Starcrossed, tome 1,Josephine Angelini

Présentation

UN AMOUR écrit dans les étoiles

UNE TRAGÉDIE qui se répète depuis l’Antiquité

UNE MALÉDICTION que même les dieux ne peuvent briser

« C’était la nuit dans le pays aride. Hélène se mit en route. Elle aperçut quelqu’un, au loin, et pressa le pas.
C’était Lucas. Tombé à genoux, il avançait, tâtonnant comme un aveugle, se coupant les mains sur les pierres tranchantes.
Il avait si peur qu’il n’osait pas se redresser. Hélène comprit qu’il la suppliait de le laisser là. Mais elle savait qu’elle ne devait pas, sinon il ne quitterait jamais le pays aride.
Malgré ses pleurs, elle l’obligea à se lever et à marcher. »

15/20

Chronicle

Dans la série des livres que j’attendais de lire depuis DIX ANNÉES (!!), je vous présente Starcrossed. Eh oui, je reprends tous les premiers livres de la vieille et interminable liste de mes envies, je vais tous me les faire ! La couverture est trop belle, le titre est en rose, ça parle de dieux, de déesses et de mythologie grecque; comment la Amel de quatorze ans et demi n’aurait pas pu flasher ?! Même à mon grand âge, en 2021, je flashe toujours autant !

J’avais vraiment envie de commencer Starcrossed mais dès le début et comme toujours avec ce genre de livres pour adolescentes, on découvre une fille comme toutes les autres (mais pas comme les autres) et à la vie banale qui va être chamboulée à l’arrivée d’un beau mec ténébreux dans la petite bourgade. Moi, c’est ce que j’appelle les romans Twilight et très franchement, je ne vais même pas chercher à mentir, je crois que j’ai un petit faible pour ce genre d’histoire. D’ailleurs, je viens de me rendre compte de ma faiblesse à l’instant en fait. Je le découvre avec vous.

Au fond, ça me rappelle mes années lycée et cette époque géniale de ma vie où je ne faisais que dévorer des livres dans mon éternelle chambre du 8 rue du Ministère Amer. Je suis très nostalgique de cette époque. J’ai l’impression d’avoir à nouveau quinze ans quand je lis ça et ça me fait juste trop plaisir (je parle comme si j’avais quarante ans 😂).  
Direction donc les années lycée avec Hélène, une jeune fille fantastique et incroyable mais qui s’ignore. Le seul truc vraiment très chiant encore une fois, c’est le fait que l’héroïne se sous-estime sans arrêt et qu’elle veut toujours être ordinaire, comme les autres, pas spéciale…tellement relou, je n’aime pas ce genre de “fausse modestie“ avec ces héroïnes spéciales qui ne veulent pas entendre qu’elles le sont. J’ai trouvé Hélène trop barbante au début notamment parce qu’elle a peur de ses capacités, qu’elle laisse les autres lui marcher dessus et que toutes les filles la détestent parce qu’elles sont jalouses d’elle. Je ne comprends pas pourquoi les auteurs tournent en général leurs personnages comme cela dans ce genre de bouquins, style le cygne qui joue le vilain petit canard. La logique voudrait plutôt que le vilain petit canard se transforme en cygne et non le cygne qui fait semblant d’être le vilain. Je n’en vois pas l’intérêt. 

Cependant, l’histoire devient intéressante au bout de quelques chapitres. Pourquoi se haïssent-ils tant ?? Pourquoi cette haine est-elle viscérale, génétique même ? Si Hélène est Hélène de Troie, qui est Lucas pour elle ? Le coup du rêve de la terre aride qui n’est en fait pas un rêve car elle retrouve toujours ses pieds salis en se levant le matin est pas mal, ça m’a accroché. Mais la haine qu’ils ressentent s’arrêtent bien vite à mon goût et ils finissent même par s’aimer ! Trop rapide. On se retrouve carrément quelques chapitres plus loin à parler de coucher ensemble mais biiiiiiieeeeeeen évidemment, ils ne peuvent PAS baiser ensemble. Alors là, on est dans un remake total de Twilight.

Donc, comme pour Twilight, elle veut coucher avec lui, mais lui, résiste tant bien que mal à la tentation car sinon ce serait la fin du monde mdr c’est tellement tragique et niaiseux à la fois, comment ne pas rire sérieux ? 😂
Ma foi, quand on est une lectrice éperdue de quinze ans, on ne peut que prendre ça au sérieux. Je mettrais un seul bémol sur l’attitude d’Hélène qui au lieu d’aller faire ses recherches sur internet pour comprendre les mythes qui les entourent et donc pourquoi Lucas ne peut pas coucher avec elle (ou même lui demander directement, en fait), décide de se morfondre en croyant qu’il ne veut pas d’elle. Tain mais c’est si compliqué que ça de taper “Hélène Pâris“ sur Google au lieu de nous faire chier ? Ridicule. 
Lucas finit quand même par nous expliquer le poids de l’héritage maudit qui pèse sur leurs épaules. Ainsi, s’ils ne veulent pas qu’une nouvelle guerre de Troie ne se répète, ils doivent se tenir à distance. Il nous informe même que ç’a été la pire guerre que le monde n’ait jamais connue…l’autrice aurait pu éviter le superlatif, je pense qu’on a vu d’autres guerres plus terribles que celle d’Homère, hein.

Et on arrive maintenant au point le plus ridicule de tout ce livre : Hélène doit être absolument vierge mais lui l’est-il ? Et la mère de Lucas (mère sans ascendance divine qui occupe la seule fonction de cuisinière pour cinquante mille personnes par jour sans qu’on daigne la considérer pour autre chose) qui nous répond, je cite l’échange :

« – […] Et moi qui croyais qu’il était vieux jeu…
– Lucas ? Oh non… »

Lever de yeux au ciel dans 3…2…1

Sérieux, orh, quelle blague. Cette obsession de la virginité des jeunes filles à l’inverse des garçons qui peuvent faire ce qu’ils veulent de leurs culs, ça m’exaspère ! D’autant plus que si l’on suit la logique, si Hélène couche avec lui, elle devient sa femme selon la tradition grecque. Or, si Monsieur Lucas ? Oh non a déjà couché avec d’autres filles avant, ça voudrait dire qu’il a été marié à ses filles aussi, sauf si aucune n’était vierge. Mais lui, il était bien vierge à un moment donné ? Sauf si là encore, la tradition grecque ne s’applique qu’aux femmes ? À voir. Dans tous les cas, je trouve ça exaspérant. Si l’on exige un.e vierge, on a intérêt à l’être soi-même pour commencer ! De toute façon, Hélène est trop jeune et n’a pas assez de recul pour voir que ceci est tout à fait consternant. En témoigne d’ailleurs ce passage qui m’a fait doucement rire :

« – Tu sais, je n’ai pas envie de ressembler à ces filles qui s’écrasent devant leur copain, parce qu’au fond, elles préfèrent qu’on décide à leur place. 
– Je comprends, approuva Lucas en plissant le nez, alors qu’ils reprenaient la direction de la maison des Délos, main dans la main. Je n’aime pas ce genre de filles
– Personne ne les aime. »

Quelle naïveté (bonjour misogynie au passage). Elle verra par elle-même ce que les hommes aiment d’ici quelques années. 

Enfin, dans l’ensemble, c’est un bon premier tome. Je suis même curieuse de lire le prochain car la fin donne très envie de connaître la suite. J’ai beaucoup aimé le cadre de l’histoire qui se passe sur l’île de Nantucket, j’kifferais y aller un jour (je la rajoute de suite dans ma liste de voyage ✈️) et ça m’a aussi beaucoup rappelé Moby Dick donc j’ai trouvé ça super cool (mdr pourquoi je fais genre ça m’a rappelé alors que je n’ai jamais lu Moby Dick, j’suis perchée 🐋😂)
N’empêche, j’ai surtout l’impression que mon enthousiasme est lié au fait que j’ai un faible pour ce type de romans. Ça reste quand même un peu trop teen pour moi mais j’aurais peut-être adoré au lycée ? Ah là là, tous ces livres que j’avais prévus de lire il y dix ans et que je ne lis que maintenant. C’est vraiment n’importe quoi, mais bon, vu que l’ensemble de ma vie n’a pas de sens, bah disons qu’on est dans la logique (j’ai dit le mot “logique“ beaucoup trop de fois dans cette chronique 🧐). 
Les deux grosses interrogations maintenant, c’est de savoir

voir le spoil

s’ils sont cousins (la mère d’Hélène a menti sur son géniteur à coup sûr ! Dommage, moi qui pensais pouvoir échapper à la baise incestueuse) et quelles sont les intentions de Daphné qui a l’air plus que louche.

En tout cas, comme on est dans l’univers de la mythologie, eh bien j’espère dès maintenant une fin digne des meilleures tragédies grecques ! Ça fait longtemps que je n’ai pas lu de livre avec une fin triste et je ne pense pas, honnêtement, que ce sera Starcrossed qui me l’offrira mais je me plais à espérer. Je connais quelqu’un qui aurait bien besoin d’une catharsis.

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Les extraits que j’ai retenus

– On ne te reproche rien, Hélène. 
Elle fit un geste de dénégation. 
– Si. Parce que c’est moi qui ai commencé quand j’ai agressé Lucas au lycée. 
– Tu n’a rien commencé du tout ! protesta Jason avec force. Cette guerre dure depuis des milliers d’années.
Hélène le regarda sans comprendre, mais il secoua la tête.
– Dors et ne t’inquiète pas pour Lucas. C’est un des fils d’Apollon les plus costauds.
Il éteignit la lumière en sortant, mais laissa la porte entrebâillée, au cas où elle appellerait en pleine nuit.
Hélène se blottit sous sa couette et essaya de se détendre, mais elle était dans un tel état d’épuisement qu’elle ne put y parvenir. Elle était troublée par l’atmosphère étrange de cette maison, et puis par cette découverte incroyable : elle savait voler. C’était indéniable. Elle n’était pas, comme elle l’avait cru, une simple athlète surdouée, longtemps persuadée d’être le résultat d’expériences génétiques. Mais oui, elle pouvait voler – ce dont aucun Homo sapiens normalement constitué n’était capable. Elle n’était donc pas normale. Elle n’était pas humaine. 
La seule explication possible était celle de Lucas, mais elle lui paraissait invraisemblable. Elle avait appris au collège que les dieux grecs étaient des figures de la mythologie, l’incarnation des forces naturelles. Pas des personnes réelles avec de vrais enfants. Et pourtant…elle se souvenait avec précision des sensations qu’elle avait éprouvées quand elle s’était mise à voler. L’air était devenu presque solide, malléable…Soudain, elle n’eut plus le moindre doute. Elle était une demi-déesse. Elle allait devoir s’y faire.

Mercredi matin, Hélène quitta la maison en toute hâte. Elle repensa à son père lui disant qu’il voulait « toucher deux mots à ce jeune homme ». Elle n’avait pas su s’il était sérieux ou s’il s’amusait à la taquiner, mais elle ne voulait pas courir le moindre risque. Ce ne serait pas juste de faire subir à Lucas un interrogatoire en règle, alors qu’ils ne sortaient même pas ensemble…
Elle ouvrit la portière et se jeta à l’intérieur.
– On y va ?
– On n’attend pas ton père ? s’étonna Lucas, apercevant Jerry sur le seuil de la maison.
– Non, partons. Vite ! Je ne sais pas s’il a l’intention de le faire ! répondit Hélène, prise de panique, en saluant son père d’un signe de la main. 
Lucas passa la première et démarra. 
– De faire quoi ?
– Parler d’homme à homme, expliqua-t-elle, soulagée. 
– Ah…Dans ce cas… fit Lucas en freinant. 
– Il allait passer la marche arrière, mais elle posa la main sur la sienne et s’exclama, affolée :
– Qu’est-ce que tu fabriques ?
– Je vais aller parler à ton père. Je ne veux pas qu’il s’inquiète quand tu es avec moi. 
– Lucas, je te jure que, si jamais tu fais ça, je sors de cette voiture et je vais au lycée à pied !

– Bon. Qu’est-ce que je fais ?
– Je veux que tu reprennes le monde là où tu l’as laissé.
– Comment ça ?
– Concentre-toi. Tu vas comprendre ce que je veux dire, mais il faut que tu me fasses confiance.
– Je te fais confiance, assura-t-elle pour la centième fois de la journée. 
Cette fois, elle le regarda droit dans les yeux. Il lui rendit son regard, le visage illuminé par une confiance tranquille. Elle pensa que rien n’était impossible si Lucas croyait en elle. Elle « reprit le monde »…et tomba, comme n’importe quel humain qui tenterait de marcher à deux mètres de hauteur. Lucas s’y attendait. Il la rattrapa au vol, freina sa chute et la déposa doucement sur le sol. Ses jambes avaient perdu l’habitude de la porter et sa vision tanguait. Elle resta accrochée à son cou le temps que la sensation de vertige se dissipe. Puis, alors qu’elle n’en avait plus besoin, elle garda les mains autour de son cou, espérant « quelque chose » sans savoir vraiment quoi. Mais il s’arracha à son étreinte.

– Tu sais, je ne croyais pas au « visage qui a lancé sur les mers mille navires ». J’ai toujours détesté ce passage, dans L’Illiade. Ça me faisait rire.
Il secoua tristement la tête.
– C’est ridicule, quand on y pense. Une guerre de dix ans parce qu’un lâche égoïste s’est enfui avec une femme infidèle…Ça me rendait furax et j’en voulais à Pâris et à Hélène d’avoir été si faibles. J’ai été assez bête pour jurer qu’à leur place, je n’aurais jamais fait comme eux – que j’aurais été plus fort. Et deux semaines plus tard, j’ai vu ton visage pour la première fois…