L’Héritage, tome 2, Christopher Paolini
Présentation
Un Dragonnier,
un nouveau rebelle,
une princesse.
L’épopée continue…
Eragon et Saphira, sa dragonne, sont à peine sortis vainqueurs de la bataille de Farthen Dûr que des Urgals attaquent de nouveau et tuent le chef des Vardens… Nasuada, sa fille, est nommée à leurs tête. Après lui avoir prêté allégeance, Eragon entreprend avec Saphira un long et périlleux voyage vers Ellesméra, le royaume des elfes, où ils recevront les enseignements du fameux Togira Ikonoka, l’infirme inchangé.
Pendant ce temps, Roran, le cousin d’Eragon, organise la défense de son village contre les Ra’zacs. Le jeune est persuadé qu’ils veulent récupérer la mystérieuse pierre trouvée par Eragon sur la Crête.
De son côté, le royaume du Surda est toujours en contre l’Empire de Galbatorix, Eragon, Roran, les Vardens et les rebelles du Surda poursuivent désormais un seul et même but : détruire les forces du Mal.
16.5/20
Chronicle
Avant même de commencer L’Aîné, je savais que j’aimerais un tout petit moins que le premier et pour une raison très simple : ça fait 22 jours que j’aurais dû rendre ce livre à la Médiathèque, j’suis archi en retard 😭😭 J’ai clairement trop mal géré ma Summer Reading playlist cette année, je pensais que je serai dans les temps pour la boucler mais bon, que voulez-vous, c’est chaque année la même chose.
Par conséquent, j’ai dû enchaîner le tome 2 à la suite du 1 et je hais faire ça ! Pour moi, c’est important de faire un break entre les tomes d’une série en lisant autre chose entre deux pour que la lecture reste entraînante sans faire une overdose. D’autant plus quand les livres sont des pavés ! Là je viens d’engloutir 1500 PAGES ininterrompues des aventures d’Eragon du coup ce second volet a été un peu plus laborieux à terminer. C’est de ma faute, c’est de ma faute, je le reconnais.
Pour ma défense, il y avait tout de même certains passages assez longs dans ces 800 pages. J’ai immédiatement trouvé qu’il était beaucoup plus intéressant de suivre Roran qu’Eragon. Enfin le point de vue de Roran ! Ce qu’il a vécu avec tout le village de Carvahall était épique !! Du côté d’Eragon, c’était plus soft. Le voyage jusqu’à Ellesméra et la formation de Dragonnier étaient très intéressantes mais c’était un peu répétitif car au premier tome, on le voit aussi beaucoup voyager, découvrir toutes les parties de l’Alagaësia tout en suivant son apprentissage auprès de Brom. Sauf qu’au premier tome, c’était exaltant car on découvrait avec lui. Au deuxième, on continue toujours de découvrir tout un tas de choses mais c’est forcément un peu moins palpitant. Il y a moins de rebondissements aussi du côté d’Eragon. Le fil sur Roran en revanche, incroyable. On voit les changements progressifs du personnage qui passe d’un jeune garçon pas encore tout à fait adulte à un homme que les malheurs de la vie ont rendu dur et qui s’est imposé comme un chef charismatique. C’est d’ailleurs aussi le cas pour Eragon qui devient un meilleur Dragonnier de jour et jour. Il est bon et généreux, a de l’empathie pour les autres et cherche toujours à aider son prochain. C’est un grand homme, un vrai héros tout simplement. J’aime bien qu’il soit devenu végétarien en plus, qu’il comprenne la nature et le fait que la plus petite vie, si infime soit-elle, doit être respectée. Cette aspect là des elfes était vraiment cool.
Une autre personne dont on a suivi le fil de temps à autre : Nasuada. Elle, je ne l’aime pas. Je n’aime pas son caractère et j’attends de voir quelle va être sa pertinence dans la suite des événements car Ajihad aurait très bien pu rester vivant. Je pense que l’auteur s’est dit que faire mourir Ajihad pour mettre sa fille sur le trône rajouterait un élément de tension dans l’intrigue car ça créerait de l’instabilité chez les Vardens et donc indirectement aussi chez les nains et les elfes. Mais, finalement, la position de Nasuada était aussi solide que celle de son père et personne ne conteste vraiment son autorité. Pour moi, elle aurait pu ne pas exister. En tout cas, pour l’instant elle est irrelevant.
Pour parler maintenant des mystères qu’il nous reste encore à éclaircir, eh bien le plus grand pour moi c’est les Ra’zacs ! Ce sont des créatures terrifiantes ! Mais d’où viennent-ils ??? Les Urgals également qui m’ont beaucoup intrigués notamment sur la fin du tome. Je ne sais même pas comment me les représenter. Est-ce que ce sont des hommes avec des têtes de boucs ou des boucs qui ont des corps d’hommes ?
En fait, j’aurais bien voulu savoir d’où tout le monde vient. Je ne m’étais pas plus arrêter que ça sur cette question au tome précédent mais c’est bizarre de se dire que chaque espèce qui peuple l’Alagaësia aujourd’hui a juste accosté là un jour et a décidé d’y vivre sans plus savoir ce qu’il y avait en dehors de ses nouvelles terres. S’ils viennent tous d’autre part, comment ont-ils pu oublié d’où ils venaient ? Ça sous-entend qu’il y a peut-être d’autres espèces qui peuplent ce monde donc pourquoi ne sont-elles pas en Alagaësia ? Comment les elfes pourraient ignorer ce qui se passe à l’extérieur étant donné qu’ils ont la magie ou même les dragons qui pourraient survoler cet inconnu ?! J’ai trouvé qu’il y avait un point de non-sens ici, ça m’a semblé un peu confus mais cette petite histoire du commencement de l’Alagaësia est une trop bonne explication pour introduire la grande guerre qu’il y a eu entre les elfes et les dragons et qui a donc donné naissance aux Dragonniers.
Puis, qui sait ? Y’a peut-être d’autres dragons et notamment d’autres dragonnes en dehors du royaume. J’ai beaucoup aimé que Saphira ne soit plus que la dernière représentante femelle de son espèce et qu’elle soit donc si précieuse. Ah les femmes et leur don de donner la vie…des êtres éminemment supérieurs.
Ça me fait dire aussi que la trilogie est super bien pensé du début à la fin. L’auteur maîtriiiiiiiiiiiiiiiiiiiise. Et là on arrive au moment…le CLIMAAAX du bouquin :
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Murtaaaaagh le Dragonnier ! Alors qu’est-ce que je disais ? Une fois de plus, Amel, tu as prouvé tes qualités de critique littéraire hors pair. Je suis tellement intelligente et brillante, jpp.Bon, en vrai, y’avait 0 intelligence là-dedans, c’était juste tellement évident (sans pour autant être prévisible) ! Christopher Paolini maîtrise tellement bien le récit des événements, c’est si carré, si ordonné qu’on peut presque tout deviner. La logique est mathématique et c’est ça qui fait qu’on adore. Il a tout prévu pour que ce soit excellent. Tout se passe exactement comme je l’imaginais. Je suis super satisfaite de l’issue de ce tome 2. Il a fait de très bons choix pour le prochain livre à venir. Ça promet une suite incroyable et je ne conçois pas d’être déçue. C’est impossible ! C’est vrai que le milieu du livre était un peu moins bon dû à quelques longueurs mais l’intrigue en elle-même tient trop bien la route. Quand je pense qu’il n’avait que 21 ans quand il a publié cette suite, trop de talents !
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Murtagh !! Je l’adore ! J’espère qu’il aura une fin heureuse, il le mérite mais y’a encore beaucoup trop de zones d’ombre autour de lui. C’est le grand frère d’Eragon ! Je suis sûre que ce dernier trouvera la force de le pardonner ou au moins de le libérer, Thorn et lui, de l’emprise de Galbatorix. En plus, le titre de ce tome fait enfin sens et quand j’ai lu ce passage, c’est aussi toute la série qui a fait sens pour moi. L’Héritage, c’est Morzan. Pas lui en tant que père, mais lui en tant que Dragonnier premier des Parjures et père de son frère, qu’il doit affronter aujourd’hui pour rétablir l’équilibre du monde. Très bien trouvé. En ce sens, j’étais contente qu’Eragon et Roran se retrouvent enfin. Toutefois, j’ai peur maintenant que la fraternité de coeur empiète un peu trop sur la fraternité de sang et que l’histoire devienne moins épique tout d’un coup. Les deux gros noeuds plus ou moins reliés du dernier tome seront donc la vengeance des frères de coeur contre les Ra’zacs qui ont tué leur père et la/les vengeance/s des frères de sang dans le sillage de leur monstrueux géniteur.Eragon et Saphira (je n’ai pas parlé de Saphira mais que dire d’elle à part que je l’aime d’amour ?) forment un duo de maîtres extraordinaires et j’ai hâte de voir comment il vont sauver le monde.
Les extraits que j’ai retenus

❤️
Il se fraya un chemin à travers les ramures et déboucha sur la plaine silencieuse. Une colline ronde s’élevait devant lui. Au sommet, telles deux statues antiques, se tenaient Arya et Saphira. Elles étaient tournées vers l’est, où une vague lueur montant dans le ciel teintait d’ambre les herbes de la prairie.
Lorsque la clarté de l’aube illumina les deux silhouettes, Eragon se rappela comment Saphira avait regardé le soleil se lever, perchée sur la colonne de son lit, quelques heures après être sortie de son oeuf. Avec ses yeux perçants étincelant sous l’arcade osseuse, l’arc féroce de son cou, et la souple puissance qui soulignait chaque lignes de son corps, elle lui évoquait un gigantesque épervier ou un faucon. C’était une chasseresse, dans toute la sauvage beauté du mot. Les traits fins d’Arya et sa grâce de panthère s’accordaient parfaitement à la présence de la dragonne, à son côté. Tout, dans leur maintien, les accordait l’une à l’autre tandis qu’elles étaient là, debout, baignées par la lumière du petit matin.
Un frémissement de joie et de respectueuse admiration parcourut le dos d’Eragon. Il avait part à ça, en tant que Dragonnier. Parmi toutes les merveilles de l’Alagaësia, il avait eu la chance d’être associé à ça. Cette pensée lui fit monter les larmes aux yeux ; un sourire exalté illumina son visage ; tous ses doutes, toutes ses peurs se dissolvaient dans une bouffée de pure émotion.
Toujours souriant, il monta sur la colline et vint se placer près de Saphira, pour assister à la naissance du jour.
Arya le regarda. Eragon rencontra ce regard, et son coeur fit une embardée. Il s’empourpra sans savoir pourquoi, prenant conscience d’une soudaine connivence avec elle ; il sut qu’elle le comprenait mieux que quiconque, à l’exception de Saphira. Jamais il n’avait ressenti un tel trouble auparavant ; il en était bouleversé.

Le ciel étincelait d’étoiles, à présent ; le doux hululement des chouettes parcourait Ellesméra. Et le sommeil emportait le monde, calme et silencieux, à travers la nuit limpide.
Eragon se faufila entre les draps soyeux, s’apprêta à refermer le volet de la lanterne, et arrêta son geste, la main en l’air. Il était là, dans la capitale des elfes, perché à cents pieds au-dessus du sol, étendu sur une couche qui avait dû être celle de Vrael.
C’était plus qu’il n’en pouvait supporter.
Roulant hors du lit, il attrapa la lanterne d’une main, Zar’roc de l’autre, rampa jusqu’au nid de Saphira, étonnée, et se pelotonna contre son ventre chaud. Elle ronronna, étendit sur lui une aile de velours. Alors il éteignit la lumière et ferma les yeux.
Ils dormirent ensemble, longtemps, profondément ; ils étaient à Ellesméra.

Eragon se força à sourire et désigna Saphira :
— Malgré le lien qui nous unit, je ne peux jamais prévoir ce qu’elle va faire. Plus j’en apprends sur elle, plus je réalise à quel point nous sommes différents.
Oromis énonça alors une première maxime, dont Eragon pensa que c’était la sagesse même :
— Les êtres que nous aimons le plus sont parfois ceux qui nous sont le plus étrangers.
L’elfe se tut un instant, puis il poursuivit :
— Elle est très jeune, et tu l’es aussi. Il nous a fallu des décennies pour nous entendre parfaitement, Glaedr et moi. Le lien qui unit un Dragonnier et son dragon n’est pas différent des autres relations, c’est un travail constant. As-tu confiance en elle ?
— Je lui confierai ma vie.
— Et a-t-elle confiance en toi ?
— Oui.
— Alors, sois un peu indulgent. Elle a grandi dans la certitude d’être le dernier individu vivant de son espèce. Elle vient de découvrir que c’était faux. Ne t’étonne pas s’il lui faut des mois pour cesser d’asticoter Glaedr est reporter son attention sur toi.

Un matin, cramponné à une écaille de son cou, Eragon lui dit :
« J’ai inventé un autre nom à la douleur. »
« Quel nom ? »
« L’Effaceur. Parce que, lors ce que tu souffres, plus rien d’autre n’existe, ni pensée ni émotion. Ne reste que la lutte pour échapper à cette douleur. Lorsqu’il est assez puissant, l’Effacer t’arrache tout ce qui fait ton identité, jusqu’à te réduire à moins que rien, à une créature habitée par un seul but, un seul désir : s’échapper. »
« C’est le nom qui convient, en ce cas. »
« Je suis à bout, Saphira. Pareil à un vieux cheval qui aurait labouré trop de champs. Soutiens-moi mentalement, sinon je vais partir à la dérive et oublier qui je suis. »
« Je ne t’abandonnerai jamais. »

Horst le fixa dans les yeux un long instant :
— Tu es devenu un homme dur, Roran, plus dur que je le serai jamais.
— Je n’ai pas eu le choix.
— Tâche de ne pas oublier qui tu es.

Avec la fin des combats, des nuées d’aigles, de faucons et de corbeaux s’abattaient sur le sol tel un noir linceul.
Eragon ferma les yeux, des larmes roulèrent sous ses paupières.
Ils avaient gagné ; et, lui, il avait perdu.



