’en étonner. L’auteur est fidèle à tous les attributs du genre. Pour ce qui est de notre héros, l’apprentissage de la magie est difficile mais il finit quand même par accepter cette part de lui. La Première Leçon du Sorcier est régulièrement citée dans cette suite et j’aime cette continuité. En revanche, la Deuxième Leçon ne m’a pas convaincu. Les exemples pris par Nathan pour l’illustrer sont inadmissibles comme celui du mendiant à qui on donne une pièce et qui partirait se saouler et tuer quelqu’un au lieu de nourrir sa famille. Premièrement c’est très infantilisant pour le mendiant et deuxièmement chacun est responsable de ses actes. Bien sûr qu’avoir des bonnes intentions peuvent mal tourner mais ce n’est pas une raison pour ne plus en avoir. C’est même l’inverse, plus on en a des bonnes et moins on a de chance que ça tourne mal. Et avec des “si“ on refait le monde comme on dit donc cette Deuxième Leçon me semble très mauvaise car elle ne repose que sur des conjectures de ce qui pourrait arriver de pire.

J’atteins le dernier quart du pavé et je commence à saturer. Les intrigues me tiennent toujours en haleine surtout que les fils narratifs sont en train de se rejoindre mais comme c’est looooong ! Quand est-ce que ça va se finir ? J’ai l’impression d’avoir lu dix livres d’un coup, le bordel est infini ! Je tiens bon car ce que je lis m’intéresse trop pour m’arrêter. Je le redis une troisième fois, je suis impressionnée du fait qu’il n’y ait eu aucun temps mort du début jusqu’à la fin de ma lecture !
J’étais trop triste lors de la séparation de Richard et Gratch, notre monstrueux petit Gratch. Richard lui a fait une Kahlan !! « – Grrrratch aaaime Raaach aard. » et Amel aaaime Graaatch ! Mon cœur est en morceaux 💔

Maintenant, dernières remarques en pagaille :

• Y’a un petit passage très Chevaliers du Zodiaque où Nathan exhorte Richard de brûler ses flammes. En tournant les pages, je pensais voir à tout moment un “Brûle mon cosmos ! » J’aurais trouvé ça cool ! Je me remets à fond sur Saint Seiya en ce moment, j’ai tendance à voir des réfs partout 😩
• On peut voir Zedd manger un gigot vers la moitié du livre. Hum, je pensais que les sorciers ne pouvaient pas manger de viande, explication ?
• C’est dommage qu’on ne sache pas ce qui ait arrivé à Margaret, sans doute violée par la créature des enfers puis mangée ou brulée, un truc du genre. Horrible, mais peut-être qu’elle en a réchappé ?
• J’aime beaucoup la cover mais qui est la femme ? Je dirais que l’arrière-plan représente le Palais des Prophètes et on peut voir Écarlate voler dans le ciel (sauf qu’elle n’a jamais été dans les Anciennes Contrées donc c’est impossible), on a Gratch en second-plan, Richard en premier-plan (j’le pensais pas aussi seeukssii) et la femme, c’est Verna ? Mouais, non, elle est plus âgée. Pasha alors ? Pourtant, c’est un personnage tellement anecdotique, curieux de l’avoir illustré en couverture. Ou alors ce sont Richard et Kahlan et le Palais du Peuple derrière mais qu’est donc la créature à gauche du second plan ?
• Kahlan est brune ?!? Je l’imaginais blonde depuis le début. En fait, j’me la représente avec une esthétique d’elfe, j’sais pas pourquoi ?

En voilà une épopée. Je me demandais bien ce que l’auteur aurait à nous raconter après Darken Rahl car il n’y avait rien de pire que lui dans le monde des vivants. C’était sans compter sur le grand méchant du monde des morts, c’est bien joué et j’ai préféré ce tome au premier. C’est très bien écrit, la magie est maîtrisée, les personnages sont très bons, notamment les femmes et en premier lieu Kahlan (ça mérite qu’on le souligne) et je n’ai rencontré aucun temps mort lors de ma lecture. On applaudit l’imagination de l’auteur pour avoir créé une fresque fantastique aussi foisonnante. Pour une série de quinze tome au millier de pages chacun, et de qualité en plus (les deux premiers en tout cas), c’est le moins que je puisse dire. J’espère que le troisième sera à la hauteur !

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Les extraits que j’ai retenus