Pour mon douzième voyage chez la Confrérie, on peut dire que c’était plutôt bien et j’ai passé un bon moment dans l’ensemble. Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis…c’est moi ou la série s’essouffle ?? J’sais pas, il y a un truc qui 🔔
J’ai lu les neuf premiers tomes à la suite il y a de ça des années et ce n’est qu’il y a à peu près deux ans que je me suis remise sur cette série. J’avais adoré les neuf premiers mais avoir repris la série presque cinq ans plus tard a marqué une vraie coupure dans ma manière d’analyser cette lecture. Je suis plus mature (plus critique aussi) et mon état d’esprit a considérablement évolué. En fait, mon regard s’accroche à pleins de petits détails qui clochent, détails auxquels j’avais accordé approximativement zéro attention quand j’avais commencé la série. Je remarquais déjà certaines choses mais je passais outre, ça ne me dérangeait pas plus que ça à cette époque. Mais c’est clairement plus le cas aujourd’hui !

Et le premier truc qui m’a sauté aux yeux avec L’Amant Souverain, c’est que l’autrice est archi problématique concernant le traitement des femme dans sa série. Je voyais bien qu’elle l’était dans les tomes précédents, mais j’avais pas capté que c’était à ce point. OMG, est-ce que je vais finir par me fâcher aussi avec la Ward ?

« Elle n’avait jamais été l’une de ces bécasses qui rêvent au prince charmant »

Eh bien non, Beth, c’est une “bécasse“ qui rêve de bébé et de couche-culotte. On pourrait dire la même chose, hein. Je ne vois pas pourquoi l’une serait une bécasse et l’autre non, en sachant que quand tu attends le prince charmant, en général il y a les enfants qui vont avec derrière et n’oublions pas que Beth s’est aussi marié à un “roi charmant“ donc j’ai pas du tout apprécié tout le mépris sexiste que renfermait ce passage. Voici un petit exemple de ce que l’on peut lire tout au long du livre. Mais la pire phrase de ce tome était sans conteste celle-ci (à propos de Trez) :

« Il avait pénétré des centaines d’humaines dégoûtantes »

Naan mais sééérieuux… 

La manière dont l’autrice décrit les femmes humaines est très très grave. Je n’avais déjà pas trop kiffé ça dans le tome d’avant, en laissant passer toutefois mais là c’est abusé. Les “femelles vampires“ pures et inatteignables et les “femmes humaines“ profanes et jetables. C’est fou parce qu’il y a une forte dose d’érotisme dans cette série mais elle se permet paradoxalement de juger les femmes à la sexualité assumée. Pour la milliardième fois, les femmes font ce qu’elles veulent de leurs corps et c’est certainement pas la Ward qui va venir donner des leçons. Surtout que l’autrice écrit des scènes tout aussi salaces donc franchement, venir jouer les prudes au chapitre d’après, ça n’a aucun sens.

Ce qui est encore plus paradoxal, c’est que la série semble si ouverte sur le droit et la représentation des homosexuels mais si fermée, presque rétrograde sur le regard qu’elle pose sur les femmes. Par exemple, la société vampire est profondément patriarcale et exerce un contrôle très sévère sur le corps de leurs semblables féminines. Le fait qu’une vampiresse a besoin d’un « mâle responsable » pour décider à sa place pour tout et pour rien est exaspérant. Purée, j’arrive pas à croire que je ne prends que maintenant l’ampleur de désastre misogyne.

Pour ce qui est de l’histoire, j’ai beaucoup aimé retrouver Beth & Wrath, ceux avec qui tout a commencé. Je me souviens avoir adoré le premier tome. Ils étaient très charismatiques et ça reste LE couple de la Confrérie. Pour ce come-back, ils ne sont plus vraiment ce qu’ils étaient. Wrath n’est plus aussi ténébreux et Beth plus aussi brillante mais leur histoire reste quand même intéressante.
Pareil pour Trez & Selena. C’était cool d’en apprendre plus sur les Ombres mais le personnage de Selena est tellement fade. Une fille naïve, même niaise j’dirais, ne possédant aucune personnalité. C’est juste une élue de plus, parfaite, vierge, innocente et somme toute insignifiante. L’autrice aime jouer sur les fantasmes des hommes (alors que la série s’adresse plutôt aux femmes, autre paradoxe).

À remarquer que Trez est le premier personnage noir qu’on voit depuis le début de la série qui n’est peuplée que de créatures à la peau diaphane et aux yeux clairs (bleus, verts, gris, jaunes, violets, phosphorescents etc. tout sauf du noir ou du marron…) et ça n’a pas raté, il y a quelques petits points que je n’ai pas aimé dans la manière de l’autrice de traiter ce perso.

« Dans le monde des humains, tout le monde le prenait pour un Noir et projetait sur lui ses préjugés raciaux, bons et mauvais, mais là était l’ironie. Il n’était ni « africain », ni « américain », donc aucune de ces conneries ne s’appliquait à lui, en dépit du fait que sa peau était foncée. »

Houlà, en tant que blanche, l’autrice ne devrait clairement pas s’aventurer dans ce genre de débat. Donc la dure et courageuse cause que les activistes antiracistes portent à bout de bras aux États-Unis sont des conneries pour l’autrice ?? L’identité raciale et le racisme qui va avec, c’est pas des conneries. Il y a beaucoup trop de gens qui ont souffrent pour oser dire ça. 
Même chose pour Beth qui subit le “racisme“ des vampires car elle est à moitié humaine. Je n’ai pas aimé le fait que l’autrice cherche à comparer ce que vivent les non blancs dans son pays avec ce que vit Beth fictivement dans un cas de figure imaginaire qui n’existera jamais dans le monde réel. Il n’y a pas de comparaison à faire. 

Enfin, dernier couple vedette, Ahssaut & Sola. C’était d’un chiiiiaant. L’autrice leur a consacré beaucoup trop de temps dans ce tome alors que j’aurais nettement préféré qu’on s’attarde un peu plus sur le dossier Xcor/Layla. Et en parlant de Xcor, je n’ai pas compris comment il pouvait

voir le spoil

abandonner aussi facilement sa quête vers le trône. Quand il annonce à Affhres qu’il lâche l’affaire et que ce dernier lui rétorque : « Tes ambitions servaient les miennes », c’est comme si l’autrice nous insinuait que ce n’était pas Xcor mais Affhres le cerveau du mal en soif de pouvoir royal. Je suis restée perplexe. J’ai trouvé ça un peu nul de finir comme ça l’arc sur la bande de salopards.

Reste à voir la suite.

Dernière remarque sur la longueur du livre qui paraît presque interminable ! Le fait que ce soit aussi long gâche un peu le plaisir, à mon avis. J’ai commencé à me lasser au bout de la 550^ème pages. Toutes les bonnes choses ont une fin, j’ai envie de dire.

Et effectivement, on a une belle fin, assez émouvante. C’était bien vu de réformer le job du roi pour en faire un poste qui a du sens pour lui mais je trouve que le fait qu’il passe de “je déteste être roi“ à “j’adore ça“ est trop précipité (d’un autre côté, devenir père remet les choses en perspective donc je laisse passer cette bourde). J’aime bien l’amour de Beth & Wrath qui est maintenant scellé à tout jamais avec la venue de ce bébé. Comme je l’ai déjà dit, j’aime beaucoup le fait que ce soit une grande famille la Confrérie. C’est vrai qu’en tant que lectrice et avec autant de tomes, j’ai presque l’impression d’en faire partie également. L’univers de la Confrérie est très riche. J’ai hâte d’en savoir plus sur Lassiter ! C’est de loin le personnage le plus drôle de la série. J’peux pas nier le fait que plus j’en lis et moins ma lecture m’enchante qu’auparavant mais j’peux pas non plus nier qu’au fil des années, je me suis attachée à tout ce petit monde.

Le tome suivant sur Trez & Selena m’emballe moins qu’à l’accoutumée, vraiment la flemme. J’espère que le point de vue des lessers reviendra dans la narration, moi j’adorais suivre ce qui se passait dans leur camp !! C’est dommage de nous en priver ! Malgré tout, je continue d’apprécier La Confrérie de la Dague Noire ! L’univers m’est tellement familier, je ne me vois pas le quitter… pour l’instant.

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Les extraits que j’ai retenus