Movie Star, tome 3, Alex Cartier
6/20
Chronicle
Pffffff jâai pas envie de faire cette chronique, surtout parce que je suis vraisemblablement partie pour une loooongue chronique⊠Jâai pas le temps pour ça đŠ
Bon, que dire ? Sans doute la mĂȘme chose que pour les deux premiers tomes.
Je vais commencer par ce qui mâa le plus saoulĂ© : les remarques racistes. Et pour illustrer, je vais mettre un petit passage sympa ci-dessous :
« â Remarque, si tu veux tester un gros pĂ©nis, autant sortir avec un Noir.
â Laure, câest raciste comme remarque ! Mon amie a pris un air offusquĂ©.
â Pas du tout ! Ce serait raciste si je disais quâil en a une petite parce quâil est noir. LĂ , câest factuel ou au moins statistique. Ce sont plutĂŽt les Asiatiques qui sont moins bien pourvus. »
Je ne suis mĂȘme plus choquĂ©e des propos de lâauteur, au bout de trois navets (ouuh que je suis mauvaise), je commence Ă mâhabituer, mais il nây a pas un Ă©diteur, une Ă©quipe qui travaille avec lui, des gens qui relisent etc. pour lui dire quâil ne faudrait peut-ĂȘtre pas publier ça comme ça ?!
Entre autres, il y avait aussi le taxi HaĂŻtien qui ne sâintĂ©ressait pas vraiment au cinĂ©ma, donc OphĂ©lie a remerciĂ© Dieu de lui avoir donnĂ© un homme « cultivĂ© » quâun pauvre chauffeur de taxi inculte (mĂ©pris de classe) ou encore OphĂ©lie qui pensait que la Japonaise Ă©tait une « groupie analphabĂšte » juste car elle Ă©tait⊠Japonaise (racisme ordinaire encore). Bref, on ne va pas Ă©numĂ©rer non plus.
Le deuxiĂšme point insupportable, câest le sexe. Comme je lâai dit pour le tome 2, soit ça baise, soit ça parle de cul mais pour ce dernier opus, lâauteur sâest surpassĂ©. Le sexe, ce nâest plus une page sur deux mais une phrase sur deux maintenant. FĂ©licitations !! Câest une vĂ©ritable performance, je ne pensais pas que câĂ©tait possible.
Il y en a beaucoup trop, câest grossier, ce nâest mĂȘme pas sexy ! HonnĂȘtement, ça mâa Ă©cĆurĂ©, surtout que jâimaginais des personnes ĂągĂ©es en train de copuler dans ma tĂȘte, câĂ©tait terrible.
TroisiĂšme point : OphĂ©lie ! Jâaime les personnages qui ont confiance en eux, qui savent ce quâils valent et qui ne se privent pas de le dire. Mais lĂ , jâai fait une overdose. Soit, OphĂ©lie, tu es la plus belle femme du monde ; est-ce une raison pour dire que toutes les autres sont moches ? J’honnis les gens qui jugent autrui sur son physique. « Il est laid », »elle est grosse », »elle a le cul bas », « elle a les jambes courtes », « il a des grandes dents »… ça mâagace vraiment de lire des choses comme ça, on est Ă lâĂ©cole primaire ou bien ?
Je lâai trouvĂ© garce et je nâai pas apprĂ©ciĂ©, dâautant quâelle fait la sainte Ă cĂŽtĂ©. Voici un exemple : quand Amy lui dit que son couple avec Charlie est en difficultĂ© et quâelle lui demande dâaller plaider sa cause auprĂšs de lui, on voit OphĂ©lie trois minutes plus tard se demander si elle ne pourrait pas coucher avec Charlie car, je cite : « serait-ce mĂȘme une trahison, dans la mesure oĂč son couple bat de lâaile ». No comment.
Sa relation avec Laure Ă©tait Ă©galement trop malsaine. Elles sont censĂ©es ĂȘtre meilleures amies alors pourquoi Laure ne fait que se rabaisser et se dĂ©nigrer par rapport Ă OphĂ©lie et sa beautĂ© incroyable ? Je trouve cette amitiĂ© plutĂŽt triste. Moi, je nâaimerais pas ĂȘtre une amie comme ça ni avoir ce genre dâamie.
En parlant de Laure, ce personnage est une catastrophe ambulante qui ne sâintĂ©resse et qui ne parle que de sexe, qui nâexiste quâĂ travers le sexe et dont lâauteur lâa Ă©tiquetĂ© sous la dĂ©nomination de femme libĂ©rĂ©e.
Donc, pour lâauteur, une femme moderne et libĂ©rĂ©e est une nymphomane, gĂ©nial.
En rĂ©alitĂ©, en tant que fĂ©ministe, jâai eu du mal avec ces propos, et puis tous les petits poncifs du genre ânous, les femmes, on est susceptibles nia nia niaâŠâ
De toute façon, comme jâai pu le dire dans le tome 1, on ressent bien (troooop bien) que lâauteur est un homme.
Je me rends vraiment compte en ayant fini le dernier livre que toute cette trilogie nâest rien de plus ni moins quâune ridicule caricature de la fĂ©minitĂ©.
Mais de quoi lâauteur sâest-il inspirĂ© pour crĂ©er ses personnages fĂ©minins exceptionnels ? HĂ© bien il nous le dit gentiment dans les remerciements Ă la fin du bouquin :
« Mais se projeter dans les fantasmes et la description du plaisir fĂ©minin nâaurait pas Ă©tĂ© possible sans la lecture quotidienne des blogs et des sites de magazines fĂ©minins : Elle, Cosmo, Marie-Claire, Femme actuelle, Version FĂ©mina⊠Merci Ă toutes les journalistes qui ont contribuĂ© Ă faire dâOphĂ©lie et de Laure deux jeunes femmes crĂ©dibles et modernes. »
Je crois quâon ne peut pas faire plus niaiseux que ça.
Ces magazines, Ă part donner lâhoroscope, prĂ©dire les couleurs qui seront Ă la mode lâautomne prochain, les quiz ridicules type âquel animal de la jungle es-tu ?â, faire le top 5 des meilleurs positions du kamasutra Ă rĂ©aliser avec son âjulesâ sans oublier la page diĂ©tĂ©tique avec la recette quinoa et courgettes, je ne vois pas vraiment ce quâils ont dâautres Ă proposer. Il est dâailleurs Ă remarquer que ces journaux mainstream sâadressent toujours Ă des femmes blanches type bourgeoise et nâillustrent quâun idĂ©al â leur idĂ©al â de femme Ă la beautĂ© standardisĂ©e et par essence occidental. Force est de constater quâil nây a pas un ou une basanĂ©.e dans Movie Star (Dieu merci dâailleurs, câest pas moi qui vais mâen plaindre).
Bon, bah au moins maintenant, je comprends tout ! Les femmes crédibles et modernes, elles ne sont pas dans ces journaux bourrés de stéréotypes mais dans la vie réelle, aussi évident que ça puisse paraßtre.
HonnĂȘtement, je nâaime pas casser un auteur, je ne lâai jamais fait dâailleurs, mais les romans pour femmes, quand on ne sait pas trĂšs bien ce quâest une femme, vaut peut-ĂȘtre mieux pas les faire. Câest un conseil.
Et puis, au-delĂ mĂȘme de la maniĂšre dont lâauteur traite le sujet de la fĂ©minitĂ© et de la sexualitĂ©, lâintrigue principale du livre ne marche pas. Absolument rien nâest crĂ©dible. Tout est surrĂ©aliste ! Je rĂ©itĂšre ce que jâai dit pour le tome 1, câest Zazie dans le mĂ©tro. Il aurait pu rajouter des dragons et des vaisseaux spatiaux lĂ -dedans, ça ne mâaurait mĂȘme pas Ă©tonnĂ©e.
En tout cas, je suis bien contente dâavoir fini cette trilo, je nâen pouvais plus. Une sĂ©rie de moins dans ma pile Ă lire. Si jâavais su dans quoi je mâembarquais quand jâavais reçu le premier tomeâŠ
Bon allez, salut (adieu !!) Laure & Ophélie et bonne continuation !
Les extraits que j’ai retenus
AprĂšs avoir visitĂ© la maison, nous avons pris le cafĂ© sur la terrasse oĂč Michael Douglas et Sharon Stone se rencontrent pour la premiĂšre fois dans Basic Instinct. Nous avons passĂ© ainsi une heure fort agrĂ©able, et quand nous sommes repartis jâĂ©tais contente dâavoir visitĂ© ce lieu de tournage dâun film sinon mythique, du moins trĂšs connu.
â Tu sais, Charlie, Basic Instinct va ĂȘtre notre film rĂ©fĂ©rence, celui qui symbolisera notre liaison.
Je suis partie dans un délire romantique.
â Je suis ta Catherine Tramell. Dâailleurs, ma beautĂ© Ă©gale celle de son interprĂšte. Si tu veux, tu peux mâappeler SharonâŠ
Au moment oĂč je prononçais cette phrase, je me suis aperçue de lâĂ©normitĂ© de ma gaffe.
Mon compagnon ne mâa pas loupĂ©e.
â Et toi tu mâappelleras Michael ?
Il y a eu une seconde de silence embarrassĂ© puis jâai explosĂ© de rire. Je ne pouvais plus mâarrĂȘter, et mon fou rire inextinguible a fini par contaminer Charlie. Je pleurais, jâavais mal au ventre, mais câĂ©tait un moment sympa : rire ensemble de ce genre de bourde dĂ©montrait les sentiments qui nous unissaient. Une liaison devenue aussi forte en deux jours, câĂ©tait un signe. Le signe que jâavais trouvĂ© celui quâil me fallait.
â OphĂ©lie, ma chanson pour toi.
Il a montĂ© le son, et « Hopelessly Devoted To You » a envahi la voiture. La premiĂšre fois que je lâavais entendue, je mâĂ©tais laissĂ© transporter par les paroles, mais lĂ le cĂŽtĂ© kitsch du tube mâa frappĂ©e.
â Charlie, câest gnangnan, de la guimauve liquide !
Il sâest marrĂ© une fois de plus.
â La diffĂ©rence entre toi et moi, câest que tu nâes pas sentimentale. Pour toi, lâamour nâest que physiqueâŠ
â Et pour toi, il nâest que spirituel, peut-ĂȘtre ? Tu veux que je te rappelle dans quel Ă©tat tu Ă©tais dans le jacuzzi ?
â TouchĂ© !
Je pose ma main sur mes fesses dans une sorte de mouvement caressant et lui fais un clin dâĆil genre salope.
â Oh, Michael, toi aussi tu vas avoir droit Ă une premiĂšre. Es-tu impatient ?
Il ne peut dire quâun seul mot :
â TrĂšs !
Je nâen crois pas mes oreilles : cet homme supposĂ© intelligent pense que je vais mâoffrir Ă lui parce quâil est une star et quâil a de beaux yeux.
â Eh bien, mon cher, il faudra trouver une autre gourde que moi pour quâelle tâoffre son cul ! Pour qui me prends-tu ? Tu crois quâil te suffit de siffler pour que je rapplique comme le petit chien Ă sa mĂ©mĂšre ? Je pensais que tu me connaissais mieux que ça !
Michael est certainement surpris par ma sortie, mais il faut reconnaßtre sa capacité à encaisser les coups sans ciller.
â Je dois dire que la transformation de la petite OphĂ©lie aurait dĂ» mâalerter. Il nâĂ©tait pas imaginable que tu abandonnes le sexe vanille.
Quâest-ce quâil raconte ?
â Le « sexe vanille » ?
â Tu vois, tu ne connais mĂȘme pas la signification de ce terme. Tu es mignonne, OphĂ©lie, et plutĂŽt intelligente, mais pas suffisamment pour comprendre oĂč est ta place. Tu es une distraction agrĂ©able, mĂȘme si la rĂ©pĂ©tition de la position du missionnaire est lassante. Tu aurais pu avoir un week-end sympa, maintenant tu vas rentrer dans ton petit appartement toute seule. De mon cĂŽtĂ©, il y en a dix comme toi qui rĂȘvent de passer ne serait-ce quâune seule nuit avec moi.
Il a gardĂ© son sourire, mais son propos est tranchant comme la plus fine des lames. Jâai beau avoir menĂ© le premier assaut, je suis estomaquĂ©e par la contre-attaque.
Je me retiens de pleurer. Il est temps de partir.
â Tu nâes vraiment quâun infĂąme salopard !