Origines

Rebecca Kean, tome 6, Cassandra O’Donnell

Présentation

Un coup de fil en pleine nuit augure rarement d’une bonne nouvelle. Quand c’est pour apprendre qu’un petit rigolo a décidé de faire mumuse avec un sort interdit depuis des lustres, je commence à perdre mon sens de l’humour. Et si, en plus, cette démonstration vise à éliminer un à un les chefs de clan officiant sur mon territoire, autant vous dire que je vois carrément rouge !
Avec tout cela, on voudrait que j’exerce avec un peu plus de sérieux mon rôle de reine des Vikaris. Pas de doute, les congés payés, c’est pas pour demain…

14/20

Chronicle

Quelle n’a pas été ma désagréable surprise quand je me suis rendu compte que la série retombait dans tous les travers que je lui reprochais au début. Les deux derniers tomes que j’ai lus, les 4 et 5, m’avaient pourtant réconcilié avec notre héroïne que je trouvais beaucoup plus naturelle et largement moins chiante que ce qu’elle a pu être dans les premiers livres de la série.
Ici et c’est bien dommage après la super amélioration que j’avais constaté sur le traitement du personnage, Rebecca redevient un cliché d’elle-même au sadisme plus que sur-joué, qui, à défaut d’apporter de l’humour, rend les passages ridicules si ce n’est exaspérants. 

Déjà, pourquoi elle frappe les gens en interrogatoire ? J’étais excédée alors qu’on en était qu’à la première page du chapitre 2. Et le fait que ce soient des créatures surnaturelles et non des humains n’y changent rien pour moi. Je suis absolument contre la représentation de n’importe quelle forme de torture qu’elle soit réelle ou imaginaire. Pourquoi les représentants de l’ordre aussi bien dans la vraie vie que dans des livres doivent toujours être des gros bouffons qui se croient tout permis ? Quand j’y pense, elle devait peut-être aussi torturer des gens dans les tomes juste avant mais je ne sais pas, elle m’avait semblé beaucoup plus second degré que ce qu’elle nous a donné à voir dans cette suite.
Voilà donc que notre chère reine-sorcière nous rejoue les cowgirls du Vermont à coup de “je n’ai aucun sentiment, je suis une Vikaris gna gna“ roohhhh mais ta gueuuuuuuuuule !!!

Comme illustration, je vais seulement vous partager le passage ci-dessous que j’ai trouvé un peu lunaire. Mais quel est l’objectif de l’autrice à part rendre Rebecca complètement antipathique ? Son sadisme n’est pas drôle, il fait même pitié. Elle est dérangée et ne se remet aucunement en question. Cette femme, qui vient de perdre son mari (indirectement par la faute de Rebecca) a le droit d’être triste et en colère. Elle est en deuil tout simplement. 

« — Je préfère être très claire, Isabelle, si vous avez dans la tête de vous en prendre à moi une fois que tout sera fini, vous mourrez. Vous mourrez et vos enfants n’auront plus personne pour les câliner, les nourrir, leur raconter de belles histoires le soir avant de s’endormir. Vous mourrez en les laissant seuls et meurtris. Vous mourrez en ayant brisé leur innocence et leur vie. C’est aussi simple que ça.
Elle plongea ses yeux dans les miens et sut que je n’éprouvais aucune compassion pour elle ou pour ses enfants, que dans ma tête n’existait aucune notion du bien ou du mal mais seulement le désir de survivre et que l’idée d’épargner une jeune veuve en proie à la souffrance ne m’effleurerait probablement pas. En tout cas, pas si elle avait la folie d’en arriver là.
— Aussi simple, vraiment ?
— Aussi simple, oui, répondis-je d’une voix atone.
— Vous êtes un monstre.
Non, je n’étais pas un monstre, mais je n’en étais pas très loin. Que voulez-vous que je vous dise ? Parfois l’ignorance est mère de sérénité. »

Le niveau de méchanceté est totalement déplacé et le fait qu’elle soit intouchable et qu’elle puisse tuer tout le monde sans jamais être inquiétée me saoule à un point. Elle est l’Assayim du Vermont, cela veut dire qu’elle est la protectrice du monde surnaturel de cet État mais qui protège le monde surnaturel d’elle ? Elle est tellement forte et puissante qu’elle n’a personne pour lui tenir tête du coup, pourquoi je lis ça en fait ?! Le personnage n’a aucun obstacle à affronter, c’est juste tellement lisse.
J’vais pas développer plus car j’en parlais déjà beaucoup dans mes premières chroniques mais ça devient trop emmerdant, en fait. Je n’ai rien contre les perso sadiques tant qu’ils jouent leurs rôles jusqu’au bout. Or, ce qui m’agace avec la série Rebecca Kean, c’est que l’autrice fait tenir une position hypocrite à Rebecca car elle est perfide et malveillante mais, comme c’est le personnage principal de l’univers, elle la fait passer pour l’héroïne qui sauve et qui doit être sauvée en même temps. Le passage ci-dessus illustre bien ce que je dis car elle s’auto-dédouane de tuer cette mère, premièrement en disant qu’elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même et surtout, en affirmant qu’elle n’a pas la notion de bien et de mal (par ailleurs, c’est un non-sens qu’elle dise cela alors qu’elle est à la fois la voix et l’exécutrice de la justice dans son État. Comment fait-on la justice si on n’a pas ces notions basiques ? Elle nous donne juste la preuve de son incompétence dans le poste qu’elle occupe) et qu’elle la tuerait pour sa propre survie, ce qui est absolument faux. L’humour peut aider à faire passer ce côté incohérent du personnage pour les lecteurs, seulement ici, c’est raté, cela ne suffit pas, au contraire ça en rajoute une couche bien reloue.

Même la folie sadique des vieilles femmes de son peuple (à propos, pourquoi la moyenne d’âge des Vikaris est genre 80 ans et Rebecca est la seule jeune de sa communauté ? C’est ce qu’a trouvé l’autrice pour empêcher de mettre son personnage principal en rivalité avec une ses pairs si elle avait été aussi jeune, jolie et puissante qu’elle ?) n’est plus aussi drôle qu’il ne l’a été. J’ai trouvé de flagrantes contradictions entre ce que les Vikaris sont censées protéger et leurs paroles méprisantes vis-à-vis des humains. En effet, si j’ai bien compris, leur déesse Akhmaleone est la déesse de la vie et leur mission est donc de protéger farouchement la vie contre les démons et les vampires. On est donc d’accord que les humains sont ceux-là mêmes que ces sorcières sont censées défendre contre le mal. Or, quand la grand-mère de Rebecca dit qu’il n’y a « pas de quoi faire un fromage » si elle tue quelques humains par-ci par-là, on voit bien que les Vikaris sont en totale contradiction avec ce qu’elles sont censées être au départ. Elles ne respectent visiblement pas la vie. D’ailleurs, elles ne respectent la vie d’aucune espèce, pas même de la leur vu qu’elles s’entretuent aussi entre elles. Quand elles tuent des vampires et des démons, c’est-à-dire des entités qui n’ont pas de vie et qui au contraire l’annihilent, je comprends alors parfaitement qu’ils soient des ennemis naturels, mais quand elles prennent la vie qui coulent dans les veines des autres êtres, elles ne sont pas mieux que leurs ennemis. Leur mépris de la vie et leur sadisme démesuré n’a même pas de fond. Toutefois, je trouve que la présence des Vikaris dans la série reste une bonne touche de divertissement et j’aime bien qu’elles soient là pour assister Rebecca.

Concernant les amours, eh bien on a eu, une fois de plus, le droit à un combat entre l’ancestral Ali et le millénaire Raphael pour l’amour de la belle donzelle… Au vu des circonstances et des tensions politiques qui se jouent actuellement dans leurs partis, ils n’avaient pas d’autres chats à fouetter que de se bagarrer pour ça, sérieux ? À leurs grands âges en plus, la honte.
Et ce n’est pas que la daronne qui a plusieurs prétendants, la fille aussi. Je pense qu’elle finira plutôt avec Ariel, non ? D’ailleurs, ce dernier qui est UN Ombre m’a fait me rappeler quelque saga de fantasy qu’a peut-être dû lire aussi Cassandra pour décider de mettre le nom au masculin.

A part ça, je dirais que ce tome est satisfaisant mais il est quand même en dessous de ce que j’ai pu lire jusqu’à présent. L’intrigue est intéressante mais elle a pris moins de place au profit de la vie personnelle de Rebecca, et c’est la première fois qu’on a une intrigue non terminée à la fin d’un tome donc je suppose que l’histoire avec les opperstes va continuer sur le prochain. [A préciser tout de même que ce tome est assez court comparé aux précédents. L’autrice cherche-t-elle à accourcir ? En plus de ça, y’avait pleins de typos dans le texte, chose que je ne me souviens pas avoir vu dans les autres. Ç’a été baclé ou quoi ?] Cela me fait dire qu’on approche doucement de la fin de la série et honnêtement, je pense que c’est bien de commencer à l’amorcer. 

J’ai aussi aimé en découvrir plus sur ses origines avec l’introduction de son père dans l’histoire ce qui peut nous faire croire qu’on aura le droit à plus d’informations concernant la bête qui habite notre héroïne. En revanche, même si le mystère s’éclaircit un peu plus autour de Raphael, on ne sait toujours pas grand-chose sur lui. C’est comme ce rêve de la femme lumineuse à qui il promet de donner son cœur mais sans qu’on n’en sache plus sur le pourquoi, le comment ? Faut lui sortir les vers du cul pour enfin obtenir nos réponses ou quoi ? Ça commence à s’impatienter, de ce côté. En tout cas, l’amour de Rebecca semble, après six longs tomes, enfiiiiiiiiiiiiiin tranché pour Raphael. Donc, ça y est, bientôt la fin ? Je me demande bien si le septième opus sera le dernier mais j’veux pas me faire spoiler donc let’s see quand je le lirai l’année prochaine (eh oui, au rythme auquel je vais, ce sera sûrement pour 2023 🤦🏼‍♀️)


Les extraits que j’ai choisis

— Je suis Reine, ma vie ne m’appartient plus. Du moins, plus complètement.  
— Je comprends mais je ne suis une menace ni pour ton peuple ni pour toi, Rebecca, je t’en donne ma parole…
Je pris une ou deux secondes de réflexion. La parole d’honneur d’un homme comme Raphaël n’était pas à prendre à la légère mais cela ne me suffisait pas. Plus maintenant. 
— Rebecca, ta maîtresse, a très envie de te croire. Mais Morgane, la souveraine des Vikaris, exige des garanties que la vérité seule peut apporter.  
— Alors on en est là ? remarqua-t-il gravement. 
Je sentis mon cœur se serrer. J’aimais Raphael, je l’aimais réellement. Je comprenais ce que sa longue existence lui avait coûté et ce qu’elle lui coûtait encore. Toutes ces années à ne rien ressentir, ne rien éprouver, toutes ces années de souffrance et de solitude… et pourtant, pas une fois, pas une seule fois, il n’avait abusé de son incroyable puissance, ni déversé son mal-être sur des gens innocents… et maintenant que je commençais à peine à entrevoir à qui j’avais réellement affaire, je réalisais qu’il n’y avait aucune mesquinerie en lui, aucune bassesse. Il aurait pu, je ne sais pas, avoir le cœur et l’âme corrompus, être dévoré par l’ambition et mettre ce monde à feu et à sang. Au lieu de ça, il s’était contenté de protéger son peuple sans jamais chercher à l’asservir. A nous asservir. Et pour ça, je le respectais. Je le respectais et je l’admirais.
— On en est là. 
— Quelle tête de mule tu fais mon amour…, soupira-t-il.
— Je pourrais te retourner le compliment, répliquai-je en souriant avant de redresser mes défenses mentales et de regagner précipitamment ma voiture sur le parking.

— Même si elle est secouée par la nouvelle et qu’elle est effrayée, poursuivis-je, je risque d’avoir quelques difficultés à la convaincre de venir nous rejoindre.
— Pourquoi ? demanda Malina d’un ton surpris.
— Pour une raison étrange, les Vikaris ont très mauvaise réputation au sein des autres clans, y compris chez nos anciens alliés, dis-je non sans humour. Ils prétendent qu’on est sadiques, dangereuses, terrifiantes et imprévisibles.
— Et en quoi c’est un problème ? demanda Grand-mère.
Ouais, on se le demande…
— Le problème, c’est que la louve ne vous fait pas confiance. Elle ne vous connaît pas, enfin, si, elle connaît Madeleine et Grand-mère et de vous à moi, ça nous dessert plutôt…
— Pourquoi ? demanda Grand-mère, étonnée. 
— Tu as détruit mon quartier et tué des tas de gens.
— Des humains, il n’y a pas de quoi en faire un fromage. 
— Et quand j’ai demandé à Beth de t’emmener faire des courses, poursuivis-je, tu as manipulé l’esprit d’une humaine et l’as obligée à se frapper la tête contre sa caisse enregistreuse.
— Elle n’avait qu’à pas se tromper en me rendant ma monnaie, expliqua-t-elle sans une once de regret.
— Elle t’a aussi vue jeter un permum perendi à un type qui t’avait bousculée, le malheureux n’avait plus un seul cheveu sur le caillou…
— Tu veux en venir où exactement ? Parce que là, je ne vois vraiment pas…
— Tu es incontrôlable. Tu n’as aucun respect pour la vie des gens et tu ne supportes pas qu’on te contrarie. Crois-moi, quand on n’est pas une Vikaris, tu es une source de terreur et d’angoisse ambulante.
— Je suis sûre que tu as tué plus de gens que je ne l’ai fait au cours de ma vie, répliqua-t-elle d’un ton dédaigneux. 
— Oui, mais je ne le fais jamais sans une bonne raison. Avec toi et avec les autres, elle ne saura jamais sur quel pied danser et elle va vivre avec la trouille au ventre.
— C’est ridicule.

— Ne fais pas cette tête, tu sais ce que je suis. 
— Mais c’est la première fois que… 
— Que quoi ?
— Que je le réalise vraiment. 
— Madeleine, tu as passé toute mon enfance à me détester à cause de mes origines. 
Elle plongea son regard dans le mien. 
— Je ne t’ai jamais détestée. Je t’ai toujours trouvé agaçante, irritante, immature et quelque peu limitée mais je ne t’ai jamais détestée.
Première nouvelle…
— Je ne suis pas différente de ce que j’ai toujours été, Madeleine, mais je comprendrais que ça puisse te gêner.
Elle réfléchit.
— Ce qui me gêne, c’est justement de ne pas l’être.
— Quoi ?
— J’ai conscience maintenant de ce que tes origines impliquent et ça devrait me mettre en colère et me perturber mais curieusement, ce n’est pas le cas. 
— Ah… c’est curieux en effet.
— Il faut croire que maintenant que je te connais, que je vois la femme que tu es et la guerrière extraordinaire que tu es devenue… certaines choses me paraissent moins importantes. 
— Comme le fait que je sois une semi-démone ?
— Comme le fait que tu sois une semi-démone.
Je lui souris.
— C’est aussi étrange à entendre pour toi que ça l’est pour moi ?
— Ne m’en parle pas…


— Tu as fait quoi ? s’étrangla Grand-mère.
— J’ai éliminé le conseil des Sept, je ne l’avais pas dit ? 
Le conseil des Sept était une secte secrète installée au cœur même du clan des potioneuses. Ses membres figuraient parmi les plus puissantes et les plus influentes sorcières de leur espèce.
Grand-mère secoua la tête. 
— NON. 
— Ah ben, j’ai dû oublier… 
— Pourquoi… pourquoi as-tu fait une chose pareille ? demanda Beth d’un air atterré. 
— Elles avaient trahi la Déesse en conservant le grimoire des formules interdites au lieu de le détruire comme Elle le leur avait ordonné, expliquai-je. 
Grand-mère écarquilla les yeux.
— Elles avaient fait quoi ?!!! Comment ont-elles osé !!! Comment…
Je poussai un soupir.
— Comment ? Pourquoi ? Toujours est-il qu’elles l’ont fait.
— Et le grimoire ? demanda Madeleine.
Je souris.
— Brûlé, répondis-je.
— J’espère qu’elles ont souffert, grommela Grand-mère.
Je grimaçai.
— Pour être honnête, j’étais un peu pressée…
Grand-mère me lança un regard sévère. Je levai les yeux au ciel.
— Elles sont mortes, OK ? Mortes… qu’est-ce que tu voulais faire de plus ?
Grand-mère se tourna vers Léo qui secoua la tête.
— Non, mamie, je te l’ai déjà dit, je ne peux pas torturer les âmes des gens après leur mort. C’est interdit.

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