J’avais super hâte de me replonger dans le monde de Rebecca Kean après le tome 4 qui m’avait beaucoup plu l’année dernière ! Surtout la fin ! Sa grand-mère, quoi ! On peut enfin faire la connaissance des Vikaris et de sa famille complétement folle !

J’ai trouvé ce tome archi drôle. Sa grand-mère et ses deux vieilles gardes du corps tueuses en série, Clothilde et Madeleine, sont sensationnelles. J’ai adoré que les trois mamies flingueuses s’improvisent assistante de l’Assayim pour cette nouvelle enquête. Ça a apporté une nouvelle touche bienvenue à l’histoire et je suis contente de savoir qu’il y aura désormais une présence Vikaris pour la suite de la série (on espère !) Les vieilles guerrières tueuses ont, par leur présence, relativisé le sadisme de Rebecca vu qu’elles le sont encore plus. Ça n’empêche pas Rebecca de continuer de menacer tout le monde pour un oui ou pour un non (ce pauvre Fergusson par exemple) mais bon, au bout d’un certain nombre de tomes, on s’y habitue. Bref, elles sont venues pimenter tout son univers et moi, je valide à fond !

Comme d’hab, c’est l’enquête de l’Assayim que j’ai préférée plutôt que les mésaventures familiales et personnelles que notre héroïne doit gérer en même temps même si elles sont très intéressantes également. On en apprend beaucoup sur Rebecca, il y a plein de révélations et le puzzle commence petit à petit à prendre forme. 

Dans cette série, il y a toujours de nouvelles choses, de nouvelles créatures plus intrigantes les unes que les autres, ce qui continue de tenir mon attention. Ici, on découvre notamment tout ce qui tourne autour des nécromants. J’ai beaucoup aimé l’histoire à propos des chamans et Ariel est un personnage à suivre de très près. En fait, l’autrice a vraiment réussi à construire une mythologie et un univers magique assez cohérents même si parfois tiré par les cheveux comme j’ai pu le dire dans les tomes précédents. Par exemple, j’avais reproché le fait à Rebecca qu’elle soit dix mille choses à la fois ce qui la rendait pour moi invraisemblable : une destructrice de monde, la prêtresse d’Akhmaleone etc. plus tous les liens surnaturels qu’elle partage avec un vampire, un loup, un démon, un muteur etc. Bref, on ne s’en sort plus ! Et évidemment, à mère exceptionnelle, fille exceptionnelle. 

voir le spoil

Leo est une nécromante qu’une déesse de la mort a choisi pour être sa messagère. Pourquoi une sorcière semi-démone et un vampire aurait une fille chamane ?!??

Bah, en fait, quand on lit l’histoire, c’est juste grave cohérent, presque logique haha. Je trouve quand même que l’abondance des dons exceptionnels de Rebecca reste too much. Overdose de perfection mais j’admets que son personnage tient la route sur le long terme donc bravo à l’autrice.

J’ai cependant une dernière remarque sur toute cette histoire de nécromancie : ça m’a vachement fait penser aux derniers tomes de la Chasseuse de la Nuit avec les vestiges et tout. Depuis que j’ai commencé cette série, j’ai tout de suite remarqué les similitudes avec le monde de Cat et ce n’était pas pour me déplaire. Puis ça reste de la bit-lit donc c’est normal que les toiles de fond se ressemblent. Mais là, j’ai trouvé ça un peu flagrant. Cassandra O’Donell a peut-être puisé un début d’inspiration chez Jeaniene Frost pour construire les grandes lignes de son propre univers. Maintenant que j’y pense, il y a un tome de la Chasseuse de la Nuit (cf. tome 4) où Cat a eu affaire à un ex-vampire français qui la prenait pour sa femme et qui a essayé de la kidnapper ou un truc comme ça. Ça ne vous rappelle pas Michael et Rebecca dans le tome 2 ??? Pour ma part, je dirais qu’il y a quand même certaines petites idées de la série américaine qui sont remaniées à la sauce Rebecca Kean. Ça fonctionne bien mais je ne peux pas m’empêcher de trouver cela un peu moins original tout d’un coup.

Ça reste super cool d’avoir une série française dans ce genre et l’avantage de ceci, c’est bien sûr qu’elle soit écrite en français. Ça rend l’histoire tellement plus vivante, on voit tout de suite la différence entre des vo et des versions traduites ! Les traductions à la longue, ça peut devenir très chiant. Raison de plus pour arrêter d’écrire “black“ à la place de “noir“ !!! 

« Un grand Black musclé aux yeux chocolat »

C’est quoi, ça, encore ? M’énerve de lire ça. J’ai noté un petit souci au niveau de l’appellation des personnages non-blancs dans la série. Des détails, soit, mais qui me sautent aux yeux. C’est comme le terme “Indien“ pour désigner les Natifs américains (et j’pense pas que l’autrice voulait parler d’un Indien d’Inde vu que dans le livre, l’“Indien“ en question est un chaman s’appelant Nayati). D’après ce que j’ai pu apprendre, les Natifs d’Amériques n’aiment pas qu’on les appelle “Indiens“. L’autrice devrait faire des recherches pour trouver une appellation plus neutre. Pareil pour le terme de “métis“ qui ne veut absolument rien dire. 

« Une jeune métisse au teint café au lait » 

« Khor était un superbe métis » 

Métis, ce n’est pas juste blanc/noir. Ça ne viendrait à l’esprit de personne de dire “Olivier était un superbe blanc“ ou “une jeune blanche au teint de lait“. On est où là ?!

Enfin, même si je constate une petite perte de rythme dans ce tome, l’histoire reste prenante ! Je pense que le rythme commence à diminuer car l’action laisse un tout petit peu plus de place à toutes les révélations et celles encore à venir. Je me questionne sur Leo et Raphael. Il y a encore beaucoup de mystères à percer. Du coup, on attend encore de voir ce que Baetan pourrait nous apprendre sur les origines de Rebecca, voir si une potentielle love story entre elle est Ali serait possible (je voudrais bien, je parie sur Ali, moi), creuser le lien entre Bruce et la bête et surtout Raphael !!! Vampire millénaire ou demi-dieu ??
L’épilogue qui fait le point sur la situation et nous tease déjà sur tout ce qui nous attend pour la suite est efficace ! Je suis impatiente de la découvrir !

---

Les extraits que j’ai choisis

Leo plissa les yeux. 
— Un jour je gagnerai. 
— On verra ça… 
— C’est tout vu, répliqua-t-elle avant de se tourner vers grand-mère. 
— On se voit tout à l’heure ? 
— Si ta mère et moi nous ne nous sommes pas encore entretuées, oui, répondit grand-mère. 
— Oh, je ne m’inquiète pas pour ça, maman est trop forte et tu es trop faible pour le moment, elle t’écraserait. Non, ce que je voulais dire c’était que j’ai pleins de questions à te poser. Elle marqua une pause puis ajouta tout de même :
— Mais au pire, si tu es morte, je pourrai toujours te contacter…je parle aux esprits, tu te souviens ?
— Je me souviens.
Grand-mère hocha la tête. 
— Bon ben salut !
Une fois qu’elle fut sortie, grand-mère se tourna aussitôt vers moi.
— Elle me plaît.
Je ne pus m’empêcher de sourire. 
— Le contraire m’eût étonné.

— Les Vikaris sont des connasses sans scrupule qui n’hésiteraient pas, si elles étaient à ma place, à déclencher un bain de sang pour assouvir leurs desseins.
Grand-mère eut un sourire étrange et inquiétant. 
— Bien entendu. Qu’est-ce que tu t’imagines ?
— Rien. Je te fais simplement remarquer que vous n’avez aucun respect pour la vie et pour le monde que vous êtes censées protéger. 
Elle me jeta un regard condescendant. 
— Décidément, ton existence parmi les humains a un impact sur toi des plus désastreux. 
— Possible…mais il n’empêche que pas une d’entre vous n’aurait hésité à se servir de la bête sans se soucier une seule seconde des dommages collatéraux ni du massacre qu’un tel acte aurait engendrés…
Elle me regarda durement.  
— Nous sommes en guerre.
— Ce n’est pas une excuse pour jeter le bébé avec l’eau du bain.
— Tu oses me faire la morale ? tu oses nous juger ?
— La première mission d’une Vikaris est de prendre soin de ce monde et de le protéger. Pas de le souiller de sang. 
Elle me fusilla du regard. 
— Si je comprends bien, tu estimes que nous avons failli ?
Je hochai gravement la tête. 
— Oui. 
— Eh bien au moins, les choses sont claires. 

— Mais tu as bien des indices ? Une piste ?
Je pouvais consulter Maurane en tant qu’experte en potiologie mais je ne pouvais pas discuter de l’enquête avec elle. Ce n’était pas une question de confiance mais je bossais pour un autre clan. 
— Même si j’en avais, tu sais très bien que je ne pourrais pas t’en parler. 
— Je sais, je sais mais je te l’ai dit, j’ai une sale intuition…
— Ne vous inquiétez pas pour elle, potioneuse. Je veillerai sur la sécurité de ma petite-fille, je tiens à la tuer de mes propres mains d’ici la fin de la semaine et je détesterais me faire doubler, déclara grand-mère très calmement. 
Maurane se tourna vers elle puis vers moi et lança d’un ton sarcastique :
— Oh eh bien dans ce cas, me voilà tout à fait rassurée.
Je me forçai à sourire. 
— Ouais, c’est chouette, hein ? enchaînai-je sur le même ton.
Elle tendit le pouce en l’air.

— Alors, c’est ça les terribles Vikaris ? Trois vieilles dames bringuebalantes chapardeuses comme des pies et avides de sucreries ? demanda Ali.
Je ne pus m’empêcher de sourire. 
— Ne te fie pas aux apparences. Si elle l’avait voulu, grand-mère t’aurait tué au moment même où tu l’as menacée. 
Je lui jetai un regard sévère. 
— Tu as été très imprudent. 
— J’ai simplement dit ce que j’avais à dire, fit-il en me donnant une gentille claque sur le dos. 
Je croisai son regard. Ses beaux yeux gris avaient l’air sombres et liquides sous la lumière du lampadaire. 
— N’empêche que c’était idiot. 
Il sourit.
— Cesse de t’inquiéter, c’est ridicule. 
Je secouai la tête. 
— Personne ne t’a jamais dit que tu n’étais qu’un connard de tigre arrogant et têtu ?
Il haussa les sourcils. 
— Non, pourquoi ? Tu comptes organiser un sondage ?
Ses yeux pétillaient d’amusement.