Revolver, Tom Sedgwick
Présentation
1910. Sig est seul dans une cabane au nord du cercle arctique. Enfin… avec le corps gelé de son père, tombé dans le lac. Un étranger survient, il réclame le magot, l’or que son père aurait volé. Mais le seul objet de valeur dans la cabane est un revolver dont Sig ne sait pas (encore) se servir. Voilà le début de cette aventure nordique. Jack London n’est pas loin. Sig saura pourquoi son père fuyait depuis des mois, toujours plus au nord. Mais y a-t-il vraiment des monceaux d’or cachés dans cette cabane désolée ?
13/20
Chronicle
La première partie du livre a un peu de mal à démarrer. Je lisais vraiment sans plus mais ensuite on se prend plutôt bien dans l’histoire.
Il faut dire que c’est long et lent : 200 pages pour raconter ce qu’il se passe d’un dimanche matin au lendemain matin. Et même s’il arrive effectivement un certain nombre de choses durant ces 24h, on finit quand même par se lasser un peu.
Pour meubler ces 200 pages, l’auteur procède donc à des retours dans le passé afin d’expliquer la situation qui se passe aujourd’hui. C’est un petit puzzle à reconstruire.
Toutefois, j’ai beaucoup apprécié la personnalité de Sig, un ado qui a peur mais qui reste courageux face à la situation, droit et juste. Sa mère – son père aussi – seraient fiers de lui.
Par contre, j’ai détesté Wolff. Quand
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Anna est revenue seule à la cabane, j’avais trop peur qu’il la viole, ce qu’il fit le lendemain. Ça m’a mis sur les nerfs mais j’étais bien contente du sort qu’il lui arriva à la fin et puis en prison !Finalement, j’ai aimé comment se termine toute cette folle histoire. La décision de Sig de
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ne pas tuer Wolff est honorable. Par contre ce dernier n’est vraiment pas malin de reprendre le revolver pour le tuer à son tour alors que Sig venait de l’épargner.On peut dire ici que le karma a bien fait son travail.
Une histoire satisfaisante qui ouvre à la réflexion sur le port d’arme et les conséquences qu’il engendre.
Les extraits que j’ai choisis

— Je suis blessé, constata-t-il en découvrant les gouttes de sang sous ses doigts.
Wolff souffla sur son ragoût et ingurgita une pleine cuillerée.
— En quoi ça me concerne ?
La question n’attendait pas de réponse.
Sig ne répliqua pas. La coupure était sans gravité, et il avait appris une chose. Aussi apeuré fût-il par la réaction violente de Wolff, il était au moins parvenu à lui faire perdre son sang-froid, et il préférait avoir affaire à un homme en colère plutôt qu’à l’automate glaçant, qu’il avait eu face à lui jusque-là.
Du coup, il se faisait moins l’effet d’être une mouche sur le point de se faire écraser par une botte ; il se sentait davantage dans la peau d’un garçon qui affronte un géant.

— Qu’est-ce que c’est, papa ? demanda-t-elle dans un chuchotement.
Maria se réveilla et se redressa sur son séant. Son mouvement dérangea Sig qui s’éveilla à son tour pour assister à l’une des rares scènes de sa petite enfance dont il devait se souvenir nettement et toujours.
Oui, il se rappellerait toujours l’expression de sa mère découvrant l’acquisition d’Einar, mais ce serait que bien des années plus tard qu’il parviendrait à mettre un nom sur cette expression. Désespoir.
— Qu’est-ce que c’est ? répéta Anna. Ça se mange ? C’est pour quand nous n’aurons plus aucune provision ?
— Non, marmonna Einar. Il s’agit d’autre chose. Pour quand nous n’aurons plus la foi.

C’était dans ces occasions qu’Einar disait à Sig des choses importantes. Les choses qu’un fils doit apprendre de son père. C’était dans ces occasions qu’il lui parlait de l’époque de la ruée vers l’or, et de la fièvre, de la soif de l’or, ou encore du revolver qui reposait dans son coffret d’origine, tel le diadème d’une princesse dans son écrin. Et Sig, en bon élève, écoutait, écoutait inlassablement, posant une rare question de temps à autre.
— Un pistolet n’est pas une arme, lui avait dit une fois Einar. C’est une réponse. Une réponse aux questions que la vie te jette à la figure quand il n’y a personne d’autre pour te venir en aide.
Sig n’avait pas compris ce que son père entendait par là. Pas encore.
