Décompression

Décompression, Juli Zeh

Présentation

Au mois de novembre sur l’île de Lanzarote : paysages minéraux, climat doux mais changeant. La faune et la flore sous-marines des environs en font un lieu de plongée recherché.
Sven, le nonchalant instructeur, y organise des cours de plongée mais cette semaine-là, ce sont ses deux singuliers stagiaires qui semblent mener le jeu. Jola et Theo, couple berlinois très glamour, attirent Sven dans un piège. À moins que ce ne soit le contraire. Les sorties en mer se transforment en mises en scènes – provocation, désir et haine s’y invitent. Chacun risque de perdre la maîtrise de la situation et de sa vie. Et peut-être davantage encore. L’indifférence que Sven cultive se fissure. Et l’angoisse s’infiltre. Qui manipule qui ?

12/20

Chronicle

« Au mois de novembre sur l’île de Lanzarote » C’est bon, il ne m’en faut pas plus, je le prends ! C’est comme ça que je me suis retrouvée avec ce livre. C’était une coïncidence inattendue car en novembre dernier pour mon anniversaire, je regardais des destinations et je me suis dit que ce serait trop cool d’aller à Lanzarote et voilà que je trouve un bouquin qui parle de vacances à Lanzarote un mois de novembre, c’est tellement précis, qui l’aurait cru ? J’ai pas eu l’occasion d’y aller mais peut-être novembre prochain, qui sait ? En plus, je ne savais pas que Lanzarote était un lieu de plongée prisé donc pourquoi pas rajouter ça dans ma future liste d’activités, en espérant que ça ne va pas me plonger dans un thriller en eaux troubles comme c’est le cas pour ce roman !

En réalité, je n’ai pas vraiment trouvé que c’était un thriller mais plutôt un roman psychologique ou alors thriller psychologique à la limite. L’histoire est très moyenne. Dès le début, je n’ai pas du tout accroché avec les personnages. À partir de là, c’était assez difficile de trouver la psychologie des protagonistes intéressante. Plus j’avançais dans ma lecture, plus ça empirait. Sven, Jola et Theo sont exceptionnellement fades et aucun ne m’a paru sympathique. Je me demandais même ce que j’étais en train de lire, les personnages sont exécrables tous autant qu’ils sont. Entre Sven qui nous raconte comment il se tapait une fille de seize ans quand lui en avait vingt-six  (sisi le détournement de mineure) et Jola, douze ans de moins que son mec (qu’elle appelle le « vieil homme » soit dit en passant) qui nous raconte nonchalamment les viols et les violences qu’il lui fait subir… pourquoi je lis un livre ou les héros sont deux vieux dégueulasses misogynes ? Genre, je n’ai rien de mieux à faire une belle journée d’été comme celle-ci ?

Toutefois, le pire personnage de ce bouquin reste Jola. Je l’ai détesté. En fait, elle adore ça. Elle adore se faire battre et violenter, elle multiplie les tentatives de meurtres sur Theo et elle harcèle sexuellement Sven. Elle est pas nette du tout, complétement dérangée. Du coup, j’ai ressenti aucune pitié à son égard, au contraire j’ai trouvé le perso légèrement creepy.

Après, on peut se demander qui de Sven ou de Jola ment mais c’est une fausse question. 

voir le spoil C’est elle qui ment et la fin le confirme car si on considère ce qu’elle a écrit dans son journal, elle ne se serait jamais mariée avec Theo comme on l’apprend à la dernière page. D’ailleurs, on se doute de comment va être la fin mais elle est bien menée ce qui a redressé mon attention. Je suis déçue que Theo ne l’ait pas dénoncé après sa tentative de meurtre échouée mais vu que tous les deux sont malades, ils finiront par s’entretuer quoi qu’il arrive. La vraie question est de savoir qui va réussir à tuer l’autre en premier. Le fait que Sven consulte une avocate à la fin donne à penser que c’est peut-être lui qui va révéler ce qui s’est passé à la presse.

Dernière remarque sur l’écriture de l’autrice que je n’ai pas vraiment appréciée. J’avais l’impression qu’il manquait des pronoms à certains moments et quelque fois je ne comprenais pas si le narrateur s’adressait à moi, lectrice, ou à un autre personnage. Il y avait quelques passages comme ça qui étaient un peu flous pour moi. Bon, c’est un thriller psychologique moyen qui reste correct pour faire passer le temps.


Les extraits que j’ai choisis

Tout est si paisible par ici. L’absence d’êtres humains à Lahora est comme la respiration sous-marine. Plaisante, mais un peu perturbante. Je n’ai même pas de voiture pour partir d’ici. Rilke : Qui donc, si je criais, m’entendrait… ? Réponse : Sven, tout au plus. Je vais faire en sorte qu’il se trouve toujours dans les parages. Comme ça m’a fait de la peine de le voir s’emporter ainsi contre nous ! Sven, tremblant de rage au milieu des ruines de son petit univers de moniteur. Sa stupéfaction m’a laissée stupéfaite. Parce que j’ai compris qu’il ne nous comprenait pas. Sven ne fermerait jamais l’arrivée d’air de quelqu’un d’autre. Il ignorait même qu’il y avait des gens qui puissent faire ça. J’ai brusquement ressenti une sorte de désir. Je vais faire un effort, par amour pour lui. Et par amour pour Siobhan. J’étais si proche d’elle, sous l’eau. Vive et souple comme un poisson. Alors que Theo dérivait comme un sac de patates.
On n’est pas obligés de prendre des vacances. Le vieil homme pourrait entreprendre d’écrire un livre sur l’île. Je peux m’entraîner pour Siobhan. C’est ce qu’il y a de bien avec les métiers artistiques. On peut dire que tout ce qu’on fait c’est du travail et puis trouver ça ensuite merdique sans pour autant être déçu. 

Ce n’est qu’avec la manœuvre finale du Dorset que prirent fin les rires et les bavardages suscités par ma chute dans le bassin. Pendant qu’on affalait les voiles, je pataugeais dans ma propre flaque. Nous entendîmes les ordres du skipper. Une sainte solennité gagna les touristes. Ils eurent tous soudain l’œil rivé à leurs jumelles. Le moteur Diesel démarra. Majestueux, le Dorset fit son entrée dans le port de Puerto Calero. 
Je pensai la phrase : mon cœur brûle d’amour. C’était exactement ce que je ressentais. Le Dorset montrait bien que la vraie beauté ne reposait pas sur la symétrie mais sur un alliage de puissance et d’élégance. La puissance brute était grossièreté, l’élégance pure était arrogance. Seule la rencontre des deux était susceptible d’émouvoir intimement, et c’est précisément cela qui me toucha à cet instant. Jola s’était hissé sur le bord du quai, tantôt retenue par les bars de David tantôt par ceux de Theo. C’était comme si le bateau s’avançait pour elle. Fière et forte et pourtant si prompte à chavirer. Je me tenais à l’arrière-plan, passant pour le prof de plongée rigolo que ses clients jettent à l’eau pour s’amuser. Je ressentais de l’amour, de la douleur et de la tristesse sans être sûr que cela ne soit pas une seule et même chose. 

Je ne suivais plus vraiment la conversation. Je pensais à l’Allemagne, où ces gens vivaient quand ils n’étaient pas en croisière devant le littoral africain. Je connaissais leur état d’esprit. Ils se trouvaient chaque jour confrontés à la lourde tâches de caser leurs crises personnelles parmi la crise des banques, la crise climatique, la crise énergétique, la crise de l’éducation, la crise de l’euro, la crise des retraites et la crise du Proche-Orient. Soir après soir, le journal leur exposait pendant un quart d’heure l’effondrement imminent de l’Occident ainsi que l’incapacité corrélative des politiciens à l’endiguer. Pendant ce temps-là, ils se raccrochaient à un espoir égoïste est un peu affligeant en se disant qu’au bout du compte tout resterait peut-être comme avant. Perpétuer. La perpétuation était le mot d’ordre de leur vie. Des heures, des jours, des tâches à faire, rayés un à un de la longue liste. Bien que l’avenir leur apparaisse comme le lieu d’exécution de la catastrophe, ils s’acharnaient à se frayer un chemin à travers les tranchées du présent. Des soldats qui avaient perdu toute foi en la victoire et qui ne se préoccupaient plus que de leur propre survie. S’ils ne désertaient pas, c’est qu’ils ne savaient où fuir. Dans un monde sans au ciel orageux, nul exil n’est possible. 

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