Le Livre du Voyage, Bernard Werber
Présentation
Imaginez un livre
qui serait comme un ami de papier.
Imaginez un livre
qui vous aide à explorer
votre propre esprit.
Imaginez un livre
qui vous entraîne vers le plus beau,
le plus simple
et le plus étonnant des voyages.
Un voyage dans votre vie.
Un voyage dans vos rêves.
Un voyage hors du temps.
Ce livre vous le tenez entre vos mains.
11.5/20
Chronicle
Moi, je suis toujours partante pour voyager ! D’ailleurs, j’écris ces lignes depuis l’aéroport de Tunis Carthage (allez, encore une heure et demie avant d’embarquer !) C’est un livre qu’est sur ma liste depuis plus de dix ans, le voyage s’est fait attendre ! Est-ce que j’ai décollé vers d’autres univers ? Mouais, j’dirais qu’on n’a pas volé très haut.
Au départ, j’aime plutôt bien le jeu que nous propose l’auteur quand le livre demande au lecteur s’il est prêt à se jeter dans l’aventure. On est de suite mis en garde : ce n’est pas un simple bouquin qu’on lirait distraitement, non. Le livre du Voyage réclame notre entière attention. Il faut absolument être libre pour lui, il faut lui consacrer le temps qu’il mérite car ce faisant, c’est à toi-même que tu fais égard. J’ai aimé tout ce côté interactif, ça réussit à nous plonger dedans et pour ma part, je décidai de jouer le jeu à fond ! J’aime bien les livres-concept, j’en lis trop peu. Il me paraît cool à première vue et effectivement, c’est cool parce que c’est un livre feel good. J’ai même eu le sentiment d’être dans un roleplay ASMR version écrite. L’auteur est ahead of his time. Vous savez, c’est ma vieille amie Lila qui m’a introduite à l’ASMR, ça me fait toujours rire quand j’y pense parce qu’au début je l’avais grave jugé et ensuite j’suis devenue totalement fan 🤣 Et, pour le coup, j’avais vraiment l’impression d’être dans une vidéo de Celmar, c’était grave la même vibe (au moins pour le début du livre.)
On y est : décollage immédiat 🚀🚀🚀
Je quitte la Terre pour d’autres galaxies. C’est toujours de cette façon que j’envisage toutes mes lectures, c’est un voyage sans retour. Lire, c’est voyager; voyager, c’est lire. Allez, c’est donc partie pour une nouvelle aventure 📖
Bon… Le livre voulait me faire voler, eh bien il m’aura vite redescendu sur terre. Non mais euuuuh, la page 36, ça se passe comment, en fait ? Petit extrait totalement lunaire :
« Vent affleurant.
roses des sables.
Dunes dorées.
Tu rejoins une ville aux maisons blanches.
Là, il y a une procession.
C’est une cérémonie étrange.
Des gens lancent des imprécations.
Ils brandissent des armes.
Ils disent qu’il ne faut lire qu’un seul livre et aucun autre.
Qu’il ne faut pas penser,
ne pas écouter de musique.
Que les femmes doivent être voilées
et que les filles ne doivent pas
aller à l’école.
Il brûlent des drapeaux.
[…] »
Ça va, on te fait pas trop chier, Bernard ? C’est quoi le thème de ce passage ? Bienvenue chez les boug****** ? Pour un livre qui veut nous faire décoller, ça vole pas bien haut. Je m’attendais pas du tout à lire un truc pareil. Comment l’auteur veut nous faire voyager et lâcher prise s’il n’arrive pas lui-même à prendre de l’altitude sur le monde ? Non mais le niveau de racisme de ces quelques lignes. J’ai tellement l’habitude de lire des bouquins et de tomber sur des passages racistes sortis de nulle part comme ici que je n’arrive même plus à me fâcher. La routine, quoi.
Encore une fois, bien dommage de vouloir prendre de l’altitude sur le monde quand l’auteur n’arrive pas à se détacher de ses opinions et de ses jugements dédaigneux notamment sur la religion et les croyances des hommes. Il place son livre au-dessus de toute autre chose, de toute spiritualité autre que la sienne. Le fait de comparer ce que propose ce voyage aux croyances des autres en disant que les autres sont nulles, c’est plutôt minable. Pourquoi les chamans Navajos seraient dans le faux et pourquoi lui, ce petit livre (pas terrible, somme toute) serait dans le vrai ? Il se veut infini mais c’est un livre qui est en fait, très étriqué. Il parle comme s’il avait trouvé le secret de l’univers, la réponse au mystère de la vie et qu’il est là pour nous le révéler alors qu’on est vraiment loin d’avoir inventer l’eau chaude.
C’est le cas de le dire, on va de poncifs en poncifs et je vais prendre comme exemple le chapitre « Rencontre avec un sage » qui est d’un bateau rarement vu. Petite référence de niveau collège (ou primaire, je ne sais pas ce qu’apprennent les enfants à l’école de nos jours) au sage platonicien que nous interrompons en pleine méditation pour lui dire que sa philosophie, c’est bien des conneries. Pourquoi demander au sage quel est le sens de la vie si c’est de toute façon pour le contredire sur sa réponse ? Le livre nous met en position de sophiste face au philosophe qui s’élève par sa recherche de la vérité. Apprécions la très grande ironie de cette scène, je pense que l’auteur n’a même pas dû faire attention à cette contradiction ! Comme quoi, avant de parler de philosophie, il faudrait d’abord revoir quelques basiques.
En revanche, quelques pages plus tard j’ai bien aimé la phrase :
« Apprécie la chance d’avoir de tels amis. »
Le chapitre sur les amis étaient plutôt cools. Je crois que j’ai quelques amis, mais je mène ma barque seule. Je suis toujours seule. Je n’ai jamais connu qui que ce soit qui ait eu ce genre d’attentions envers moi. J’aurais bien voulu et c’est vrai que c’est une chance.
Puis quelques pages encore et là je lis une énumération de faits historiques où le livre se met à nous dérouler une maxi liste de guerres et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que l’auteur ne mentionne pas la guerre d’Algérie. Curieux en tant que Français de ne pas la mentionner alors que c’est la dernière grande guerre française qui marque l’histoire contemporaine de ce pays. D’un point de vue français, ce n’est pas juste une guerre un peu lointaine ou pas très connue donc il omet sciemment de la mentionner comme si elle n’en valait pas la peine par rapport aux autres guerres, comme si ce n’était qu’un détail. D’abord le premier passage plus haut, ensuite ça, mon petit doigt me dit que l’auteur n’aime pas trop les Norvégiens. Eh oui, le nanard, c’est pas à moi que tu vas la faire.
De toute façon, la lecture est globalement sans intérêt. Il y a un passage ou nous faisons face à la mort et l’auteur nous dit de lui faire une blague pour qu’elle s’en aille. Mouais, bon, si c’est ça le secret de l’univers, eh bien on s’en passera. J’aime bien les livres feel good, en revanche, les bouquins de développement personnel sont ma limite infranchissable. Et on perçoit ce côté-là au fil du “voyage“.
Par exemple, nous, lecteurs, devons choisir un symbole spirituel auquel nous pouvons nous raccrocher tout au long de ce périple. Donc il nous demande d’abandonner nos croyances pour les siennes qui selon lui sont mieux que les nôtres. Avoir un symbole ou comme une sorte de totem, c’est pas lié au bouddhisme ou à l’hindouisme ? Je trouve que c’est intéressant mais je n’aime pas du tout le fait qu’on m’impose cette croyance comme seul moyen pour m’élever dans ce livre. L’essai de l’auteur est totalement raté, il s’y prend très mal. Au lieu d’imposer ses choix au lecteur, le livre aurait plutôt dû nous accueillir et nous faire voyager comme on est en nous laissant la possibilité d’évoluer par nous-même. Le livre répète qu’on est notre propre maître dans ce voyage mais il ne fait que dicter notre conduite et notre réflexion. C’est un peu raté tout ça mais ça se laisse lire quand même alors continuons, on est bientôt arrivé !
En effet, la dernière partie est pour moi la meilleure. On a traversé l’Air, la Terre, le Feu et enfin, l’Eau. Dans le monde de l’eau, on rencontre des dauphins, puis notre moitié originelle qu’on recherchera tout le reste de notre vie (eh bien, encore une autre référence à Platon. Faudrait se décider, c’est des conneries ou pas, Platon ? (pour ceux qui souhaiteraient savoir, c’est le mythe de l’androgyne)) et puis on se rend compte que toute cette flotte et ce long tunnel qu’on traverse à la fin débouche sur la naissance. On est dans le ventre de notre mère. J’ai vraiment aimé cette partie, je l’ai trouvé pertinente, beaucoup plus que tout ce que j’ai pu lire avant, intéressante et j’aime les métaphores associées. On fait de belles rencontres, même si j’ai trouvé que les dauphins étaient un peu trop impressionnés par notre capacité de réflexion venant même à nous nommer les « esprits mutants » car nous sommes l’évolution de notre espèce. L’auteur pense qu’il est le seul à réfléchir et qu’il nous “enseigne“ cette capacité grâce à ce livre. Alors, non, je réfléchissais déjà avant de lire ce livre et nous ne sommes pas tous des êtres sous-évolués comme l’auteur pense visiblement que les hommes sont. Un peu condescendant. À la rencontre des dauphins, on a également le droit à une nouvelle démonstration sur « le secret de l’évolution » à travers les chiffres et cette fois-ci, je l’ai trouvé réussie et originale. Seulement, il y a une petite remarque que je n’ai pas pu m’empêcher, encore une fois, de relever :
« Il [le dauphin] prétend que les chiffres utilisés par les humains, et qui sont d’origine indienne, montrent déjà le sens de la vie. »
J’ai relevé précédemment qu’il ne mentionnait pas délibérément la guerre d’Algérie. Je relève maintenant qu’il précise expressément que les chiffres arabes sont d’origine indienne. Le Bernard, il peut vraiment pas se les voir les arabes ou quoi 😂 C’est tellement drôle parce que c’est si insidieusement écrit (ou non écrit justement (quoique le premier passage des boug****** dans le désert n’est pas des plus subtile)) mais, allez, vous me connaissez maintenant, lire entre les lignes, c’est mon dada.
Tout de même, dans ce voyage dans les tréfonds de la création, on aperçoit nos ancêtres. On a même la chance de discuter avec la planète et la galaxie. À votre avis, elle pense quoi de nous la Voie lactée ?
Pour ce qui est de ce que moi je pense du Livre du Voyage, eh bien je dirais que le voyage s’est arrêté aux alentours de mon quartier. On ne part pas très loin en lisant. C’est ce petit côté suffisant et donneur de leçon que je n’ai pas du tout apprécié et qui ramène sur terre à la vitesse de l’éclair. C’est pas comme ça qu’on élève l’esprit. C’est un raté ! Je salue quand même l’effort, y’avait de bons points créatifs. La fin rattrape l’entièreté du bouquin mais il reste que je me suis ennuyée quasiment toute la lecture. J’écris cette critique grâce à mes notes mais dans le fond, je ne me souviens pratiquement plus du livre.
Un voyage très court et qui a déjà rejoint les abîmes de l’oubli. Quant à moi, je passe d’ores et déjà au voyage suivant, car, demain, je reprends l’avion pour une destination de tous les mystères, de toutes les découvertes. Peut-être que là-bas, je trouverais le sens de la vie, tiens ? Ça, ce sera peut-être pour un prochain article 🤓
Les extraits que j’ai choisis

Tu as droit à une heure de quiétude, ne serait-ce qu’une fois dans ton existence.
Une heure durant laquelle personne ne te réclamera rien, personne ne te menacera de rien, personne ne viendra parasiter ton esprit avec ses soucis.
Une heure de tranquillité.
Pour me lire.
Zut !
Je suis un livre, mais je suis aussi une maîtresse, ou un amant exclusif durant les moments où nous fusionnons.
Après ma lecture tu fais ce que tu veux,
mais quand tu es avec moi, j’exige
ton attention.
Sois attentif.
Si tu n’as pas assez de courage pour affronter le partenaire de tes nuits, ou les fâcheux auxquels tu t’es, bon gré mal gré, habitué, ce n’est pas grave, referme-moi,
il n’est pas encore trop tard,
je te libère de ton contrat.
Il y a des tas d’autres livres qui ne te demandent rien et se laissent lire dans les situations les plus inconfortables.
Il y a même des livres qui ne te demandent qu’une seule chose : être achetés.
Même pas lus, juste achetés.
Si tu as poursuivi ta lecture jusqu’ici, il est temps de te libérer de tes dernières entraves.

Un imbécile est quelqu’un qui n’a aucun tuteur, aucun bâton, aucune béquille pour le faire tenir droit.
Il trébuche mais, au moins, il avance, et il avance seul.
Imbécile : c’est en fait le plus beau compliment que tu pouvais recevoir.
Il te regarde différemment.
À cet instant, cher lecteur, tu sais que jamais personne ne pourra mieux que toi découvrir le monde et l’univers.
Toi et personne d’autre.
Tu n’as pas besoin de sage, tu n’as pas besoin de philosophe professionnel, tu n’as pas besoin de « bon conseilleur » ni de ces tartuffes qui étalent leur esprit parce que, précisément, ils ne savent pas le faire décoller.
Ni dieu ni maître ne te sont nécessaires.
Tu n’as même pas besoin de moi, « Le Livre du Voyage », car ton chemin est unique et tu es le seul à le diriger.

Il est déséquilibré.
Il tombe.
Cette scène semble se dérouler au ralenti.
Son visage affiche la surprise.
Il continue de tomber.
Il s’en veut de s’être fait avoir aussi stupidement.
Il rejoint enfin le sol.
Vaincu.
Tiens, tu n’y avais pas pensé mais,
naturellement, quand ça ne va plus,
on revient embrasser la terre.
Tu te penches vers lui.
Tu le remercies pour la beauté du combat.
Et aussi pour l’enseignement qu’il t’a apporté.
Il faut toujours remercier ses ennemis.
Sans eux, tu n’évoluerais pas.

Vos doigts se frôlent une dernière fois.
Elle te dit qu’il est temps de continuer
ton chemin et de suivre les dauphins.
Tu insistes pour qu’elle reste avec toi.
Elle te fait clairement comprendre que les êtres humains ne sont pas des biens
à posséder.
Il faut laisser les gens venir et repartir
à leur gré.
Même elle ?
Surtout elle.
La plus grande preuve d’amour que tu puisses lui donner est de lui laisser sa liberté.
Tu es déçu comme la première fois où ta maman t’a laissé seul.
Tu es déçu comme la première fois où tu as compris que le monde et toi étiez différenciés.
Elle ajoute que tu la retrouveras plus tard, ailleurs, peut-être dans le réel.
Si c’est inscrit dans les étoiles…
Mais, pour l’instant, tu dois poursuivre ta route.

Je pense que lire ta critique de ce Livre du Voyage me suffit. Ça ne semble pas dans mes cordes. Les trucs du genre « voici la vérité absolue » me donne de l’urticaire 😉.
J’espère que tu vivras ou as vécu de belles aventures durant ton séjour bien réel.
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J’ai des tonnes d’aventures en cours en ce moment ! Trop de changements dans ma petite vie ! J’aimerais en faire des articles mais j’dis toujours ça et je ne les écris jamais 😂
Merci pour ton commentaire ✨🌈
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