La Guerre de la Couronne, tome 3, Michael A. Stackpole
Présentation
UN JEUNE VOLEUR DESTINÉ À SAUVER LE MONDE… OU À LE PRÉCIPITER DANS SA CHUTE.
Une effroyable nouvelle sème la discorde dans le Conseil des Rois : Will Norrington, l’orphelin qui devait mettre un terme à la tyrannie de Chytrine, manque à l’appel. Tandis que tous s’interrogent sur la succession du jeune homme, l’impératrice profite de cette diversion pour avancer à grand pas vers la victoire. Mais les fidèles compagnons de Will sont prêts à poursuivre la lutte. Alors qu’ils mettent au point leur plan de bataille, une retentissante trahison menace de bouleverser le cours des événements…
14.5/20
Chronicle
C’est avec beaucoup de flemme, je dois bien l’avouer, que je m’attaquais au dernier volet de cette trilogie. Je ne voulais pas rester un mois dessus, j’ai une PAL assez chargée comme ça pour ce mois de décembre 2020 donc je me suis donnée une semaine pour le finir. 770 pages environ pour sept jours, ça me paraissait raisonnable.
Ainsi, comme pour le tome 2, j’ai été agréablement surprise par cette suite. Le prologue envoie dès le début ! Je crois bien que j’ai enchainé les cent premières pages en trente minutes chrono. J’ai adoré le début du livre. Ça partait carrément sur un 20 là, j’en étais la première étonnée ! Il y a notamment tous les chapitres centrés sur Kerrigan qui étaient particulièrement intéressants. Les réflexions sur la magick étaient captivantes. Je pense que l’auteur a dû beaucoup réfléchir pour écrire ces passages. Je les ai trouvés très travaillés et l’univers de la magick est maîtrisé et exploré dans tous ses détails. En plus de cela, on a eu directement le droit à la révélation de pleins de mystères notamment concernant les dragons et les oromises, l’origine de la magie, l’origine de Chrytrine et le sens de toute cette guerre de la couronne. En parallèle du fil principal sur Kerrigan, il y avait le fil sur Alyx qui m’a paru moins attrayant car axé sur les enjeux politiques et militaires mais ce n’est pas ça qui m’a déplu. Au contraire, j’ai même bien aimé ces parties plus pragmatiques du livre et j’en suis encore une fois la première étonnée. Ça permettait d’avoir une bonne vision de la Grande Croisade qui se profilait et de jauger les forces et les chances de chaque camp de l’emporter. Ce que je n’ai pas aimé avec le fil sur Alyx, c’est toute l’histoire d’amour avec Corbeau. Je ne lui ai pas vraiment trouvé d’intérêt. Il y a même une scène un peu chaude entre eux deux qui m’a dépassé, je ne m’y attendais pas du tout vu le contexte du livre haha. N’empêche, le début du bouquin reste un sans-faute pour moi, un 20/20 👏🏼
Au bout de la trois centaines de pages, mon enthousiasme commence à faiblir un peu. Si toute la partie sur la politique m’a beaucoup intéressé au début, tous les chapitres qui arrivent après m’ont démotivé. Ça ne fait que tourner en rond. On retombe dans le même problème que pour les tomes précédents, c’est dommage. C’est trop politique et c’est trop chiant en fait. Dans la quatre centaine, on a un retour au combat mais ça reste toujours aussi chiant. La note de 20 initial chuuuute. La description des combats est tout sauf vivante. Les termes employés sont trop spécifiques. Pour vous dire, j’arrive à la fin de cette trilogie et je ne sais toujours pas quelle est la différence entre une infanterie, une cavalerie, un régiment, une légion, une troupe et un bataillon. Sans compter les lourdes, les légères, les portées etc. Puis, bon, je pense qu’en vrai on s’en fout. Je me contentais juste de lire même si je n’avais pas la moindre idée de ce que ces termes signifiaient. C’est une armée quoi, point barre.
A partir de la cinq centaine, je commençais petit à petit à retrouver de l’appétence pour l’histoire. J’avais hâte notamment de découvrir comment Will allait faire son grand come-back. Le souci, c’est que je n’ai toujours pas compris jusqu’à maintenant comment
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il atterrit à Vorquellyn. Les explications de l’auteur sont trop légères en ce qui concerne son retour. Pourquoi il atterrit là-bas ? Qui l’a transformé en pierre ? Comment a-t-il survécu ? Est-il même bien vivant sous cette enveloppe de pierre ?Arrivée à la six centaine, ça devient beaucoup trop long. Je n’avais plus qu’une hâte : finir le livre ! Je reste néanmoins concentrée sur l’histoire. Un peu trop d’ailleurs car comme pour le cas de Will quelques lignes plus haut, je trouve les explications de l’auteur trop légères sur certains points du dénouement. Par exemple, je ne suis pas du tout convaincu par
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la mort de Nefrai-Kesh. Trop facile.De même, je n’ai pas bien réussi à suivre l’incise sur les masques de sang. Je pensais que c’était le roi Scrainwood qui les avait engagés mais en fait, c’est les mages de Vilwan ????
Il y a également toute l’affaire avec les Hawkins/Norrington : donc, c’est une seule et même famille ????
Je crois que je n’ai rien compris. Il y a trop de pages, c’est trop long, arrivée à la sept centaine, j’avais déjà oublié les 600 premières ! Je ne me rappelais plus qui était le frère de qui, qui était de la même famille que qui !
Toutefois, on a le droit à un assez bon dénouement. J’ai surtout adoré la fin de Résolu. Le rituel pour se lier à Vorquellyn et tout le symbolisme sur les yeux des elfes étaient très philosophiques. J’ai également apprécié qu’on revienne à la prophétie Norrington histoire de boucler la boucle et de rappeler que le départ de cette trilogie, c’est bien Will. Je suis quand même
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triste pour lui. J’aurais voulu qu’il renaisse de ses cendres mais le fait qu’il revienne en homme de pierre indestructible veillant sur la paixest tout compte fait une très bonne idée. Ça le rend même éternel et je sais qu’on chantera la légende de Will l’Agile jusqu’à la fin des temps.
C’est une fantasy satisfaisante mais c’est tellement dommage qu’elle soit totalement plombée par le côté militaire/politique/stratégique qui est ASSOMANT. L’auteur aurait pu organiser son univers en prenant la magick comme majeur, ça aurait été plus pertinent, je pense. En tout cas, les 200 premières pages de ce dernier tome étaient top ! Il aurait fallu continuer comme ça en dosant plus modérément les aspects politique et militaire. Je ne regrette toutefois pas de l’avoir lu. D’abord parce que cette trilo était dans la liste de mes envies depuis presque dix ans et que je ne peux pas m’empêcher d’aimer ce genre de classic fantasy. Je pense à Force qui doit être en train de sillonner les terres du Nord à la quête de quelques baragouineurs à se mettre sous la dent. Il est loin le petit voleur des Fondombres ! Il voulait devenir une légende. Il même devenu plus que cela : il sera un mythe pour les générations futures. Adieu Willburforce !
Les extraits que j’ai retenus

L’imposant forgeron secoua la tête et abattit une main sur l’épaule de Corbeau, ce qui le fit chanceler.
— Je n’ai versé aucune larme pour toi. Je n’ai jamais cru au suicide. Quand on a commencé à chanter les histoires sur Corbeau, j’entrevoyais la vérité. Je te le répète, tu es vraiment quelqu’un d’important.
— Mais ce qu’il y a de plus important, c’est de passer du temps avec ses amis. (Corbeau esquissa un sourire.) Reste là. Pour le dîner, au moins. Scrainwood occupe le domaine de Sourcen, il t’est donc impossible d’y aller.
Rounce sourit.
— Il marque un point, Nay.
— Tu as toujours été le plus malin, Hawkins. (Nay serra la main sur l’épaule de Corbeau et sourit.) On va rester. Ma femme m’étripera et me traitera de malappris, sinon.
— Bien, très bien. (Corbeau afficha un plus large sourire.) On sera tous réunis. Ce sera une longue nuit, mais, comme je la passerai avec mes amis, elle sera loin d’être assez longue.

— La princesse Neyra a été témoin de l’anéantissement de son pays, du massacre de sa famille, de la destruction de nombreuses cités et du pillage des campagnes par un envahisseur implacable. Chytrine n’espère rien de moins que conquérir le monde ! Pourquoi ? Ça n’a aucune espèce d’importance. Il sera impossible de tenter la moindre négociation avec elle, malgré ce que vous semblez penser du roi Scrainwood. Si elle atteint son objectif, non seulement les jalousies mesquines et les rivalités insignifiantes n’auront plus lieu d’être, mais elles auront été à l’origine de sa victoire.
» Les troupes de Chrytrine son impitoyables, féroces et brutales. Mais elles sont loin d’être invincibles. Nous pouvons les arrêter. Nous les chasserons du Muroso. Nous les repousserons hors de la Sebcia. Nous les anéantirons, leurs chefs et elles.
Elle secoua la tête.
— Il ne s’agit pas d’une bataille entre gentilshommes. C’est la guerre. Chytrine ne fait pas de quartier. Elle a exterminé les enfants de Vilwan – vos enfants. La boucherie qui s’est produite en Sebcia et au Muroso défie toute description. Elle a fait voler en éclats la plus puissante des forteresses du Nord, et aucune autre n’a été en mesure de résister. Si vous croyez qu’il s’agit pour vous de l’occasion d’obtenir la gloire, vous mourrez bêtement. Vous enfants trépasseront en hurlant. Est-ce réellement ce que vous voulez ? Est-ce là ce qu’un seul d’entre vous souhaite vraiment ?

— Six personnes contre un empire…
— Sept, si l’on compte Will.
— C’est vrai. (Kerrigan baissa d’un ton.) On sera bien sept, hein ?
Le Vorquelfe tendit la main et lui assena une tape sur l’épaule.
— C’est le seul ordre que je donnerai à ceux qui composent mon petit bataillon : de ne pas mourir.
— Si jamais on désobéit à cette injonction, vous nous tuerez ?
— Pire : je vous ramènerai à la vie !
Kerrigan fronça les sourcils.
— Si vous recommencez à vous faire discret, est-ce que votre sens de l’humour disparaîtra, lui aussi ?
— Je ne plaisantais pas.
— Bon, eh bien, je crois que je vous ai tout dit, à présent.
Résolu éclata de rire, et il découvrit que cela ne lui déplaisait pas, même si ce son lui semblait particulièrement incongru dans sa propre bouche.
— Nous ferons ce qu’il faut, Kerrigan. Nous formons sans doute la plus petite armée de cette guerre, mais notre mission est primordiale. Il nous est impossible d’échouer, alors nous réussirons. Tous ceux qui s’interposeront entre notre objectif et nous découvriront que je peux vraiment manquer d’humour, par moments, et que ça ne me dérange aucunement de le prouver.

❤️❤️❤️
— Tu crois que tu pourras trouver un autre endroit pour te connecter avec les yrûn ?
Phfas haussa les épaules.
— Ça n’a aucune importance. Ce n’est plus la guerre des yrûn. Et ce n’est pas non plus celle des Zhusks.
— Alors pourquoi es-tu venu ?
Le chaman pencha la tête en arrière et éclata d’un rire aigu.
— Serais-tu comme les autres, cher neveu ?
Adrogans poussa un grognement.
— Cesse de t’exprimer par énigmes.
— Réfléchis bien, c’est loin d’être un casse-tête.
Adrogans passa sa main sur son visage sale et fatigué. Les Zhusks étaient un peuple aborigène qui vivait sur le plateau zhusk, près de la frontière qui séparait l’Okrannel de la Jerana. Ils ne reconnaissaient aucun maître, ne rendaient hommage à personne, et, sur leurs terres, ils pouvaient se révéler de redoutables combattants. C’était du moins ce qu’Adrogans supposait, car il était lui-même à demi zhusk, et cela faisait si longtemps qu’il combattait les Aurolanis que Phfas et les autres s’étaient joints à lui par simple loyauté envers lui. Leur région n’étant plus menacée`, il se demandait s’ils voudraient rentrer chez eux.
— Même en y réfléchissant, ça reste un casse-tête.
Phfas secoua la tête, puis il posa la main gauche sur le genou d’Adrogans.
— Même toi, tu as cessé de considérer les Zhusks comme des hommes. Cette guerre concerne tous les hommes. Les Zhusks n’apprécient pas les autres humains. Nous les considérons comme nos ennemis, mais ils n’en demeurent pas moins des hommes. Si nous laissons notre famille au mains des Aurolanis, nous cessons d’en être.
Adrogans laissa tomber sa main droite sur celle de Phfas.
— Je te demande pardon, mon oncle. Tu as raison. J’avais cessé de vous considérer comme des hommes.
— C’est assez fréquent…chez les hommes. (Le chaman désigna du doigt la longue colonne de soldats qui peinait dans la vallée.) Ils sont tous loin de chez eux. Aucun d’eux ne possède d’yrûn. S’ils continuent, nous suivons.

Le matin suivant, les Brumes Grises firent à leurs compatriotes des adieux émouvants, puis ils hissèrent sur leurs épaules les paquetages qu’ils avaient sortis des cales du navire. Les plaisanteries se mirent à fuser sur le nom de leur groupe. La moitié d’entre eux voulait qu’il prenne celui de « Légion de Norrington ».
L’autre appellation qui revenait le plus souvent était celle de « Légion du Désespoir ».
Résolu préférait la seconde, mais il l’avait écartée. Après avoir observé la bande disparate de brigands, de meurtriers, de politicards et d’innocents, il secoua la tête.
— En fait, nous formons la Première Légion. La première qui affrontera Chytrine, la première qui rentrera chez elle. Avançons et faisons de notre mieux pour ne pas être aussi la Dernière Légion.

— Bien. Tu te rappelles le jour où Orla t’as demandé de rester avec Corbeau et moi ?
Le souvenir de son mentor, étendu dans la cabine d’un navire, lui revint. Au même moment, une boule naquit dans sa gorge. Il hocha la tête.
— C’était pour que tu sois prêt aujourd’hui. Si jamais tu devais conduire seul nos forces vers le Nord, tu en serais capable, j’en suis persuadé. En plus, je suis sûr que tu en es toi-même convaincu.
Kerrigan marqua un temps d’hésitation, puis il ferma les yeux et réfléchit un moment. Lorsqu’il avait quitté Vilwan pour la première fois, il n’aurait pas pu accomplir tout ce qu’il avait entrepris depuis que Bok l’avait enlevé et avait commencé à lui enseigner les véritables voies du pouvoir. Même la terrible marche qu’ils avaient entamée six jours auparavant aurait été au-delà de ses capacités ; pas simplement physiquement : mentalement et émotionnellement, aussi. Il aurait fait partie des premiers que l’on avait renvoyés dans le Sud.
À présent, les paroles de Résolu le touchaient. Il ressentait encore de la peur, mais aussi une irrésistible envie d’aller de l’avant. Quand j’ai quitté Vilwan, j’étais au centre de mon propre univers. Le monde se limitait à ce que j’étais capable de faire et à ce que je croyais être capable de faire. A présent, il est bien plus vaste. Et il me lance sans cesse des défis, que je relève.
Kerrigan donna une tape sur l’épaule du Vorquelfe.
— Au nord jusqu’à Vorquellyn, on récupère Will, encore au nord, et on s’occupe de la sorcière. On vous laissera des indications de notre passage, pour que vous ne vous perdiez pas.
Résolu lui sourit, et Kerrigan trouva tout cela bien moins difficile que par le passé.
— Bien. Allons tuer quelques Aurolanis, et, pendant qu’on y est, tâchons de mettre quelque peu le monde à l’abri de sa destruction.

— Est-ce que, dans le Sud, les gens sont heureux parce qu’ils connaissent l’amour ?
La Murosane esquissa un sourire et leva la main pour caresser la joue d’Isaura.
— Oh, l’amour peut vous faire rire, et il peut également vous faire pleurer, vous mettre en colère, vous rendre folle de joie, vous calmer ou vous exciter, vous rendre sérieuse ou joyeuse. Il peut vous faire faire n’importe quoi !
— Est-ce que tout le monde, dans le Sud, connaît l’amour ?
— Non, Isaura, ce n’est pas le cas. (Sayce prit une voix plus douce.) Mais tout le monde y aspire. On écrit des chansons, des poèmes, des pièces de théâtre et des histoires dont le sujet principal est l’amour. On développe d’ingénieux stratagèmes pour attirer l’attention de quelqu’un que l’on apprécie. On organise des fêtes, des cérémonies et des vacances pour passer du temps avec ce que l’on aime. Mais, plus important, une fois que l’on a trouvé l’être exceptionnel que l’on espère, on veut passer sa vie entière avec lui. On s’imagine un avenir peuplé de bébés est débordant d’amour.
Isaura serra les lèvres l’une contre l’autre. Une larme se forma au coin de son œil gauche et laissa une trace sur sa joue.
— Oh, Isaura, que se passe-t-il ?
La fille de Chytrine déglutit avec peine.
— J’aime ma mère. J’aime l’Aurolan. Mais personne ne m’aime.
— Quelqu’un vous aimera, Isaura, j’en suis certaine.
— J’en suis sûre, moi aussi. Et ce quelqu’un, j’en suis persuadée, habite dans le Sud. Il est temps, Sayce, que, toi et moi, nous partions à sa recherche.


