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Chronicle
Quelle merde.
Je savais que ça nâallait pas me plaire. Câest pour ça que je dĂ©teste lire ce genre de livres. Avant mĂȘme dâavoir checkĂ© ne serait-ce que le rĂ©sumĂ©, je savais que cette lecture allait mâĂ©nerver. Sauf que jâpensais clairement pas que ça allait mâĂ©nerver Ă ce point. En fait, je nâai pas pu finir. Je me suis forcĂ©e Ă lire attentivement jusquâĂ la page 80 puis jâai fini par lĂącher lâaffaire. Jâai tout de mĂȘme lu en giga maxi grande diagonale le reste histoire dâavoir une petite vue dâensemble malgrĂ© tout et je confirme, câest Ă chier. Je suis en colĂšre que lâon puisse publier ce genre de merde comme si de rien nâĂ©tait. De la merde raciste, orientaliste, coloniale et fĂ©tichiste. Ce livre, câest une atteinte Ă la femme tunisienne que je suis.
En fait, câĂ©tait tout bonnement impossible pour moi de lire ça. Je mâarrĂȘtais presque Ă chaque page Ă cause dâune remarque problĂ©matique dans le texte et je la notais Ă cĂŽtĂ© pour pouvoir en parler ultĂ©rieurement donc arrivĂ©e Ă la 80Ăšme page, câĂ©tait trop relou, jâai prĂ©fĂ©rĂ© y mettre un terme et puis de toute façon, la logorrhĂ©e diarrhĂ©ique que jâĂ©tais en train de lire ne valait vraiment, mais alors vraiment pas la peine que je perde mon temps et mon Ă©nergie Ă lâanalyser.
Câest toujours ça le problĂšme des livres Ă©crits par des blancs qui parlent de nous, les basanĂ©s, les sauvages ou peu importe comment lâauteur nous perçoit. Il y a toujours ce regard colonial, paternaliste et donneur de leçon. Le pire, c’est que j’suis sĂ»re qu’il ne doit pas se rendre compte de ce qu’il dit tant son discours semble ĂȘtre formatĂ© par des dĂ©cennies de racisme ordinaire. Dans sa tĂȘte, il doit vraiment croire qu’il a Ă©crit une fiction moderne et pertinente sur la Tunisie d’aujourd’hui alors que le regard qu’il pose sur mon pays (qu’il soit inconscient ou non) est poussiĂ©reux, mĂ©prisant et profondĂ©ment indĂ©cent. Et moi, trĂšs sensible au poids du racisme et de lâhĂ©ritage colonial qui pĂšsent sur les solides Ă©paules de la Tunisienne que je suis, je ne peux plus tolĂ©rer ça. Quelle tragĂ©die dâĂȘtre une femme du Maghreb, bonne quâĂ ĂȘtre objectivĂ©e, sexualisĂ©e, DEVOILEE. Quelle tragĂ©die dâĂȘtre un enfant de colonisĂ©s dans un monde de colons. Je parle pour ce livre mais je parle aussi pour tous les autres livres, la tĂ©lĂ©, le cinĂ©ma, la presse⊠Noir ou MaghrĂ©bin, on a toujours le mauvais rĂŽle, putain yâen a marre.
Jetons maintenant un coup dâĆil sur ce chiffon. Du coup, je propose de structurer ma chronique par rapport aux remarques que jâai notĂ©es jusquâĂ la page 80 pour que vous voyez Ă quel point câĂ©tait tendu.
- PAGE 12
DĂšs le dĂ©but, on nous prĂ©sente un peintre colon et orientaliste qui vient chercher l’inspiration qui lui manque dans des recoins exotiques Ă la maniĂšre des Delacroix et autres bouffons. Ah lĂ lĂ , ces bonnes vieilles colonies, rien de mieux que dâaller faire un pâtit tour dans ce monde sauvage et inexplorĂ© pour bien se requinquer. SĂ©rieux, il nây avait pas moyen de dĂ©crire ça autrement ?
- PAGE 13
Si quelquâun sait, jâaimerais bien quâon me dise ce que signifie le « on va croire que⊠» de la femme de mĂ©nage car je nâai pas saisi du tout. Pourquoi ne pourrait-elle pas prendre le tableau ? Il est oĂč le souci exactement ?
LâĂ©change de Paul le grand artiste avec cette mĂȘme femme de mĂ©nage est parfaitement ridicule et tout droit sorti de lâimagination de lâauteur. Ce dernier veut tellement parler de Ben Ali quâil fait dire nâimporte quoi Ă ses personnages. Mais quelle femme de mĂ©nage dirait ça Ă un Ă©tranger quâelle ne connaĂźt mĂȘme pas ? Aucun rĂ©alisme.
- PAGE 15
Câest ici que jâai su que je nâarriverais pas Ă finir le livre. Trop de conneries :
« Il comprit aussi quâil avait besoin de faire lâamour. Ce dĂ©sir-lĂ Ă©tait Ă©galement revenu. Mais ce nâĂ©tait pas la saison des touristes et il nâĂ©tait pas question de chasser la gazelle locale. »
La gazelle locale ? Puis quelle gazelle voudrait de toi, pauvre type ?! Animalisation, érotisation, objectivation, bref, dégueulasse. Pourquoi à chaque fois que marc alias merde trévidic parlent des femmes tunisiennes dans son torchon, ça pue toujours le sexe ??????
- PAGE 19
Vous voyez ? câest absolument impossible de lire en sâarrĂȘtant toutes les deux pages ! Et ici, je mâarrĂȘte encore car lâauteur nous dĂ©crit bien ce quâest le privilĂšge blanc, Ă savoir se croire tout permis dans nos pays. Bah oui, câest un blanc français lui, il a le droit de tout faire ! Il a mĂȘme le droit de nous chier dessus. Quand je pense aux dĂ©bats de racelards dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s sur lâexistence du « racisme anti-blanc » en Afrique du Sud hahaha, quâest-ce quâon se marre.
- PAGE 21
« Ses yeux bleus de berbÚre illuminaient son regard marin. »
Ceci, par exemple, est un fantasme, en plus dâĂȘtre du colorisme. Les yeux bleus ne sont pas des yeux de berbĂšres (dâailleurs dâoĂč vient ce mythe de merde ?) Le peu de maghrĂ©bins aux yeux bleus sont mĂ©tissĂ©s. Nous, on a des yeux noirs de cochons, câest ça que tu veux dire ? Bouffon, va.
- PAGE 25
« Toute la famille Ă©tait toujours bien habillĂ©e, Ă lâoccidentale. »
Donc ĂȘtre habillĂ© Ă la tunisienne, câest ĂȘtre mal habillĂ© ? On remarque trĂšs bien le mĂ©pris de lâauteur sur une culture autre que la sienne. On le remarque tout au long du livre, en fait, ce qui est insupportable. Paul se lie dâamitiĂ© avec Farhat parce que Farhat, câest un Tunisien dĂ©peint comme âoccidentalisĂ©â avec un entourage de professeurs (sous-entendu que le savoir et la connaissance sont les apanages des Occidentaux et lâignorance et la bĂȘtise les apanages de nous autre les sarrasins, les basanĂ©s). Câest simple, tout ce qui nâest pas occidental ou qui ne veut pas lâĂȘtre est perçu comme hostile et dangereux dans le livre (cf. Nourdine et sa famille).
- PAGE 32
« Fatima, la mĂšre de Farhat, portait une robe de coton de bleue suffisamment ample pour ne pas accentuer ses rondeurs consĂ©quentes. Nora Ă©tait toute de blanc vĂȘtue, une longue robe de lin qui descendait jusquâau mollet tout en laissant deviner ses formes exquises. »
L’auteur ne dĂ©crit les femmes tunisiennes que par leurs courbes et leurs formes. On est au summum du fĂ©tichisme et de lâorientalisme. Câest affligeant.
- PAGE 33
« â Tout est majoritaire en France. Câest ça, la dĂ©mocratie, renchĂ©rit Nora gneugneugneu »
Bon, lĂ on repart encore sur Ben Ali. Bah oui, câest vrai que nous les sauvages dâAfrique, nous rĂȘvons tellement de la dĂ©mocratie Ă la française. Ă maĂźtres colons, venez-nous honorer de votre mission civilisatrice ! En Ă©change, prenez toutes nos ressources naturelles et si vous violez ou torturez sans faire exprĂšs un indigĂšne qui passait par lĂ , câest pas grave, il y en a pleins dâautres !
- PAGE 36
« Il avait cru que Farhat, religion oblige, ne buvait pas. Il comprit vite le contraire. Deux camarades sur une felouque et sous un soleil de plomb avaient bien le droit au verre de lâamitiĂ©. Allah nây trouverait rien Ă redire. Juste une petite rĂ©primande peut-ĂȘtre, sous la forme dâune mauvaise conscience a posteriori. »
Ahhhhh, je lâattendais la petite pique sur lâIslam. Je me disais bien quâelle allait venir. Ces torchons racistes sont tellement prĂ©visibles, je pourrais presque y prĂ©voir les insultes et les moqueries qui nous sont faites. Connard, va.
- PAGE 51
Alors lĂ , câest vraiment une blague, somme toute prĂ©visible encore une fois. Les blancs aiment trop faire parler les femmes maghrĂ©bines de sexe que ce soit dans les films ou dans les livres. Ces pauvres et si pudiques maghrĂ©bines prisonniĂšres et sexuellement rĂ©primĂ©es. Une MaghrĂ©bine qui parle de cul, câest une MaghrĂ©bine libĂ©rĂ©e, ouaiiis la libertĂ©, bleu blanc rouge aaahhh vive la France. Ta7an, va.
Et la façon dont ce vicelard dâauteur dĂ©crit tout ça, beurk. Il juxtapose tradition du mariage, la 7enna, la musique, le 7ammam etc. avec le sexe avant le mariage. Evidemment, câest vrai que quand on est clouĂ© sur son lit de mort par un cancer effroyablement douloureux, la premiĂšre chose quâon fait, câest raconter Ă un inconnu (qui fantasme secrĂštement sur soi) ses folles nuits sexuelles avant son pur mariage dans la tradition. Mais putain, quâest-ce que jâsuis en train de lire ? Ăa pue le sexe et lâorientalisme, vraiment affligeant. Vous savez, lâhypersexualisation des femmes maghrĂ©bines est un sujet trĂšs trĂšs sensible pour moi. Câest insupportable pour moi de lire toutes ces insinuations fĂ©tichistes Ă lâinnocence feinte.
- PAGE 60
Un enfant, Nourdine, ne veut pas dire salam Ă Paul car il nâest pas musulman. Oui, bien sĂ»r, le petit ne veut pas dit bonjour parce que tu es un kafr mdrr câest la meilleure celle-lĂ , au-delĂ mĂȘme du fait que vous ne verrez jamais ce genre de choses, que lâauteur se plaĂźt tant Ă nous raconter, dans la rĂ©alitĂ©, la Tunisie entiĂšre, bien indiffĂ©rente Ă la religion de Paul, lui mange dans ses mains de blanc mais vu quâun petit ne veut pas le saluer, on est tous des mĂ©chants terroristes. Racelard, va. Et pour info, lâauteur est dĂ©crit comme « spĂ©cialiste de lâIslam »âŠ hĂ© ho, les spĂ©cialistes du dimanche, occupez-vous un peu de vos vieux culs bien moches de racistes et laissez-nous tranquille ! Putain mais on peut pas souffler dans ce pays, tous les jours Ă se branler sur nous, carrĂ©ment Ă nous chier des livres bien ridicules comme ça, lĂ .
- PAGE 71
« Il devait faire attention, Paul était un Français. Ce qui signifiait : Paul est un chrétien. »
Quand ça parle pas de cul, ça parle de religion. En puis câest totalement faux. Français rime beaucoup plus avec agnostique ou athĂ©e que chrĂ©tien. Vous voyez le parti pris de lâauteur ? Son obsession de lâIslam ? Sa volontĂ© de la faire passer pour une religion intolĂ©rante, violente et pauvre dâesprit ? Mais quelle merde ! Insupportable de lire ces conneries. En outre, voici la correction : « Paul Ă©tait un français. Ce qui signifiait : Paul est un colon. »
- PAGE 80
Alors lĂ , je suis sidĂ©rĂ©e. Câest dâun ridicule. Est-ce que lâauteur se relit mĂȘme ? Non mais franchement, c’est la Tunisie pas l’Afghanistan ! Ă peu prĂšs toute la jeunesse tunisienne ne rĂȘve que de s’exiler en France et de vivre Ă l’occidental. Le salafisme est un mouvement hyper rĂ©cent quasi inexistant en Tunisie en 2001 et encore moins dans les Ăźles perdues des Kerkennah. Lâauteur haĂŻt lâIslam, on le ressent Ă chaque putain de mot de ce putain de livre, il fait mĂȘme pas semblant dâĂȘtre objectif. Câest invraisemblable.
AprĂšs tout ça, câĂ©tait plus possible pour moi de continuer sĂ©rieusement Ă lire cette merde. Lire une critique, câest une chose, mais lire un torchon raciste insultant et dĂ©nigrant vis-Ă -vis de ma communautĂ© et de moi-mĂȘme en tant que femme racisĂ©e, sâen est une autre. Jâai feuilletĂ© le reste et câest pas beau Ă voir non plus. Donc
voir le spoil
Paul et Ahlam vont se mettre ensemble. Waouh le gentil homme blanc qui va libĂ©rer la pauvre femelle indigĂšne des bras violents de ses sauvages de pĂšre et frĂšre,que câest originalâŠ
Il y a quand mĂȘme un cĂŽtĂ© vachement pĂ©dophile lĂ -dedans. Il est tombĂ© amoureux de la mĂšre, mais pas de chance, elle est morte. Du coup, il a attendu que la petite qui nâavait, je crois, mĂȘme pas dix ans au dĂ©but, arrive Ă maturitĂ© pour reprendre le relais ? Archi glauque.
Et puis comment oublier le petit passage p°192 je cite :
« Cette rĂ©volution [celle de 2011] ressemblait Ă une rĂ©volution occidentale, Ă la française. CâĂ©tait indĂ©cent, contraire Ă lâIslam et, en quelque sorte, ni plus ni moins quâun vol. »
DĂ©cidĂ©ment, lâIslam câest pas son kiff. Regardez-le, tout le paternalisme et le colonialisme avec lequel il parle. En quoi est-elle indĂ©cente ? HĂ© ho sombre merde, tu parles dâun peuple qui a luttĂ© pour sa libertĂ© et pour son indĂ©pendance, comme tout le reste de notre continent torturĂ©. LâAfrique ne doit rien Ă la France ; la France lui doit tout. Puis, tous ces sous-entendus, beurk. Une rĂ©volution Ă la française ? Oui, bien sĂ»r, le bourgeois envoie le gueux se salir les mains Ă sa place. Tu me diras, des gueux, de France ou du bled, ça reste des gueux (dont la vie de lâun est supĂ©rieure Ă lâautre, bien Ă©videmment (jâvoudrais pas non plus brusquer lâauteur qui a lâair dâavoir un avis bien tranchĂ© niveau hiĂ©rarchisation de groupes humains)), hein, câest ça que tu veux dire ?
Bref, si jamais vous tombez sur cette merde un jour, ne vous risquez pas Ă lâouvrir. Faites-en une cale pour une table bancale, un dessous de verre, du bois de chauffage. Moi, perso, jâai renversĂ© mon Fanta dessus au Mcdo sans faire exprĂšs. Au moins, ça a eu le mĂ©rite dâattĂ©nuer lâodeur de merde qui empestait de ce livre. Putain mais jâarrive pas Ă croire que la mĂ©diathĂšque achĂšte des livres comme ça ! Foutez-moi cette 5aria Ă la poubelle ! Sa mĂšre, lĂ . Et dites Ă lâauteur de retourner se branler sur la catĂ©gorie b******* de ses sites pronos, ça nous Ă©vitera quâil nous chie encore des conneries pareilles, sa puuuutain de graaaand-mĂšre, lĂ .
bonjour, comment vas tu? merci pour ton retour. en effet, ça ne fait pas trĂšs envie… passe un bon week end et Ă bientĂŽt!
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Bonjour, trĂšs bien et toi ? C’Ă©tait une lecture des plus merdiques haha
Merci beaucoup pour ton message, je te souhaite un excellent dimanche âïž
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