C. O. V. E. Abel

C. O. V. E. Abel, Karen Lad & Evie Lee

Présentation

Nom : 853467.
Prénom : Samedi.
Caste : inférieure.
Utilité : zambo de compagnie.

Les Inaltérés possèdent tout, les zambos n’ont rien.
Je ne suis ni blanche, ni noire.
Je ne suis ni riche, ni puissante. 
Je suis une zambo.
Les choses doivent changer.
Les choses vont changer.

14/20

Chronicle

Après en avoir terminé avec Le Clan du Hameau, je n’en avais justement pas fini avec Karen Lad. Fallait que je lise autre chose, histoire de me faire une autre idée de son style. Un one-shot était le format parfait pour vivre une aventure en condensé, tout le contraire donc de ce que j’avais fait avec Élie & cie (j’avais l’impression que je le devais bien. À qui ? Je ne sais pas !)

Pour résumer, je dirais que l’histoire de Sam était satisfaisante, correcte sans plus. C’est  bizarre mais tout comme pour la première série, y’a toujours ce petit quelque chose qui manque. Pour Le Clan du Hameau, je reprocherais un manque de punch général et le fait de ne pas exploiter des idées qui auraient pourtant pu être géniales dans le récit. Pour C.O.V.E Abel, je formulerais mon reproche principal sur l’essence même de toute l’intrigue : la question raciale.

Tout d’abord, à la vue de la couverture et sans avoir lu le résumé, je m’attendais à une dystopie futuriste mais pas du tout à un roman où, à première vue, un des thèmes majeurs serait le racisme (le mixcisme ?) Un peu déçue car je voulais lire de la SF traitant de sujet plus lointain et léger que celui-ci mais pourquoi pas ? Ce n’était que les première pages donc j’attendais de découvrir. Or, on apprend ensuite que le deuxième thème qui découle du premier est l’esclavage mais pas version futuriste dans un monde post-apocalyptique. Non, ici on a le droit à la version XVIIème siècle. C’est quand même bien relou d’avoir une histoire censé se dérouler dans un futur dystopique ou l’écologie et les problèmes environnementaux sont devenus des enjeux fondamentaux suites à des catastrophes naturelles et où tout ça passe à la trappe pour nous concentrer sur une autre histoire qui renvoie totalement à la période esclavagiste du XVII/XVIIIème siècle avec les “mulâtres“, ni noirs ni blancs, qui sont esclaves de maison. Où sont passé les inquiétudes écolos ? Autant directement écrire une histoire qui se déroule dans cette vieille époque. Pourquoi inventer tout un nouveau monde autour si ce n’est même pas pour s’en servir ? Comment peut-on passer d’un extrême à l’autre de cette façon ?  D’un truc totalement futuriste à une histoire arriérée ? Je suis désolée mais l’autrice est complètement à côté de la plaque. Les premières pages m’ont beaucoup déçue. En plus, je n’avais pas envie de lire un truc comme ça du style roman historique donc je l’ai un peu pris comme une mauvaise surprise. Presque une mauvaise blague même car comme je le disais plus haut, l’essence même de l’intrigue m’a laissé…hum comment dirais-je ? Je faisais littéralement cette tête en lisant :

Je vous explique rapidement : nous sommes dans un mode ou le racisme n’existe pas mais où le “mixcisme“ existe. Par exemple, un Noir, un Blanc et un Indien non-mélangés peuvent être parfaitement amis, ils forment l’élite ensemble mais un métisse qui descend de ses trois peuples serait rejeté par tous les partis. On est quand même d’accord que ça n’a aucun sens ?? C’est juste totalement ridicule.
De plus, l’histoire se déroule dans la Seconde Nation (= l’Europe) et ce n’est que cette nation qui a instauré ce truc sur la pureté de la race. Donc admettons que les blancs de la Seconde Nation jouent le jeu; pourquoi les Maghrébins, les Aborigènes, les Asiatiques, les Arabes ou les Bantous des autres nations le joueraient aussi vu que cette discrimination n’existe pas chez eux ? Ils devraient au contraire trouver ça ridicule. Et si on va jusqu‘au bout de la logique, ces Maghrébins, Aborigènes etc. ne devraient même pas se trouver dans la Seconde Nation pour bien respecter le non-mélange des races. Comment une personne d’une race donnée pourrait apprécier la compagnie d’une autre race et détester les gens qui descendent de sa race et de la race de l’autre personne qui l’aime bien ?!? ÇA N’A AUCUN SENS.

J’ai laissé passer tout ce côté-là du récit car je souhaitais quand même connaître la suite et savoir comment l’autrice allait nous sortir de ce XVIIème siècle absurde pour quelque chose de plus moderne. Coup d’éclat : une milice mystérieuse enlève les jeunes filles de pur sang ainsi que Sam afin peut-être de réclamer une rançon. Mais pourquoi Sam ? Tout l’intérêt du livre est de savoir quel est le lien entre elle et Cove. Le comportement de ce dernier et de Karim est incompréhensible. Cove n’a même pas l’air sain d’esprit. Quel est le but de ces tests ? Que lui veulent-ils à la fin ?
Arrivée au tiers du livre, ma patience commence à atteindre ses limites. C’est chiant, c’est long, pas intéressant et le sujet est nul car comme dit plus haut, il me paraît invraisemblable. On ne comprend toujours pas ce qui se passe et perso, j’ai beaucoup de mal avec ce genre de bouquins si ce n’est pas très bien fait, ce qui n’est pas le cas ici.

On finit tout de même par avoir les réponses à nos questions (bien trop tardivement selon moi) et là, l’intrigue prend enfiiiiiiin un tournant un peu plus futuriste. Mais, encore une fois, c’est un échec.
Construire des cyborgs qui valent des milliards pour créer des militaires améliorés, oui. Construire des cyborgs qui valent des milliards pour des tournois de parieurs, non. Heureusement, la seconde option est rapidement oubliée.

Après ça, l’histoire prend un virage plus serré sur tout ce qui est clonage et eugénisme. J’avais genre complètement l’impression d’être dans Orphan Black ! Je suis même allée vérifier qui d’entre la série télévisée ou le roman est sorti en premier et c’est bien la série télévisée mais seulement de quelques mois donc ouf, il ne peut pas avoir eu de copiage 😅

Puis le sujet des manipulations transgéniques défaillantes, ce n’est pas non plus très inédit. En revanche, le fait que ça dérape aux mains de l’armée et qu’on cherche une solution pour faire en sorte que les clones ne meurent pas coïncidait pas mal avec la série (qui est d’ailleurs dispo sur Netflix pour ceux que ça intéresse). C’était intéressant mais le problème, c’est qu’un sujet aussi gros se traite sur plusieurs saisons, d’où Orphan Black. Ici, le noeud de l’intrigue sur une organisation secrète qui fait du transgénisme n’est pas assez complexe et l’histoire se résout bien trop vite. C’est vrai que c’est assez difficile de faire plus détaillé en un seul livre mais dans ce cas là, autant ne pas traiter le sujet car ça donne une impression d’irréel total.

D’ailleurs, comment

voir le spoil Alfred Moon, le père de Cove, a su que l’équipe de ce dernier allait infiltrer le building de Clembar Industries et donc qu’il fallait mettre les papiers conduisant au guet-apens dans le bureau du père de Zélia ? À moins que j’ai raté ou oublié quelque chose (ce qui est fort probable étant donné que j’écris cette chronique cinq semaines après avoir fini le bouquin), ça m’a tout l’air d’une incohérence.
Enfin, l’entrée fortuite du personnage de Voltaire, hackeur à ses heures perdues, pour infiltrer les réseaux informatiques de l’ennemi tombe à pic pour la petite équipe. C’est bien arrangeant…un peu trop, je dirais. Ça constitue même une deuxième incohérence car s’il ne suffisait que de ça, il aurait pu hacker les systèmes ennemis il y a bien longtemps et cette histoire n’aurait plus de raison d’être.

J’ai beaucoup parlé des défauts mais en vrai, ça vaaaa. Je suis contente pour la fin, je pense que c’est une bonne histoire. L’autrice a essayé d’être inventive et c’est bien ! Mais à l’instar du Clan du Hameau, y’a un côté vieillot tellement présent que ça bouffe mon ressenti général, le plus gros souci étant pour moi tout le sujet du racisme tourné uniquement à l’encontre des personnes métissées qui ne fait strictement aucun sens.

Ça m’a toutefois fait plaisir de retrouver le style de l’autrice. Élie et Sam ne se ressemblent pas mais c’est des héroïnes construites sur le même modèle qui rencontrent chacune des obstacles différents mais dans le même genre. D’ailleurs, j’ai bien aimé le petit clin d’oeil au Clan du Hameau au détour d’une page, ça me fait toujours plaisir les petits crossover du genre.
L’épilogue où tout le monde se retrouve et font des blagounettes, c’est aussi du Karen Lad tout craché. J’ai apprécié  le moment. On est content pour Sam et Abel, qui, on l’espère, fileront le parfait amour. Et à bas les racistes et les riches (oui, c’est ma conclusion de la fin) !! 


Les extraits que j’ai choisis

7 ans
— Je voudrais jouer à la poupée.
— Pardon ? Qu’as-tu dit ?
— Je voudrais jouer à la poupée.
— Tu n’as pas le droit de me parler sur ce ton. Tu n’as pas le droit de demander à jouer à quoi que ce soit.
— Pourquoi ? C’est toujours toi qui décides.
— C’est normal. Moi, je suis une Inaltérée. Toi, tu n’es qu’une zambo. Tu obéis.
— Je veux décider.
— Tu ne peux pas.
— Pourquoi ? s’entêta la première.
— Parce que mère a dit que tu n’en avais pas le droit. Veux-tu que je l’appelle pour qu’elle t’explique ?
La petite fille brune se figea.
— Non.
— Bien. Qui commande alors ?
— C’est toi.
— Moi qui ?
— Toi, Ève.
— Ève qui ?
— Ève Aaron.
La jolie petite blonde leva un sourcil mécontent, et l’autre enfant rajouta.
— L’Accompagnée. L’Inaltérée de classe 1.
La blondinette hocha la tête d’un air satisfait.
— Allez, conclut-elle d’un ton royal. Je veux bien jouer à la poupée avec toi. Je prends celle-là. Je serais la princesse. Et toi…
Elle fouilla énergiquement dans le coffre à jouets avant de lancer une petite girafe en peluche à la brunette.
— Toi, tu feras mon esclave. 

— Assieds-toi.
Tourne-toi. Entre. Assieds-toi. Saute sur un pied.
L’impératif était le seul temps que connaissaient mes interlocuteurs.
À contrecœur, je me laissai tomber sur la première chaise que je trouvai. Il posa les fesses sur son bureau, en croisant les bras.
— Je ne sais pas exactement pourquoi Karim a tenu à te prendre avec nous, attaqua-t-il. Tu n’as aucune…
Il hésita sur le terme à employer.
— Valeur ? laissai-je échapper d’une voix morne.
Il leva un sourcil courroucé.
— Sache que tu n’es pas là pour servir de putain à qui que ce soit. Les femmes ne m’intéressent pas, et il en est de même pour mes hommes. Karim n’en fait parfois qu’à sa tête et je le regrette. Il il va falloir te trouver une occupation. Je ne peux pas nourrir des gens à ne rien faire. Quel était ton précédent emploi ?
— J’étais zambo de compagnie.
Il leva les yeux au ciel.
— Un zambo de compagnie ? Seigneur, que vais-je faire de ça ?

Je ne savais pas.
Ce que je savais par contre, c’était ce que j’allais faire.
J’allai attendre et comprendre. Trouver la faille, et me sortir de là. Cela me prendrait du temps, mais du temps, j’en avais à revendre, et ma patience était infinie.
Que ressentais-je maintenant ?
Je laissai ma peur s’écouler, je vidais mon esprit. Je n’étais plus effrayée.
J’étais déterminée.

Le Sentier + 4 heures 15.
La douleur devenait intenable.
Je jetai un regard las autour de moi. Ces arbres, ces fougères qui m’avaient paru si beaux il y a à peine quelques heures, je ne pouvais plus les voir. Cela n’en finirait-il donc jamais ?
Avance au lieu de geindre. C’est ta liberté qui se trouve au bout du chemin. Tu as mal ? Tu es fatiguée ? La belle affaire. La nuit ne va pas tarder à tomber. Tu te reposeras tout ton saoul, alors arrête un peu tes jérémiades.
Je fermai les poings, puisai dans mes réserves, et essayai de contrôler mon souffle de plus en plus erratique.
Avancer. Je devais avancer.

— Je dois rentrer.
— Sam. Ne fuis pas.
— Je ne fuis pas, mentis-je.
— Oh que si. Ose dire que je ne te plais pas.
— Je ne vois pas…
— Tu vois très bien, au contraire. Tu sais parfaitement de quoi je parle.
— Je…
— Promets-moi de ne pas t’enfuir à toutes jambes.
— Pourquoi m’enfuirai-je ? demandai-je d’une voix tremblante. Je m’étais maîtrisée des années durant, et là, j’étais incapable de parler normalement.
— Parce que tu as peur de moi.
— Je n’ai pas peur de toi, murmurai-je.
— Alors, disons que tu as peur de l’inconnu.
Il me fixait comme si ses prunelles marrons étaient capables de voir en-dessous de ma peau.
— Promets, répéta-t-il.
— J’essaierai, soufflai-je, vaincue.
— Ça me va.

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