La Gloire de Mon Père, Marcel Pagnol
12.5/20
Chronicle
Les romans dits « classiques » ou de grands auteurs français et moi, ça fait mille. Ils ne m’aiment pas, j’essaye pourtant, je me donne du mal mais y’a rien à y faire, ils me haïssent.
La Gloire de Mon Père a ainsi donc été une agréable surprise pour moi… du moins au début. Je ne m’attendais pas à ce que ça meeeuuhh.. plaise ? Oui, c’est bien ça. En tout cas, ce n’était pas déplaisant. J’ai bien aimé le premier tiers du livre. L’anecdote sur l’abbé Barthélemy et son fauteuil à l’Académie française m’a fait sourire. J’aime bien ce genre de petit clin d’œil de la vie.
Bon, j’ai quand même noté certaines remarques grinçantes notamment : « ce pays encore sauvage » en parlant du Brésil. Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié qu’en ce temps-là, tout ce qui était inconnu des blancs était sauvage.
Plus contrariant, on a aussi le droit à :
« Je crois que l’homme est naturellement cruel : les enfants et les sauvages en font la preuve chaque jour. »
« je la trouvais laide, parce qu’elle était jaune comme un Chinois »
Je sais qu’à cette époque, c’était très naturel, voire même séant, d’exprimer son racisme mais la « sauvage » que je suis trouve ces paroles un peu méchantes.
Ensuite, les deux derniers tiers du livre m’ont ennuyé. Retaper les meubles de chez l’apothicaire, préparer les fusils pour la chasse etc. Pour ma part, j’ai trouvé ça archi long et je n’en avais rien à foutre. C’était inintéressant à souhait. C’est les souvenirs d’enfance de l’auteur tel qu’il s’en rappelle, c’est vrai, mais il aurait pu les teaser un peu plus ou les abréger, un truc comme ça (oui, oui, je me permets de donner des conseils d’écriture à des auteurs français renommés hahaha).
Puis, en ce qui me concerne, la chasse, ce n’est pas vraiment quelque chose que je trouve admirable. Chasser pour manger, oui. Chasser pour le plaisir, je n’y vois absolument aucun intérêt, si ce n’est de la cruauté gratuite (alors, qui sont les sauvages ?)
En parlant de cruauté, Marcel et son petit frère s’en donnent à cœur joie sur les pauvres insectes qui croisent leur route. Et l’auteur qui nous sort ensuite : « ce divertissement si gracieusement enfantin. »
Bah non, pas vraiment. Oui, les enfants sont cruels mais ils ne s’amusent pas tous à tuer et brûler des insectes, jeter des pierres sur les oiseaux ou se régaler du spectacle de l’abattage d’un porc ou d’un mouton. Sans oublier l’excitation de Marcel pour la chasse. J’ai trouvé que c’était plus un comportement d’enfant dérangé que sain d’esprit. Enfin, moi, je n’ai jamais fait ça petite et je n’ai connu aucun enfant qui le faisait. Je dirais même plutôt qu’un petit a tendance à être triste quand il voit un animal mourir devant lui. Je ne suis pas assez calée en psychologie de l’enfance pour être sûre de ce que j’avance mais j’essayerais de me renseigner, c’est un sujet intéressant.
Pour conclure, la fin de l’histoire est mignonne. Ça n’enlève pas que cette lecture a été quand même ennuyeuse pour moi sur les deux tiers du livre. Je regarderai sans doute le film, je ne lirai pas la suite (pas pour l’instant en tout cas).
Les extraits que j’ai choisis
❤️❤️❤️
Mon père, qui s’appelait Joseph, était alors un jeune homme brun, de taille médiocre, sans être petit. Il avait un nez assez important, mais parfaitement droit, et fort heureusement raccourci aux deux bouts par sa moustache et ses lunettes, dont les verres ovales étaient cerclés d’un mince fil d’acier. Sa voix était grave et plaisante et ses cheveux, d’un noir bleuté, ondulaient naturellement les jours de pluie.
Il rencontra un dimanche une petite couturière brune qui s’appelait Augustine, et il la trouva si jolie qu’il l’épousa aussitôt.
Je n’ai jamais su comment ils s’étaient connus, car on ne parlait pas de ces choses-là à la maison. D’autre part, je ne leur ai jamais rien demandé à ce sujet, car je n’imaginais ni leur jeunesse ni leur enfance.
Ils étaient mon père et ma mère, de toute éternité, et pour toujours. L’âge de mon père, c’était vingt-cinq ans de plus que moi, et ça n’a jamais changé. L’âge d’Augustine, c’était le mien, parce que ma mère, c’était moi, et je pensais, dans mon enfance, que nous étions nés le même jour.
La nuit serait donc noire et terrible, peut-être la dernière de ma vie ?
Voilà où m’avaient mené ma désobéissance et la félonie de l’oncle Jules.
Alors me revint en mémoire une phrase que mon père répétait souvent, et qu’il m’avait fait copier plusieurs fois quand il me donnait des leçons d’écriture (cursive, ronde, bâtarde) : « Il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. »
Il m’en avait longuement expliqué le sens, et m’avait dit que c’était la plus belle phrase de la langue française.
Je la répétai plusieurs fois, et comme par une formule magique, je sentis que je devenais un petit homme. J’eus honte d’avoir pleuré, honte d’avoir désespéré.