Évanescence, tome 3, Penelope Douglas
Présentation
Deux adolescents brouillés jouent des jeux qui repoussent la frontière entre l’amour et la guerre…
FALLON EST DE RETOUR.
Pendant deux ans, elle était au pensionnat et n’a pas donné de nouvelles. À l’époque où on habitait dans la même maison, elle m’exaspérait le jour, puis le soir, elle laissait la porte ouverte pour que j’aille la voir.
J’étais con, à l’époque, mais maintenant, je suis prêt à la battre à son propre jeu.
JE SUIS DE RETOUR.
Deux ans plus tard, je vois que Madoc a encore envie de moi, même s’il se donne des airs supérieurs.
Mais il ne me fera pas peur. Il ne m’éloignera pas. Il ne me rabaissera pas. Je vais le mettre au pied du mur et riposter. C’est ce qu’il veut, non ? Pourvu que je reste vigilante, il ne saura jamais l’effet qu’il me fait…
10.5/20
Chronicle
Très difficile d’écrire cette chronique. J’ai fini le livre il y a trois semaines et depuis impossible pour moi de revenir dessus et de dire ce que j’en ai pensé. C’est la première fois que je prends autant de temps à en faire une. Ça m’a carrément freiné dans mon rythme de lecture (et j’avais prévu tellement de livres pour cet été :/). Je perds patience en fait avec cette saga.
Cette deuxième histoire d’amour entre Madoc et Fallon, c’est juste un remake de la première histoire de Tate et Jared. C’est une revisite en fait. L’autrice a fait une réécriture de son propre roman, j’comprends pas le concept.
Donc, au début je me suis dit « génial, encore une histoire d’harcèlement sexuel dans la même veine que celle de Tate et Jared. Ah que c’est romantique et sexy de se faire violer et violenter ! » Les premières pages sont un copier/coller des premiers tomes. J’étais très déçue, je voulais lire quelque chose de nouveau et non pas une version édulcorée de l’original.
On a le droit à un magnifique éloge du harcèlement d’ailleurs :
« Mais c’est beau, casser en miettes. Ça fait mal, et il faut se battre pour revenir à l’équilibre, mais on peut s’en trouver plus fort, plus féroce, et plus solide qu’avant. »
C’est quoi le problème de l’autrice à vouloir romantiser et idéaliser ce type de situations ? NON, le harcèlement, c’est pas « beau ». Ça me fait penser aux auteurs de 13 Reasons Why qui semblent avoir la mission de rendre le suicide cool auprès des jeunes (en fait, je n’ai jamais regardé la série mais j’en ai entendu parler, à confirmer !). C’est quel genre d’esprit tordu ça ?
J’ai noté aussi qu’à un moment, Madoc a mis sa main dans le short de Fallon sans son consentement et ça m’a énervé mais en parcourant le fil des pages, ça ne s’annonce pas être une histoire d’harcèlement, comme pour Tate/Jared. Ici, on a affaire à du « je t’aime, moi non plus. ». Chacun essaye de ramener l’autre dans son lit. Oh, je crois que je viens de résumer les 400 pages du bouquin. Car oui, ce livre tourne exclusivement autour des désirs sexuels des deux ados. Et en effet, ça devient un peu relou à la longue. Petite précision d’ailleurs, ils disent se détester mais ce n’est pas le cas. En réalité, c’était assez amical entre eux et ceci même en dehors de leurs sessions sexuelles. Ce n’était pas une rivalité comme l’énonce le titre du tome mais plutôt le début d’un processus de réconciliation. Toutefois, je n’ai eu aucun intérêt à lire ça. Les problèmes amoureux de deux adolescents en crise qui tournent en rond pendant 400 pages, ça va deux minutes en ce qui me concerne.
D’autant plus quand ces dits adolescents me sont entièrement, irréductiblement et absolument antipathiques. Du début à la fin, du premier à ce tome 3 (et je pense que ce sera pareil pour les deux derniers), aucun personnage n’a su me toucher. Je suis restée complétement hermétique à leurs états d’âme, je dois bien l’avouer.
Que dire de Fallon ? Il ne m’a fallu que les deux premières pages du prologue pour savoir que je n’allais pas être fan de la meuf. Elle voit Tate se faire harceler tous les jours depuis deux ans et elle reste simplement spectatrice. C’est peut-être aussi minable que d’être l’agresseur. Puis tout au long du bouquin, elle a été archi chiante, notamment dans sa manie de coucher avec Madoc et partir comme une voleuse le matin en le laissant seul.
Madoc, j’ai pas grand-chose à dire sur lui. C’est un personnage relativement insignifiant, une version soft de Jared quoi. Je dirais quand même que c’est celui que j’ai le moins « pas aimé ». Et leur amitié à eux deux est tellement triste, sérieux, je m’en remets pas. On dirait son toutou et depuis qu’il est avec Tate, Jared n’en a plus rien à foutre de lui, incroyable. Jared, ça ne bouge pas et ça ne bougera jamais, numéro 1 des personnages les plus méprisables de ce livre.
En fait, c’est simple, je méprise tous les personnages. Comme je l’ai dit, je ne suis pas touchée par ce qui leur arrive. Pourquoi ? Eh bien, c’est quand toute la petite troupe s’est décidée à aller chercher Madoc car il ne donnait plus de nouvelles que je me suis rendu compte qu’en plus de ne pas être mon type de lecture, cette série ne s’adresse pas du tout à moi en réalité. Ce sont des livres qui parlent d’une jeunesse blanche qui m’est inconnue. Par conséquent, en tant que non blanche, je ne me suis pas sentie concernée par l’histoire. Il n’y a qu’à regarder les playlists musicales ou le manque de représentations des minorités. Leurs problèmes sont des problèmes de blancs, la musique qu’ils écoutent, c’est de la musique de blancs. La seule référence extérieure à leur “culture“ dans ce bouquin est You Can’t Touch This de MC Hammer, qui est quand même un classique, un tube populaire que Tate qualifie aussitôt de « merde ». Très franchement, c’est la première fois de ma vie que je ressens ça en lisant un livre et je suis affligée. La plupart des héros dont je lis les aventures sont blancs et j’ai jamais eu affaire à ce souci, j’ai jamais ressenti cette dissemblance. Ça me fait vraiment de la peine en tant que lectrice éperdue d’avoir éprouvé ce décalage entre moi, d’un côté et les personnages de l’autre. C’est fou, ça me choquerait presque.
A part ça, j’ai trouvé l’intrigue assez bien ficelé, assez, en tout cas, pour qu’on comprenne avant même d’arriver à la grosse révélation du bouquin.
gros spoiler
elle était enceinte !Le sujet est grave et est censé donner du caractère et de la profondeur à l’histoire mais ça n’aura, au final, pas servi à grand-chose car l’autrice a préféré privilégier le sexe que le côté psychologique des personnages. Trop de sexe. Overdose de sexe. Purée, c’est navrant. Les ados, les hormones, ok d’accord, soit. Je ne suis pas hostile à quelques scènes érotiques mais TROP, c’est TROP. Sur 400 pages, il doit bien en avoir facile 300 qui se résument qu’à ça. C’est juste pas possible. Pourquoi autant ? Pour combler le vide intergalactique du récit ? On atteint des summums de médiocrité, là. J’arrive pas à croire qu’il y a réellement des éditeurs sur cette planète qui ont accepté de publier ça. Bon, c’est vrai que les romans érotiques ont le vent en poupe depuis quelques années mais quand même. Érotisme n’est pas synonyme de médiocrité. Et puis comment tu peux baiser dehors en plein mois d’octobre la nuit dans un parc ??? Cette scène m’a achevé ! j’aurais appelé les keufs direct si j’avais eu le malheur de les croiser. Non mais on est où là ?!
En conclusion, une lecture soporifique et monotone rythmée par une juxtaposition sans fin de scènes de sexe d’adolescents en colère. Quand je pense qu’il me reste encore 2 livres à tirer avant de terminer la saga…
Puis la traduction, quel enfer ! Quelle horreur ! Terrible, une vraie débâcle.
Les extraits que j’ai retenus

Il était ici. On était seuls. On était en colère.
« Déjà vu. »
C’était ce que je voulais. C’était ce que j’avais planifié.
Mais je lui ai tourné le dos.
Je m’étais dit bien des fois que je me fichais de ce qu’il pensait de moi. Après tout, je ne voulais pas qu’il me donne son cœur. Ça n’entrait même pas en ligne de compte. Il n’avait pas à m’aimer ni à me respecter pour que ça fonctionne. J’allais obtenir ce que je voulais sans m’inquiéter de ce qu’il avait en tête. C’était… sans… importance.
Alors, pourquoi est-ce que je ne pouvais pas l’attirer comme j’en avais eu l’intention ? Pourquoi est-ce que je voulais le recracher ?

— Tu es sauve. Pour l’instant.
« N’importe quoi. »
J’ai cligné des yeux lentement, avec force.
« Je maîtrise la situation. Je maîtrise la situation. Je maîtrise la situation. »
Tout prenait une mauvaise tournure. Il me faisait sourire. Il me faisait oublier. Il fallait ralentir.
« Il faut qu’on arrête. »
Il m’a relevé le menton, puis sa bouche a fondu sur la mienne. Je l’ai laissé m’embrasser, sans faire l’effort de répondre à son baiser, mais je ne pouvais m’empêcher d’aspirer son odeur riche et propre. Merde, qu’est-ce que j’adorais son odeur !
Il s’est appuyé par-derrière en me faisant un petit sourire narquois.
— C’est bon de te revoir, Fallon.
Puis, il est sorti comme s’il avait tout ce qu’il voulait dans la paume de sa main.
« Qu’il aille se faire foutre ! »

— […] Un soir, il est allé dans ta chambre et a vu que ta mère avait tout éliminé pour redécorer. Seulement, elle n’avait rien emballé. Elle avait tout jeté.
Ouais, je savais ça. Mais d’une certaine façon, la douleur ne s’étendait pas dans ma poitrine. Si elle l’avait jeté, alors… j’ai baissé les yeux, puis les ai refermés pour contrer de nouveau la brûlure.
« Non. S’il te plaît, non. »
— Madoc est sorti et a tout récupéré à même les boîtes à ordures.
La voix douce d’Addie se répandait autour de moi, et ma poitrine s’est mise à trembler.
— Il a tout mis dans des caisses et tout gardé pour toi.
Mon menton s’est mis à trembler, et j’ai secoué la tête.
« Non, non, non… »
— C’est ce qui fait de Madoc un bon gars, Fallon. Il ramasse les morceaux.
Je me suis écroulée.
Les larmes ont débordé de mes paupières, puis j’ai haleté, le corps tremblant. Je ne pouvais pas ouvrir les yeux. La douleur était trop forte.
Je me suis pliée en serrant le dauphin, et j’ai posé ma tête dessus, en sanglotant.
La tristesse et le désespoir ont monté, et je voulais retirer tout ce que je lui avais dit. Chaque fois que j’avais douté de lui. Tout ce que je ne lui avais pas dit.
Madoc, qui me voyait.
Madoc, qui se souvenait de moi.
