La Confrérie de la Dague Noire, tome 13, J. R. Ward
Présentation
UNE GUERRE FAIT RAGE À L’INSU DES HUMAINS.
Vendu en esclavage à la naissance, Trez n’a confiance en personne, sauf son jumeau iAm, à ses côtés depuis toujours, et peut-être Selena, la belle Élue… s’il a le courage de se battre pour elle.
Mais pour rester près d’elle, il devra défier la reine à qui il appartient. Déchiré entre la possibilité de vivre sans la femme qu’il aime et celle de provoquer une guerre entre les s’Hisbe et la Confrérie, Trez doit faire son choix : affronter l’ennemi seul ou accorder enfin sa confiance à ses frères d’armes, et risquer ainsi de perdre tout ce qu’il a appris à chérir…
12/20
Chronicle
Bon. J’ai lu le tome 12 l’année dernière et je me suis dit que si j’avais une moyenne d’un tome par an pour cette série interminable, ça pourrait être pas mal. Je dois admettre que L’Amant des Ombres n’était pas vraiment une lecture que j’attendais avec impatience. En fait, on est en octobre et je ne pensais même pas reprendre la Confrérie cette année. Vraiment trop la flemme. Mais j’avais besoin de lire quelque chose pour avancer dans ma back-to-school reading playlist de cette année et je n’avais pas la place d’emmener un livre papier avec moi en voyage donc je me suis retrouvé avec le seul ebook que j’avais sous la main : ce treizième tome… qui est celui de Trez ! j’en reste bouche bée.
Mais avant de commencer, j’ai remarqué que maintenant, quand je me remets sur cette série, je suis toujours tellement mais tellement exaspérée par la longueur des pavés puis quand c’est terminé, je me dis que j’aurais bien continué à lire un peu plus. Je suis devant un énorme paradoxe livresque. Je crois que je me l’explique par le fait qu’après toutes ces années, je me suis un peu attaché à tout ce petit monde et que malgré moi, même si j’expérimente une lecture chiante sur la moitié (et je suis gentille) du livre, bah je veux savoir la suite. C’est comme si je continuais cette série par habitude plus qu’autre chose.
Et sans surprise, le PLUS GROS DÉFAUT de ce bouquin et de tous ceux d’avant depuis que j’ai repris la série : la looooooooooooooonguueeeuuuuuuuuuur !!! C’est tellement long que c’en est presque répulsif ! J’en suis à appréhender le tome avant même de l’avoir commencé ! Et alors quand on est dedans, faut accrocher sa ceinture. C’est long long long, on n’en sort pas. J’suis comme le gars dans cette vidéo :
Le deuxième gros défaut de la série, le sexisme et la misogynie, sont relativement moins présents dans cette suite donc j’ai été assez satisfaite de ce côté. Ça n’empêche pas quelques remarques sur les pauvres humaines dévergondées mais je dirais que c’était anecdotique. Y’a néanmoins une petite phrase de Trez qui m’a doucement fait sourire : « tu sais comment je me suis comporté avec les putes. » Qui pour lui dire que c’est lui la pute ? Littéralement toutes les femmes de Caldwell se le sont tapé et viennent le trouver à son club pour lui tirer un coup car il est toujours disponible donc, bon, le monsieur serait aimable d’aller voir ce qu’est la définition d’une pute et qu’il mette un peu de respect quand ils parlent des travailleurs du sexe étant donné qu’il en fait lui-même partie même s’il n’en pas conscience.
Trez n’est toutefois pas le seul à mépriser les humains. En effet, on a également le droit à une jolie pensée de la belle et si innocente Layla, je cite :
« Pourquoi les vampires ne ressemblaient-ils pas davantage aux humains ? Ces rats sans queue ne comptaient que neuf mois de gestation, au lieu des dix-huit de son espèce. »
Ces rats sans queue…Quand je lis ça, je me dis que l’autrice est vraiment dans une matrix. Elle s’est elle-même enfermée dans son propre monde à force d’écrire des milliers et des milliers de pages de fiction dessus. En plus, tout ce mépris dans la bouche de la gentille et obéissante Layla qui n’a jamais mis un pied en dehors de chez les vampires, c’est à se demander.
D’autant quand, d’entre les humains et les vampires, ceux qui se rapprochent le plus d’animaux en rût, c’est bien ces derniers. Tout d’abord, et c’est quelque chose qui m’a toujours gêné dans cette série sans que je m’en plaigne toutefois mais qui devient insupportable, c’est tous les “mâles“ et les “femelles“ répétés 30 fois par page. Je déteste ce genre de langage même si c’est la désignation qu’on emploie pour les vampires (car ils ne sont ni des hommes ni des femmes) mais se nommer toujours par “le mâle“ et “la femelle“ revête un côté trop dérangeant pour moi en plus d’être si répétitif.
Deuxièmement, c’est un reproche que j’avais déjà formulé à propos de La Meute du Phénix et que je suis donc obligée de réitérer ici (je suis en train de souffler tellement fort là) : la jalousie excessive, RI-DI-CUUU-LE des mâles à l’égard de leurs femelles. Mais omg, j’en peux plus. La scène qui m’a vraiment fait souffler à quasi chaque ligne, c’est lorsque Selena est à l’hôpital paralysée en train de se transformer en pierre et que Trez ne laisse pas les médecins ou les frères approcher pour lui venir en aide. Il montre les crocs et il grogne. C’est quoi cette attitude de trou du cul ? Faut circuler et laisser les professionnels faire leurs taff, en fait. Lui, il pense que les autres mecs vont toucher sa femme ou je ne sais quoi de tordu alors qu’ils sont tous casés, qu’ils n’en ont rien à foutre et qu’ils veulent juste soigner l’impotente fin.
À part ça, je n’ai pas grand-chose à dire sur notre couple star. Ils sont tous les deux très prévisibles mais ils jouent leurs rôles de “mâle lié“ et de demoiselle fragile mais courageuse à merveille. Bémol cependant pour l’autrice qui juge bon de comparer le fait que des « Italiens de souche » ne veulent pas de Trez comme chef du restaurant aux Ombres qui ne veulent pas se mélanger avec « les vampires ou les symphathes, et encore moins avec ces rats sans queue qu’étaient les humains. » Non mais je rêve. C’est si dur que ça de juste reconnaître que c’est du racisme au lieu de le comparer à des trucs farfelus et même assez limite puisque les Ombres sont la seule communauté non blanche (non blafarde) de cette série et genre, comme par hasard, c’est seulement eux qui méprisent les communautés blanches !? Ah, tiens, je ne savais pas que les Ombres persécutaient les autres vampires pour leurs couleurs de peau.
Quoi qu’il en soit, le fil sur Trez et Selena suit son cours mais c’est bien dommage que le cours soit aussi long. C’est la faute à vouloir écrire des pavés de presque mille page qui diminue en conséquence l’efficacité du récit. Par exemple, le fait de privatiser un parc d’attraction rien que pour Selena, c’est très bien mais ça apporte quoi à l’histoire ? Il y a déjà eu le restaurant dans le gratte-ciel qui tourne, on peut clairement s’arrêter là. Surtout que ce passage au parc d’attraction (à la différence du resto) n’apporte rien aux différentes intrigues. Il est juste là pour qu’on constate leur amour, sauf qu’on constate déjà leur amour depuis 600 pages donc il n’y a pas de quoi rallonger. C’est tellement long pour rien ! Puis, personnellement, j’en ai strictement rien à foutre qu’ils privatisent un parc d’attraction pour eux. Moi, je ne suis pas millionnaire, je suis même loin d’être riche (pour vous faire une idée, j’suis tellement pauvre que j’ai le droit à la CMU 😭 et j’en profite comme il se doit 😭 (seule fois où vous me verrez dire “merci la Fronce“)) et t’façon, j’suis même pas en couple ! Donc, voir des riches avoir des vies de riches, ça va deux minutes. Tout cet étalage d’ostentation et de pouvoir que je ne connaîtrais peut-être jamais dans ma vie ne me vend pas de rêve, en ce qui me concerne. Et en vrai, je ne trouve pas que ce soit aussi profond et romantique que ça mais c’est mon avis (mdr je parle vraiment comme une rageuse).
En attendant, les chapitres défilent et défilent et défilent et on ne voit toujours pas la fin du tunnel. C’est interminable…jusqu’au
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moment où Selena n’est plus. Il aura fallu attendre que l’Élue clams pour que ça devienne un peu intéressant avec une guerre qui se profile et un fil inattendu sur iAm qui fait son bout de chemin en parallèle. Enfin un peu d’action ! Franchement, à partir de là, j’ai bien accroché jusqu’à la dernière page.Curieusement, je n’ai pas trouvé la mort de Selena triste sur le moment. J’sais pas trop, je n’ai pas ressenti la douleur des personnages plus que ça ou peut-être un peu plus celle de Trez mais j’étais assez détachée. Je pense premièrement parce que c’est trop long et redondant à la première scène du début où elle se transforme en pierre et, deuxièmement parce qu’il y a trop de fils narratif en parallèle donc passer de l’un à l’autre au gré des chapitres rend difficile de concentrer ses émotions sur un seul truc. Ceci dit, j’ai vraiment apprécié le dernier chapitre entre eux deux, le ciel, une pluie de météores et les étoiles. Trez qui décide de rester à la vie pour rendre la pareille à son frère et qui continue d’aimer Selena de loin avec beaucoup de grandeur et de recul. Sur la fin, j’ai été un peu triste mais c’était une belle tristesse car même si ça va sûrement faire de lui quelqu’un de bien mélancolique, il sera aussi heureux dans un sens d’avoir eu la chance de la connaître et de vivre dans la mémoire de ses souvenirs avec elle jusqu’à la rejoindre. Je sais qu’il s’en sortira très bien et il a trouvé la paix en voyant que son frère est heureux. C’est une belle fin et j’espère juste qu’elle ne sera pas gâchée plus tard par des trucs absurdes en mode elle va ressusciter ou quelque chose comme ça. Ce serait dommage après tout ça mais à un moment, quand Trez arrive à capter Selena dans l’Estompe, elle lui dit un truc très bizarre qui pousse à se poser des questions : « Je ne suis pas morte… » Si elle revient dans un prochain tome, je mettrai un -1 symbolique par principe, hé faut pas trop se foutre de nous non plus avec ces personnages qui meurt et qui ressuscitent à convenance.
D’ailleurs !! J’ai failli oublier d’en parler mais la Vierge Scribe, c’est une déesse ou c’est juste une meuf un peu cheloue qui brille vite fait ? Si c’est elle qui a créé les vampires, pourquoi elle ne peut juste pas guérir Layla ? Encore pire, pourquoi elle va chercher Trez pour aider Layla ?? Genre Trez a plus de chance de sauver Layla qu’elle ? (Je parlais de Selena mais comme toutes les Élues ont la même personnalité et sont décrites pareilles, voilà que je m’emmêle.) C’est une “déesse“ complètement inutile qui n’inspire aucune autorité. Sur les autres personnages divins, on a aussi l’ange Lassiter, qui, bien qu’amusant au début, commence à devenir ennuyant. Ça doit bien faire cinq tomes que ce personnage est apparu et on ne sait toujours rien de lui. L’autrice souhaite sans doute entretenir quelques mystères pour bien étirer la série mais ça devient juste archi lassant à la longue. Ne se rend-elle pas compte qu’elle est en train d’agacer ses lecteurs de la première heure ? Le pire dossier sur le feu depuis je ne sais combien de temps maintenant étant le cas Xcor/Layla. Leurs relations était intéressante, je pense qu’elle l’est toujours (non non, elle ne l’est plus) mais ça s’étire tellement que ça suffit, quoi ! Je n’ai même plus la curiosité d’en savoir plus sur eux. Ça m’a découragé. Il y aussi une scène qui m’a un peu dégoutée lorsque Layla le mate en train de se masturber alors qu’il lui a dit de quitter d’ici et toutes les scènes entre eux après celle-là. Beurk, on est où là ? Moi qui parle beaucoup de consentement, je ne m’étais jamais dit qu’il faille préciser que ça allait dans les deux sens. Il a dit NON donc il faut le respecter. Pas si innocente que ça la Layla, harceleuse, obsédée sexuelle et grosse cochonne à ses heures perdues. Puis, quand elle rentre à la maison, on a l’autre teubé de Qhuinn qui lui demande des comptes tout en lui disant : « je n’ai aucun droit de savoir ce que tu fais ta vie ». Pourtant, ça ne l’empêche pas de poser des questions. Je déteste cette infantilisation constante des femmes surtout que, d’après ses activités extra-scolaires, la p’tite Layla n’a rien d’une gamine.
Enfin bref, le plus chanceux d’entre tous dans ce capharnaüm, c’est iAm. On a eu deux Ombres pour le prix d’une. Son histoire avec maichen est vite expédiée mais vaut mieux un truc court et efficace que les interminables méli-mélos auxquelles on a le droit depuis le début. Ça rééquilibre un peu l’ensemble. En plus, c’était pas très compliqué de deviner que
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c’était lui l’Oint.Merci à s’Ex pour s’être démener pour eux gratuitement. Pourquoi se mouille-t-il autant pour eux, en fait ? Il n’a rien à gagner et tout à perdre. Pour les prostitués que lui a promis iAm en échange ? Il peut les avoir sans l’aide de personne. maichen lui demande de l’escorter à la salle d’astrologie, il lui demande pourquoi et il est bien dans son droit vu que les risques sont énormes. Elle ne veut pas le lui dire et du coup ils y vont quand même ensemble ! Moi je le trouve très gentil ce s’Ex. C’est le personnage arrangeant par excellence alors qu’il était supposé être le grand méchant loup exécuteur de la reine. Je suppose qu’on aura sûrement un tome sur lui un jour vu comme son personnage a été relativement développé et que, de toute façon, l’autrice ne compte pas finir la série. Ça devient n’importe quoi, n’empêche. Toutes les bonnes choses ont une fin, j’ai envie de dire. C’est dommage, je ne sais pas si elle s’en rend compte, mais elle est en train de nuire à sa propre création. Je ne suis pas la seule à penser cela de La Confrérie de la Dague Noire. La lassitude se situe surtout sur le fait qu’on souhaite que l’autrice sorte enfin les tomes tant attendus et notamment celui de Xcor & Layla. Quand j’ai vu que Rhage revenait dans la narrative, j’ai tout de suite pensé que l’autrice était en train d’amorcer un livre come-back avec lui comme centre de l’attention. J’ai vérifié et c’est bien le cas, c’est le prochain ! Et comme pour le tome sur Trez, bah je n’ai pas spécialement envie de le lire non plus. J’aime bien Rhage mais étirer l’histoire et faire patienter les lecteurs de cette façon, c’est juste pas possible. Ça ne m’intéresse même plus. Je n’imagine pas quand on va avoir le tome sur Ahssaut et Sola. Soit je mettrais fin à mon aventures livresques avec la confrérie, soit je le sauterais et passerais au suivant. Leur histoire est largement la plus chiante de toute la série. Heureusement qu’on en a à peine parler ce tome-ci ! Pour ce qui est d’Ahssaut, ses histoires de trafic de drogues avec les lessers et de dépendance sont plutôt attrayantes et j’ai été déçue que Wrath et les frères y mettent un terme et qu’il se retrouve obligée de tuer le Grand Éradiqueur. Bah ouais, pourquoi tout devrait tourner autour du bon vouloir de Wrath ? Tellement chiant.
Hors-sujet mais j’ai l’impression que ça fait 6h que je suis sur cette chronique, je n’en peux plus. Elle est aussi longue que le bouquin lui-même. Je suis fatiguée d’avoir autant rédiger carrément ! Bon, il est temps de clore cette critique.
Ah non, juste avant, laissez-moi également ajouter une remarque sur les doggen. Il me semble que je ne les ai jamais mentionnés jusque-là mais je n’en pensais pas moins pour autant. Plus j’avance dans la série, plus ça me dérange. Je trouve leur rôle parfaitement scandaleux. Même leur appellation ressemble au mot chien ! En fait, ce sont juste des esclaves mais pour rendre le truc plus accommodant, l’autrice s’est dit qu’elle allait inventer une sous-race de vampires dont la seule mission serait d’adorer servir leurs maîtres. C’est archi glauque quand j’y pense et je trouve ça tellement triste comme vie. Les doggen n’ont le droit à rien d’autre que servir leurs maîtres. Ménage, cuisine, tout et n’importe quel désir de leurs esclavagistes et leur plus grand bonheur est que ces derniers leurs donnent encore plus de corvées à faire. Quand le maître décide de faire quelque chose par lui-même, ils sont même décrits comme malheureux et angoissés. C’est vraiment une blague.
Maintenant, pour enfiiiiiiiiiiiiiin clore cette chronique, je dirais très brièvement trop long et trop d’histoires imbriquées ce qui commencent à sérieusement nuire à la série. On ressent que ça s’essouffle. Rhage pour le tome suivant ? Franchement, non quoi, je ne ressens pas le moindre intérêt pour la suite et encore moins le courage de m’y attaquer ! on verra d’ici un an !
Les extraits que j’ai retenus

— Alors ? demanda Zypher. À quoi ressemble-t-elle ?
À cette question, un silence, qui sembla avoir percuté le bruit ambiant, s’installa soudain dans le salon.
Et Xcor ne voulait pas leur en parler mais il avait caché ce secret pendant si longtemps.
Avec des mots hésitants, il dit :
— Elle est… la lune dans le ciel nocturne. Et voilà le début, le milieu, et la fin de l’histoire. Il n’y a rien de plus à en dire, et je ne parlerai plus jamais d’elle.

— J’imagine que la princesse lui rendrait sa liberté, si elle le pouvait. Elle ne souhaiterait pas que quelqu’un souffre, surtout après avoir perdu quelqu’un d’aussi cher.
— Est-ce que tu la connais ?
— Je l’ai servie.
— À quoi ressemble-t-elle ? (Avant qu’elle puisse répondre, il leva la main.) En fait, je n’ai pas besoin de le savoir.
— Je crois qu’elle dirait qu’elle est aussi piégée que ton frère. Je crois… qu’elle est elle aussi prisonnière du destin.
Il se frotta le visage.
— Cela me fait la détester un peu moins. Je suppose que je n’ai jamais réfléchi à ce que ça devait être pour elle.
— On l’a informée de sa destinée, tout comme lui. Elle n’a rien choisi.
iAm éclata d’un rire bref.
— Ils peuvent peut-être dire à la reine d’aller se faire voir. S’ils refusent tous les deux de jouer le jeu, tout pourrait s’arrêter là, même si cela n’empêchera pas mon frère de perdre son amour.
— Mais les étoiles ont dévoilé leurs destins.
Le regard noir revint sur elle.
— Est-ce que tu y crois ? Je veux dire, penses-tu vraiment que l’alignement d’un groupe de planètes indifférentes à des millions d’années-lumière d’ici devrait servir à programmer la vie des gens ? Moi pas.
— Il en est ainsi depuis des générations, répondit-elle d’une voix éteinte.
— Ça ne fait pas de ce système une chose juste pour autant. En fait, cela le rend même encore plus choquant. Songe à toutes ces existences gâchées.

— Trez, tout me terrifie. (Elle montra les cachets.) J’ai peur de les prendre. J’ai peur d’aller dormir…
— Tu es très courageuse… Le courage ne signifie pas que tu n’as pas peur. (Il posa la bouche sur la sienne et l’embrassa.) Mon Dieu ! je t’aime tant. Je t’aime si profondément. Je t’aime pour toujours.
Glissant les bras autour de lui, elle le serra fort et essuya peut-être quelques larmes sur sa chemise.
— Très bien, tu me trouves courageuse… eh bien, tu es le mâle le plus romantique que j’aie jamais connu, vu, ou même entendu parler.
Ce fut à son tour de rire, et le grondement grave sonna agréablement à son oreille.
— Oui. C’est ça. Bien sûr.
Collant son corps contre le sien, elle ajouta :
— Il n’y a rien de plus romantique sur terre que d’aimer quelqu’un de tout son cœur, même en sachant que cette personne va disparaître.
Il se figea.
— Comment un mâle pourrait-il aimer une femelle de valeur comme toi autrement que de toute son âme, absolument et sans le moindre regret ?
Comme ils demeuraient là dans ce tunnel, à mi-chemin du complexe et de la maison principale, elle songea qu’il était logique que ce qui partait de chaque côté d’eux semble se perdre dans l’infini. Ils n’avaient que ce point central, ici et maintenant, et ils devaient s’arranger pour en tirer le plus de bonheur possible.

— Allez, répète-le avec moi.
— Répéter quoi ?
— « Va te faire foutre, la mort. »
— Trez. Ne sois pas ridicule…
— Eh ! dehors, il est possible que la Grande Faucheuse soit aux aguets, alors je pense qu’elle doit savoir à quel point on la déteste. Allez, ma reine, dis-le avec moi : « Va te faire foutre, la mort. »
Elle leva sa main libre pour dissimuler un sourire tremblant.
— Tu es fou.
— Dis-moi plutôt quelque chose que j’ignore, et cesse d’esquiver. « Va te faire foutre, la mort ! »
Quand elle se contenta de murmurer les mots, il secoua la tête.
— Non. Plus fort. « Va te faire foutre, la mort ! »
Selena se mit à rire.
— Ce n’est pas drôle.
— Je suis parfaitement d’accord.
Il sourit et lui fit un signe de tête en tenant toujours la bague au bout de son doigt.
— Ensemble, pour qu’elle puisse bien entendre.
— Va te faire foutre, la mort ! s’écria-t-elle. (Puis elle sourit largement.) Va te faire foutre, la mort !
Il glissa la bague le long de son doigt, puis se renversa dans son siège pour contempler le caillou.
— Tu sais, celle-ci me plaît vraiment.
Selena baissa la tête et observa le diamant de la taille d’un grain de raisin, taillé en forme de poire.
— Oh… mince. C’est si gros.
— C’est ce qu’elles disent toutes.

Des larmes coulèrent de ses yeux sur le métal bleu luisant.
— Tu dois régner, annonça s’Ex. Tu dois prendre les rênes de cette communauté et la diriger comme il se doit. Est-ce que tu m’entends ? Arrache-toi à cette émotion et prépare-toi à ce qui va suivre.
Elle leva les yeux vers lui.
— C’était ma sœur. Ils ont tué… ma sœur.
L’espace d’un instant, s’Ex eut un mouvement de recul. C’était la dernière chose qu’il s’attendait à l’entendre dire.
Et brusquement la réalité que quelqu’un partageait son chagrin le frappa, et il en fut étrangement touché.
Rejoignant la princesse, il prit son visage entre ses mains et le souleva vers le sien. Après lui avoir essuyé les joues, il se pencha et appuya les lèvres sur son front.
— Merci, chuchota-t-il.
— De quoi ?
Il se contenta de secouer la tête et de reculer.
— Toi.

Lorsqu’il se mit à l’embrasser, elle eut du mal à croire que c’était vraiment en train d’arriver. Qu’il lui était revenu. Qu’après avoir été séparés, ils étaient désormais réunis l’un à l’autre pour ne former plus qu’un.
S’écartant légèrement, elle demanda :
— Es-tu sûr que ce soit réel ?
Il haussa les épaules et lui sourit.
— Bien sûr que oui. Toi et moi, c’était écrit dans les étoiles…
Sur ce, il l’embrassa encore.
Et elle lui rendit son baiser.
