Nous revoilà dans la tête de Joe – Professeur Joe –, amoureux incompris, serial killer à ses heures perdues. J’aime bien la couv, se faire tuer sous le soleil de Californie, c’est quand même mieux que dans une cage d’un sous-sol New Yorkais, non ? Le soleil rend tout plus gai 🌞

J’étais donc plutôt curieuse de découvrir la suite des mésaventures du libraire de Bed-Stuy et j’ai été d’autant plus surprise de constater que cette suite est TOTALEMENT différente de la série Netflix. Tellement différente que je ne ressens pas le besoin de regarder la saison 2 comme ç’a été le cas à ma lecture du premier tome où je n’ai pas pu m’empêcher de me refaire la saison 1 pour pouvoir faire mes comparaisons. 

J’ai l’impression que cette suite est plus longue que le tome précédent qui ne m’avait pas ennuyé. Je ne peux pas en dire autant de celui-ci. Au milieu, j’avais un peu décroché mais on remonte très vite sur les 150 dernières pages.

Commençons par le début. On découvre Joe à New York (et non pas en Californie) se faisant entuber par Amy. Décidément, Joe n’a pas de chance avec les femmes (plutôt l’inverse en réalité). J’me méfiais d’Amy dès son apparition dans le premier tome mais là, elle a fait fort. Amy sais-tu seulement ce qui t’attend ? N’est pas bon de berner tout le monde !

C’est donc l’élément déclencheur qui va emmener notre anti-héros sur la côte ouest. J’attendais de voir comment Love et lui allaient se rencontrer dans toute cette folle quête de vengeance et une fois de plus, j’ai été étonnée de la différence avec l’adaptation. Ils se rencontrent totalement par hasard alors que dans la série, on avait l’impression que Joe avait commencé à la suivre depuis un petit bout de temps avant de l’aborder au Pantry. En fait, c’est surtout Love qui est genre, carrément une autre personne. On ne la reconnaîtrait presque pas. Elle est le cliché le plus basic de la gosse de riche mais, attention, Love n’est pas vraiment une gosse, dans le livre, elle a 35 ans. Beck en avait 24 si je me souviens bien. J’ai trouvé ça cool de mettre en scène des femmes moins jeunes. Ça va quoi, la vie ne s’arrête pas à la vingtaine (pas moi qui dit ça à l’aube de mes 27 ans. Mais comment j’en suis arrivée à cet âge-là ?! C’est ridicule.)

Cela étant dit, l’arrivée en Californie fait peu à peu perdre du rythme au récit. C’est pas qu’on s’ennuie mais un peu quand même. Y’a des temps morts, Joe parle beaucoup, nous fait part de ses réflexions et à côté, il ne se passe pas grand chose. En fait, y’a un énorme point faible dans ce deuxième tome, point faible qui était déjà un peu présent dans le premier mais que j’ai volontairement ignoré car ce n’était que le début : c’est pas un peu gros, tout ça ?

La vie est en effet un peu trop douce pour le tueur en série qu’est Joe Goldberg. Oui, y’a le fameux mugdurine. À part ça, il n’est jamais inquiété de rien. Il se sort de toutes les situations comme si de rien n’était. Mais ce n’est même pas ça le problème. Il vient à peine de débarquer en Californie qu’il vit déjà la vie de rêve. Des femmes qui adoooorent le sexe lui tombent dessus de partout, il a déjà pleins d’amis avant même d’être arrivé, est invité à des soirées branchées et sélect puis il est vite précipité dans une vie de luxe en faisant la rencontre de Love qui tombe immédiatement dans ses bras. Pourtant, Joe est censé être un homme discret mais vu comme il attire toutes les femmes à la ronde qui sont à le supplier de rester avec elles, on a de quoi s’interroger. Est-ce que c’est aussi facile que ça quand on est un homme et qu’on vient d’arriver en Californie ? Qui aurait cru qu’être un libraire bizarre et fauché était la clé du succès ? Du coup, le gros point faible, c’est que c’est pas très crédible. Or, je pense que dans les aspects les plus essentiels d’un thriller, on a la vraisemblance et le sens des détails. Il faut que le décor où se déroule l’intrigue soit solide mais ici, Joe ne passe que de coup de chance en coup de chance. J’pense pas que la vie en Californie soit aussi facile que ça, il me semble que le monde du showbizz est assez rude. Et alors, se retrouver à fréquenter la jetset juste comme ça, encore plus. Dans le tome 1, j’ai laissé passé ces détails car je pars du principe qu’une série de heureux hasards menant à une histoire extravagante peut totalement se produire. Là, je trouve que l’autrice a épuisé toutes les cartes de son protagoniste. Ça va être quoi le tome 3 ? Joe qui arrive à se sortir du pétrin encore une fois puis qui tue tout Hollywood et devient ensuite président des Etats-Unis ? Ce qu’on demande pour la suite, c’est un parcours qui soit un peu moins dans les nuages pour Joe.

Heureusement que ce dernier est un personnage plutôt intéressant à suivre car c’est vraiment lui qui retient notre attention au fil des pages. Il est trop aigrie et je trouve ça drôle. J’aime bien les gens aigris, moi, mais c’est pas le kiffe de tout le monde. Faut rentrer dans son délire et de mon côté j’ai grave apprécié les « bien joué, connard » ou encore « je t’emmerde, radio ». Voyez les quelques extraits que j’ai choisis plus bas. Il critique tout ce qui passe sur son chemin, des ratés venus à Los Angeles pour devenir célèbres aux hautes sphères et leurs manières. Il déteste les riches mais au fond, il les adore. Je trouve que l’acteur choisi pour l’interpréter dans You (pour moi, ce sera toujours Dan de Gossip Girl) a été le meilleur choix. Il l’incarne super bien. C’est lui que je vois dans ma tête quand je lis.

Et le meilleur est pour la fin car les 150 dernières pages se lisent d’une traite ! Le récit reprend du rythme

voir le spoil

à la mort de Fincher et Forty. On ne se méfiait pas forcément de Forty mais c’est très vilain de voler le taff des autres. J’en ai dédié mon di sclaimer sur ce blog exprès. C’est tellement difficile de protéger des écrits et des bonnes idées. Pauvre Joe, je comprends sa rage. Et le pire, c’est qu’il n’a pas eu besoin de tuer Forty, le destin s’en est chargé.

Je ne crois pas au karma mais ça, là, c’est du karma comme on n’en fait plus !

Je reprenais donc la fin de ma lecture avec l’envie d’en lire plus. Je valide les 150 dernières pages, j’étais à fond. Malheureusement et pour ne pas changer, j’ai été, comme d’hab, désappointée par la traduction de ce que j’imagine être “ghostwriter“ en anglais par “nè***“ en français. Genre, sérieusement ? En 2023, encore ? Ce pays est trop attaché à son racisme, mon dieu.

Dommage pour le manque de crédibilité du parcours de notre tueur. Les monde des ultras riches est un cercle fermé, ça se saurait si on pouvait tous y entrer aussi aisément que lui. C’est pour cette raison que je salue le petit cliffhanger de la fin. Enfin,

voir le spoil

Joe se fait rattraper par son passé et on clôt le tome avec lui jeté au fond d’une cellule. Je me demande comment il va s’en sortir car, oui, il va s’en sortir, j’imagine bien que l’autrice ne va pas laisser longtemps son bébé en détresse. Pour le coup, on ne peut plus compter sur l’adaptation Netflix pour présager la suite.

Dernière chose. Joe a laissé Amy en réchapper, elle qui était pourtant tout le mobile de cette histoire sur la côté ouest. Assez drôle d’ailleurs qu’il l’épargne alors que c’est concrètement la seule personne qui lui a fait du mal. Quand il retombe sur elle par hasard sur la plage, je pensais que Love allait débarquer de nulle part et que ce serait elle qui la tuerait . Mon esprit a fait un parallèle avec la série lorsque Love tue Candace à la place de Joe. Pour l’instant, elle a l’air assez saine d’esprit, en tout cas dans ce tome 2.

Allons maintenant nous dégoter le tome 3 !

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Les extraits que j’ai retenus

Chère connasse, les gens utilisent Facebook seulement pour ne pas être seuls. Va te faire foutre. Amitiés, Joe.

Los Angeles offre de nombreuses possibilités pour cacher un corps, mais quand la personne qui habite ce corps ne vous aime pas, ce n’est pas chose aisée de la faire passer de vie à trépas.
J’ai acheté à Dez une tonne de Percocet. Nous sommes à Hollywood. Les gens font tout le temps des overdoses. Mais ensuite je me suis souvenu qu’Henderson est amoureux d’elle, donc si elle perd connaissance, il va se mettre dans tous ses états et appeler une ambulance. Du coup, j’ai pris un VTC jusqu’à Home Depot, où j’ai acheté un peu de tout, de la corde, du gros Scotch, des sacs en plastique, des câbles et des gants en caoutchouc. À la caisse, la fille m’a adressé un clin d’œil en me disant qu’elle aussi était fan de Cinquante nuances de Grey. Voilà ce qu’est devenu notre société : baiser et tuer, même combat.

Je range mes portables dans la poche de mon siège, puis je fais une bombe dans la mer, comme Love. J’ouvre les yeux sous l’eau et, dans le golfe de Californie, je regarde si je ne vois pas Delilah. 
Mais c’est ridicule. Je l’ai jeté dans le Pacifique.

Si Love était au courant, connaissait l’humiliante vérité que j’aime des femmes qui ne m’aiment pas en retour, j’ignore comment je pourrais encore la regarder dans les yeux. Je ne sais pas si je pourrais continuer, parce que la véritable horreur de mon existence n’est pas d’avoir tué d’affreuses personnes. La véritable horreur, c’est de ne pas avoir été aimé par les gens que j’aimais.