Le Voyage Sans Retour

EverWorld, tome 3, K. A. Applegate
tome 1
tome 2

Présentation

Il existe un monde que personne ne connaĂźt, que personne n’imagine. 
Bienvenue Ă  EverWorld, le pays d’oĂč l’on ne revient pas


Toutes les histoires ont une fin, mais certaines se terminent de maniĂšre tragique… Senna a dĂ©cidĂ© de rĂ©gner sur Everworld et n’hĂ©site plus Ă  employer violence sauvage, ruses dĂ©moniaques et manipulation. Toujours accompagnĂ©e de David, Christopher, April et Jalil, elle se rend en Égypte, dans l’Atlantide, puis en Irlande, terre de magie et de magiciens. Mais s’attaquer aux dieux et Ă  ses amis d’hier n’est pas sans danger, elle pourrait bien y laisser la vie. Et si Senna venait Ă  disparaĂźtre, le passage vers le monde rĂ©el se refermerait pour toujours…

16.5/20

Chronicle

Oh non, c’est fini ! Vous voulez que j’vous dise ? Eh, bien c’est le meilleur livre de cette trilogie intĂ©grale. Je m’attendais pas Ă  ça, tiens ! J’aime trop avoir des bonnes surprises comme celle-lĂ , ça me conforte dans l’idĂ©e qu’il faut terminer les sĂ©ries que je commence car mĂȘme si je suis tombĂ©e sur un tome que je n’ai pas aimĂ©, ceux d’aprĂšs peuvent carrĂ©ment bien rattraper le coup (Amel, tu ne fais que nourrir ton cĂŽtĂ© maniaco-obsessionnel en disant ça !)

Enfin le tome de Senna ! DĂšs le dĂ©but, on joue carte sur table. On commence Ă  peine le chapitre un qu’on a quasi toutes les rĂ©ponses Ă  nos questions notamment pourquoi elle a choisi chacun d’eux Ă  venir avec elle Ă  EverWorld et quels sont ses plans et son but pour la suite. J’ai aimĂ© lire ses rĂ©flexions, c’est un perso intĂ©ressant bien que trop mature pour son Ăąge dans sa façon de parler et de se comporter. En fait, elle excelle dans la manipulation. C’est une fille  bizarre, profondĂ©ment seule et malheureuse qui n’a sa place nulle part et qui a donc dĂ©cidĂ© de compenser ses faiblesses en devenant l’ennemi de tout le monde, une fille arrogante, Ă©goĂŻste et inaccessible pour le commun des mortels que, de toute façon, elle mĂ©prise. Je continue de tourner les pages et j’me rends compte d’un truc que je n’avais pas forcĂ©ment remarquĂ© dans les prĂ©cĂ©dents volumes car on n’était pas dans sa tĂȘte : en fait, c’est une psychopathe. Ce que je dĂ©cris Ă  la phrase d’avant en sont carrĂ©ment les symptĂŽmes. Elle est malade. Du coup, j’étais partagĂ©e sur son personnage car, Ă  la fois, je comprenais ses motivations et sa logique mais en mĂȘme temps, elle ne m’inspirait aucune sympathie. J’ai trouvĂ© que c’était quand mĂȘme cool d’ĂȘtre dans la tĂȘte d’une folle qui « aime les fous Â» sans jamais se considĂ©rer elle-mĂȘme comme telle.

ParallĂšlement, si Senna a eu le droit Ă  son petit tome rien que pour elle, je me suis immĂ©diatement demandĂ© qui allait sauter. Évidemment, non pour David, donc il restait les trois autres. Si l’un d’entre eux est privĂ© de tome, est-ce que ça veut dire qu’il va mourir ? L’autrice est tellement safe, elle ne ferait jamais mourir ses hĂ©ros. Je disais dĂ©jĂ  au tome d’avant qu’ils ne rencontraient sur leur chemin que de fausses pĂ©ripĂ©ties car dans tous les cas, ils ne leur arrivent jamais rien, ils traversent chaque dĂ©cor trĂšs facilement sans jamais ĂȘtre atteints par quoi que ce soit. J’avais hĂąte de dĂ©couvrir qui seraient les prochains narrateurs. 

En attendant, on dĂ©couvre enfin qui est la mĂšre de Senna et quelle dĂ©ception, on tombe sur une servante impuissante qui se fout de sa fille comme d’une guigne (finalement, j’aime beaucoup cette expression, dĂ©finitivement rentrĂ©e dans mon vocabulaire). À ce moment-lĂ , je dois avouer que j’étais dĂ©solĂ©e pour la pauvre Senna, abandonnĂ©e une deuxiĂšme fois par sa propre mĂšre ce qui la rendra parfaitement indiffĂ©rente et ce qui est, en dĂ©finitif, le plus triste. Comment ne pas en vouloir au monde entier ?
Fait amusant, sa mĂšre a introduit en Égypte everworldienne les grandes chanteuses du monde rĂ©el que les Amazones vĂ©nĂšrent. « La dĂ©esse Aretha Â» ? La diva de la soul, vous voulez dire ?? Trop cool ! et je suis totalement d’accord, elle mĂ©rite d’ĂȘtre une dĂ©esse dans un autre monde tellement sa soul est magique. 

Concernant les Amazones, Senna se demande Ă  un passage pourquoi Jolie Petite Fleur, leur cheffe, « n’avait rien de grec ». Et pourquoi elle aurait quelque chose de grec ? Les Amazones viennent de GrĂšce ou d’Amazonie ? (C’est une vraie question, j’en sais rien).
Puis vingt pages plus tard, David et Jalil discutent de la façon dont ils pourraient vaincre les amazones, leurs dangereuses ennemies et April nous sort d’un coup :

« â€” Oh mais taisez-vous, vous deux, est intervenue soudainement April. Ce sont juste de belles femmes avec de belles jambes et une forte poitrine. Â»

Donc les garçons parlent de l’intelligence de leurs ennemies fĂ©minines mais elle, elle prĂ©fĂšre parler de leurs seins ? Est-ce que ce serait possible d’envoyer April se rendormir en attendant qu’on finisse la sĂ©rie ? Le trĂšs peu qu’on voit d’elle est dĂ©jĂ  trop.

VoilĂ  pour le tome 1 au coeur de l’illusion. On arrive maintenant au tome 2 oĂč sans surprise, David reprend la narration. Alors ce tome-ci Ă©tait le moins bon de ce volume. Il ne se passe pas grand chose, on apprend rien de significatif, on dĂ©couvre le monde inconnu en question qui est l’Atlantide mais nos hĂ©ros y restent pas assez pour que ça vaille vraiment le coup de dĂ©velopper. Je reviens d’ailleurs sur ce que je disais plus haut car, en rĂ©alitĂ©, notre team de choc rencontre quelques pĂ©ripĂ©ties notamment avec le dieu Neptune mais, pff, j’veux dire, rien ne les atteint. On sait dĂ©jĂ  qu’ils s’en sortiront indemnes sans qu’il ne leur arrive rien de particulier Ă  la fin donc bon, oui, ça se lit, mais c’est pas prenant car ils vivent leurs pĂ©ripĂ©ties de loin, si j’peux dire. Puis, on arrive aux derniĂšres pages du tome oĂč Christopher se fait engloutir par un gĂ©ant et je me dis tout de suite que c’est peut-ĂȘtre lui qui meurt vu qu’il y en a un qui saute forcĂ©ment de la narration. Mais non, voyons, l’autrice est frileuse, elle ne ferait jamais mourir ses hĂ©ros.

Et donc, non, bien sĂ»r, il ne meurt pas. On le retrouve directement dans le tome d’aprĂšs pris au piĂšge dans le gosier du gĂ©ant. Okay, donc ça va se jouer entre Jalil et April pour le dernier tome. Avant cela, concernant ce troisiĂšme, je me pose tout de suite la question : comment se fait-il que Christopher a le tome le plus long des quatre dans cette ultime intĂ©grale ? Ce n’est certainement pas lui le plus intĂ©ressant de notre team de hĂ©ros. Ce que je pense se confirme rapidement dans le rĂ©cit car Christopher tombe Ă©perdument amoureux de la magnifique demi-elfe Etain et alors qu’est-ce qu’on s’ennuie en lisant sur son crush d’adolescent bien rasoir đŸȘ’. J’ai trouvĂ© que ses Ă©panchements amoureux ralentissaient le rythme ce qui est bien fĂącheux car je m’aperçois au fil des pages que c’est le meilleur tome. Toute l’action, le point d’orgue de toute cette Ă©popĂ©e nous est livrĂ© ici : l’affrontement avec Senna ! J’ai beaucoup aimĂ© cette partie, c’était trĂšs entraĂźnant. C’est pour ça que son fol amour pour Etain est saoulant, on s’en fout, en fait ! Et, comme il est amoureux, il va se mettre Ă  faire n’importe quoi pour l’impressionner, dans d’autres termes, faire que des trucs bĂȘtes. Mais, c’est pas trĂšs grave, en vrai, j’ai plutĂŽt bien apprĂ©ciĂ© Christopher, on voit qu’il a beaucoup grandi depuis le dĂ©but. Surtout, quel plaisir de voir notre Ă©quipe enfiiiiin se dĂ©solidariser de Senna.

Moi non plus je l’aime pas cette petite nazillonne folle furieuse. Tout se recoupe avec les tomes d’avant, c’est donc pour ça qu’on parlait de groupe de nazis ! Vous savez, j’ai lu ce livre et j’écris cette chronique actuellement au moment des trĂšs grosses #manifestations et #grevegenerale Ă  propos de la #ReformeDesRetraites en France. D’ailleurs, les grĂ©vistes s’il-vous-plaĂźt, fumez-moi ce pays ! Tous ensemble contre ces connards du gouvernement #macrondĂ©mission #macrondĂ©capitation. J’adore cette petite ambiance #revolution, what a time to be French.

J’en parle car dans le livre, Senna recrute le petit groupe d’extrĂ©mistes dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s car ce sont des illuminĂ©s dont le seul but est de taper sur tout ce qui bouge, ils sont extrĂȘmement violents. Donnez-leur juste des armes et la libertĂ© de fusiller qui passerait par lĂ  et ce sera le plus beau jour de leurs vies, le max de leurs existences, leur grand moment de gloire, ce pourquoi ils sont nĂ©s. Vous voyez la connexion avec la police, les crs et les abrutis de la brav-m #violencespolicieres ? C’est littĂ©ralement des hooligans cons comme leurs pieds Ă  qui on a donnĂ© des armes pour faire joujou avec. La disproportion de la violence et du recours aux armes contre des manifestants globalement pacifiques est choquante. Quoique pas Ă©tonnant, c’est littĂ©ralement le quotidien des noirabes en banlieue (mais visiblement, la violence est plus choquante sur des blancs đŸ€«). N’empĂȘche, j’en reviens pas des images de #SainteSoline oĂč on aperçoit des manifestants grave tranquilles en train d’exercer leur droit de manifester puis des shlags en uniformes sur des quads en train de jeter des grenades. Ahh, tout ça pour un pauvre trou au milieu des champs ? Non, mais on est oĂč lĂ  ? L’analogie entre le groupe nazi dans le bouquin et la police dans la vraie vie Ă©tait trĂšs parlante et surtout drĂŽle Ă  lire si ce n’Ă©tait pas aussi dramatique. VoilĂ  donc ce qu’on fait des illuminĂ©s nazillons dans notre pays ? On les fout dans la police oĂč ils pourront vivre de leur passion en toute lĂ©galitĂ© ? AprĂšs avoir fumĂ© le pays, faudrait ensuite sĂ©rieusement songer un jour Ă  dĂ©truire et rebĂątir en totalitĂ© l’institution policiĂšre qui se partage actuellement entre racisme, misogynie et trou sans fond de bĂȘtises et de dĂ©bilitĂ©. 

Revenons-en Ă  notre histoire. Faut dire que notre petite sorciĂšre timbrĂ©e avait bien prĂ©parĂ© son coup. Sa petite armĂ©e de nazis est armĂ©e jusqu’aux dents face Ă  des adversaires everworldiens qui se battent Ă  cheval et Ă  l’épĂ©e et qui n’ont aucune idĂ©e de ce qui va leur tomber dessus. Moi, j’ai juste une question en suspens : comment David Ă©tait au courant qu’elle ramenait des gens du monde rĂ©el Ă  EverWorld ? Donc, il savait mais voulait encore protĂ©ger Senna. DĂ©cidĂ©ment, y’a rien Ă  faire pour le gĂ©nĂ©ral Davidos, lui qui veut ĂȘtre et se prend pour un hĂ©ros mais qui n’est pas capable de reconnaĂźtre la vĂ©ritable ennemie du monde qu’il souhaite sauver. 

Naturellement, on se demande tout de suite oĂč est Merlin. AprĂšs tout, on est sur les terres du magicien, le seul capable d’arrĂȘter Senna. Il apparaĂźtra donc vers la fin du tome (je suppose qu’il devait ĂȘtre en croisiĂšre posĂ© pĂ©pĂšre avant ça) mais ce n’est pas lui qui arrivera Ă  bout de la malĂ©fique Senna ; c’est sa propre demie-sƓur ! Elles qui se dĂ©testaient depuis le premier jour, bah on peut pas faire plus symbolique que ça comme fin. Si Senna avait Ă©tĂ© plus sympa avec elle, peut-ĂȘtre qu’elle aurait eu une toute autre trajectoire de vie. Dommage pour elle, tant mieux pour nous. Franchement, j’dois dire que j’ai Ă©tĂ© satisfaite de cette rĂ©solution malgrĂ© quelques Ă©normitĂ©s comme le fait que Senna ne reconnaisse pas sa soeur qui s’est dĂ©guisĂ©e en druide en se collant une barbe sur le menton (et c’est donc comme ça que celle-ci arrivera Ă  l’atteindre et la tuer). Autre chose : pourquoi Senna dĂ©cide de passer Ă  l’action sur les terres du magicien ? On nous donne pas vraiment de rĂ©ponse Ă  cela et ça ne semble pas logique vu comme l’endroit semble dangereux pour elle. Bref, je laisse couler car c’est une trilogie jeunesse, je ne demanderais jamais plus Ă  un bouquin que ce qu’il peut faire et pour moi, ici, ça fait le taff. Dans tous les cas, j’ai pris grand plaisir Ă  lire !

Il me reste deux petites remarques sur ce troisiĂšme tome : la premiĂšre, c’est Ka Anor. Bah alors, il ne dĂ©vore plus les dieux, il a disparu ? Je comprends donc que l’autrice a prĂ©fĂ©rĂ© procĂ©der en deux parties, chacune rĂ©solvant un des deux gros noeuds de l’histoire. La premiĂšre avec Senna, c’est fait, donc je suppose que la deuxiĂšme avec Ka Anor terminera la trilogie. 

Ma deuxiĂšme remarque, c’est : « casser du nĂ©gro et brĂ»ler les youpins Â». HĂ© ho, la trad, ça va, j’vous dĂ©range pas, peut-ĂȘtre ? Putain mais combien de fois va falloir que je rĂ©pĂšte que je ne veux pas voir de propos racistes dans les livres que je lis ?! Encore plus quand c’est des livres jeunesse !! J’en ai marre que personne lise mes funky chronicles. Le monde se porterait tellement mieux si vous les lisiez. En fait, c’est pas David le hĂ©ros, c’est moi l’hĂ©roĂŻne ! c’est juste que personne me calcule. Inconnue en plus d’ĂȘtre une artiste incomprise.

Je raconte beaucoup ma vie dans cette chronique, aprùs je me plains qu’elles soient trop longues
 pardonnez-moi.

Il Ă©tait donc venu de savoir qui serait le narrateur du dernier tome. Jalil ou April ? 

April ! Au dĂ©but, je me disais que c’était dommage de ne pas avoir la version de Jalil, j’aurais bien voulu avoir son ressenti sur la mort de Senna, elle qui le dĂ©testait tellement, mais c’était plus logique de se retrouver dans la tĂȘte d’April pour clore la saga car c’est elle qui a tuĂ© la mĂ©chante. Figurez-vous que de tous les personnages, elle a Ă©tĂ© la plus intĂ©ressante Ă  (re)dĂ©couvrir, elle qui pourtant Ă©tait effacĂ©e tout le long de leurs aventures. Le fait d’avoir tuĂ© sa demie-sƓur donne une nouvelle envergure Ă  son perso. On voit qu’elle est en plein changement, elle devient quelqu’un d’autre. En fait, April est, d’entre tous, le personnage le plus humain de cette trilo. Elle a pleins d’émotions, pleins de rĂ©actions, pleins de sentiments que toute personne normale aurait Ă  sa place. J’ai aimĂ© que l’autrice lui donne plus de caractĂšre et qu’on puisse assister au cheminement de sa rĂ©flexion, du “je veux rentrer chez moi et retrouver ma vie“ Ă  “et pourquoi pas rester ?“

Dans cet ultime volet, on n’a pas le combat final contre Ka Anor auquel je m’attendais. J’ai bien vu qu’il y avait trop peu de pages pour que ce soit le cas. À la place, notre petite team de choc cherche plutĂŽt des moyens d’anĂ©antir le dieu extraterrestre en neutralisant d’abord l’armĂ©e de nazi que Senna a laissĂ© derriĂšre elle et qui serait parfaitement susceptibles de rejoindre Ka Anor avec toutes leurs armes. Quand Senna Ă©tait encore lĂ , je pouvais comprendre qu’ils Ă©taient intouchables car ils avaient la force de ses pouvoirs magiques avec eux. Mais maintenant qu’elle n’est plus, pourquoi seraient-ils encore aussi dangereux ? Y’a qu’à envoyer Merlin les neutraliser ou encore mieux, un dieu comme Zeus qui n’en ferait qu’une bouchĂ©e. Pour des dieux aux pouvoirs illimitĂ©s, ils sont quand mĂȘme assez faiblards. J’vois pas comment une petite bande de mortels dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s seraient autant Ă  craindre, ça n’a pas de sens mais, je laisse une fois de plus passer. Franchement, j’aime bien ce que je lis, je reconnais les efforts de l’autrice au niveau du rĂ©cit et je n’oublie pas que c’est un livre qui s’adressent Ă  un public qui a genre treize ans de moins que moi donc moins difficile Ă  convaincre. 

Et voici pour la derniĂšre chronique d’EverWorld. J’dois avouer que je pensais dĂšs le dĂ©but de la saga qu’ils trouveraient un moyen de rentrer chez eux, mĂȘme sans Senna (pas David, hein, bien sĂ»r qu’il serait restĂ© celui-lĂ ). Jusqu’à la fin du tome 3, je le pensais encore mais il s’avĂ©rĂąt donc que le voyage Ă©tait sans retour
J’ai adorĂ© les trois derniĂšres pages de la fin. Pourtant, j’suis pas trĂšs friande de fins ouvertes, mais lĂ , c’était assez cool. Y’a encore moyen d’écrire au moins un volume intĂ©grale de plus sur les aventures de notre team de choc quand on voit le champs des possibles que la fin esquisse avec en premier la guerre contre Ka Anor, mais aussi le nouveau monde des nains qu’on dĂ©couvre, le lutte pour la main d’Etain, puis le retour des dieux nordiques et des Vikings. Mais c’est pas grave, c’est tout aussi bien d’imaginer Ă  l’infini leurs aventures.

Je suis super contente d’avoir repris cette vieille sĂ©rie de mon enfance au moins pour une chose. À la fin, elle m’a rappelĂ© un truc que j’me disais tout le temps quand j’étais petite : partir Ă  l’aventure ! Quand je vois nos hĂ©ros embrassaient EverWorld Ă  la quĂȘte de nouvelles pĂ©ripĂ©ties incroyables, je me suis souvenue de moi qui me plongeais dans mes livres exactement pour cette raison. J’ai toujours Ă©tĂ© “bloquĂ©e“ chez moi, Ă  refaire le monde dans mon Ă©ternelle petite chambre. J’ai toujours eu l’ñme d’une aventuriĂšre mais je n’en ai jamais rien fait. J’exprimais ce cĂŽtĂ© de moi dans la lecture. Je n’ai jamais fait d’activitĂ© extra-scolaire (d’oĂč le fait que je lisais beaucoup, je n’avais rien d’autre Ă  faire), je n’ai jamais voyagĂ©, je n’ai jamais Ă©tĂ© embarquĂ©e dans une expĂ©dition hors du commun, je n’ai jamais Ă©tĂ© la gardienne d’un grand secret, je n’ai jamais eu beaucoup d’amis (en ai-je mĂȘme eu un jour ?), je n’ai jamais criĂ© de toute mes forces en haut d’une montagne puis Ă©couter les Ă©chos de ma voix, je n’ai jamais dormi Ă  la belle Ă©toile perdue dans l’immensitĂ© du dĂ©sert, je n’ai jamais volĂ© sur le dos d’un dragon – ou d’un bison volant, je n’ai jamais explorĂ© de mondes inconnus, je n’ai jamais portĂ© de jolies robes de princesses. J’étais juste une petite fille solitaire dans mon coin. Je lisais des livres comme EverWorld et je me disais que quand je serai grande, je partirai moi aussi pour vivre pleins de choses incroyables. Merci Ă  tous ces vieux livres de mon enfance, qui, le temps d’un instant, m’ont embarquĂ© pour des aventures extraordinaires.

NB : je signale que j’suis vraiment quelqu’un d’extraordinaire donc j’comprends pas comment ma vie, encore aujourd’hui, peut ĂȘtre aussi rincĂ©e. Tragique.


Les extraits que j’ai retenus

Le seul endroit intĂ©ressant pour moi, Ă  partir de l’ñge de huit ans, Ă©tait cet Ă©tablissement psychiatrique, oĂč les fous s’asseyaient dans une petite cour extĂ©rieure pour aller fumer et laisser les mĂ©dicaments agir et se battre contre leurs dĂ©mons intĂ©rieurs. Je ne me suis jamais considĂ©rĂ©e comme l’une des leurs, mais je me suis toujours demandĂ© s’ils n’entrevoyaient pas ce que j’étais la seule Ă  distinguer clairement.
J’aimais les fous. J’avais Ă©tĂ© attirĂ©e par la folie de Jalil.
Mais cette affection ancienne que j’avais Ă©prouvĂ©e pour lui ne m’empĂȘcherait pas de lui faire du mal maintenant.
J’étais devant chez lui, dans une rue sombre. Et la chose ou la personne qui m’empĂȘchait de l’atteindre Ă  Everworld ne pourrait rien pour lui ici.

— Mon nom est Senna Wales, ai-je rĂ©pondu.
Puis, pour lui faire abandonner cette expression de pitiĂ© suffisante de sa petite figure, j’ai ajoutĂ© :
— C’est ainsi que mon pĂšre m’a appelĂ©e.
— OĂč est ton pĂšre ?
— C’est lui, en bas.
Son regard s’est assombri.
— C’est mon pùre.
— Plus maintenant, ai-je ajoutĂ©. Maintenant, c’est le mien. Tu peux garder l’autre, ta mĂšre.
À cet instant, des cris sont montĂ©s du rez-de-chaussĂ©e. Une forte voix de femme, aiguĂ«, qui couvrait presque entiĂšrement une voix d’homme plus grave, plus retenue.
— Tu peux toujours continuer Ă  dire que c’est ton pĂšre, ai-je proposĂ© Ă  April, mais toi et moi, nous savons bien que c’est faux.
AprÚs toutes ces années, ce souvenir me donne toujours des frissons.
Je devais dĂ©jĂ  ĂȘtre une petite fille trĂšs intelligente Ă  l’époque. Ou, tout au moins, avec un bon instinct.
Je n’avais eu le choix qu’entre deux solutions : essayer de m’intĂ©grer, de m’assimiler, de me fondre dans la famille, d’ĂȘtre une bonne petite fille Ă  la maison comme Ă  l’école, et je n’aurais jamais Ă©tĂ© satisfaite de cette situation. Ou bien je pouvais les dominer en ne les mettant jamais Ă  l’aise, en les manipulant, en les surprenant, en les dĂ©rangeant.
Je pouvais devenir une fausse membre de leur joyeuse famille, m’inventer une vie comme je l’entendais et mener mon existence sans qu’ils ne puissent rien contrĂŽler.
Ils ne m’aimeraient jamais, personne ne le ferait, ma propre mĂšre m’avait abandonnĂ©e. Ma propre mĂšre n’avait pas
 Bien, enfin, le mieux Ă©tait encore qu’ils aient tous peur de moi.

Je me suis concentrĂ©e sur moi-mĂȘme, je me suis fondue en moi-mĂȘme. J’ai attirĂ© mon corps Ă  mon esprit, mon esprit Ă  mon corps, je me suis recomposĂ©e.
J’ai ouvert le passage.
En un Ă©clair, en un instant il s’est ouvert. J’étais la voie. J’Ă©tais ce tunnel entre les deux univers, mon corps Ă©tait creux, mon esprit pouvait sentir et voir les deux univers simultanĂ©ment, et bien d’autres mondes qui les cĂŽtoyaient.
L’extase ! Une montĂ©e incroyable, indicible de bien-ĂȘtre. Comme un droguĂ© sentant la drogue se rĂ©pandre dans son sang, un alcoolique avalant sa premiĂšre gorgĂ©e d’alcool. Oh, j’aurais voulu crier, perdre le contrĂŽle de moi-mĂȘme pour laisser aller le plaisir. C’était mon corps, c’était mon esprit, c’était le sexe, l’argent, le pouvoir, la revanche, le triomphe, tout ça rĂ©uni.

— Parce que
 parce que, d’aprĂšs vous, nous sommes des prophĂštes ? a demandĂ© April, un peu gĂȘnĂ©e.
— Bien sĂ»r ! a rĂ©pondu Etain en souriant. Que pourriez-vous ĂȘtre d’autre ? Vous venez d’un autre monde. Vous nous avez rĂ©vĂ©lĂ© mille choses. Vous avez apportĂ© Ă  Everworld savoir et lumiĂšre. Vous ĂȘtes si admirĂ©s ici-bas que votre rĂ©putation a dĂ©passĂ© la rĂ©alitĂ©.
Son raisonnement se tenait. Cependant, sa derniĂšre phrase m’a mis la puce Ă  l’oreille.
— Comment ça ? Notre rĂ©putation a dĂ©passĂ© la rĂ©alitĂ© ?
Etain a eu son petit rire-qui-fait-sourire.
— Eh bien, on vous dĂ©crit comme des ĂȘtres de lĂ©gende, ni elfes ni dieux, Ă  peine humains, n’appartenant Ă  aucune race connue, immensĂ©ment grands, parĂ©s d’or et d’argent, couverts de diamants et de rubis, marchant sur les nues entourĂ©s d’une lĂ©gion de dragons

— Cela n’a rien d’exagĂ©rĂ©, ai-je fanfaronnĂ©. Vous avez en effet dĂ©crit une de nos apparences. Mais nous aimons aussi passer incognito. C’est merveilleux d’ĂȘtre simple, par moments

Flop. Ma vanne est tombĂ©e Ă  l’eau.

— Et alors ? Tu crois que mon ancienne vie me manquerait tant que ça ? Qu’est-ce que je laisserais derriĂšre moi, hein ? Des parents ivrognes, un frangin que je dĂ©teste et un avenir tout tracĂ©. Un boulot sans intĂ©rĂȘt, un mariage ratĂ©, des gosses qui sombrent dans la drogue, un dĂ©but de calvitie Ă  quarante ans, l’infarctus Ă  cinquante  et le cancer de la prostate Ă  soixante. Le scĂ©nario classique de l’AmĂ©ricain moyen. Et le pire, c’est que ça m’aurait plu. Je suis un gars simple Ă  la vie simple, April. Je me serais contenter de mener une existence pĂ©pĂšre, avec ses petits soucis et ses petites joies. Tu te souviens comme on s’est fichus de David, moi le premier, quand il critiquait le monde des adultes ? Eh bien, je ne suis pas comme lui, je n’ai pas l’ñme d’un hĂ©ros, mais je sais seulement que cette vie-lĂ  ne me tente plus, voilĂ  tout.

Il y a un proverbe qui dit : « Aucun homme n’est une Ăźle Â». Aucun de nous n’est vĂ©ritablement seul. Nous sommes en relation les uns avec les autres, que nous vivions en temps de guerre ou de paix. Cependant, je pense qu’aux grands moments de l’existence, lors de transitions ou d’Ă©vĂ©nements cruciaux, il y a un dicton encore plus vrai : « On vit et on meurt seul Â». On prend soi-mĂȘme – tout seul – la dĂ©cision d’avancer ou de reculer, d’entrer dans la vie ou d’en sortir.

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