La Cité des Miroirs

Le Passage, tome 3, Justin Cronin
tome 1
tome 2

Présentation

Un siècle après l’apparition en Amérique du Nord d’un virus qui a décimé la population, la vie semble reprendre ses droits. Quelques poches de population ont réussi à éliminer les Douze, qui avaient propagé le mal. Les survivants sortent de derrière leurs hauts murs et osent désormais rêver d’un futur meilleur. Mais loin d’eux, dans une métropole à l’agonie, le Zéro attend. Celui qui engendra les Douze et initia la fin du monde se consume de haine, ivre de vengeance.
Seule pourrait l’apaiser la mort d’Amy – le dernier espoir de l’Humanité – qui a grandi pour se dresser contre lui.
Une ultime fois, la lumière et l’ombre vont s’affronter. Amy et ses compagnons iront au-devant de leur destin.

18.5/20

Chronicle

Oh my god. Ça y est. C’est terminé. J’ai mis sept jours à lire ce livre mais j’ai plutôt l’impression d’avoir mis trois ans. Un vrai périple ! Et j’ai adoré.
Un seul mot pour décrire ma lecture : happée.
Pourtant, ça a été très progressif. Au début, je redoutais un peu d’ouvrir le gros pavé posé devant moi, je me demandais comment j’allais faire pour engloutir ces 1000 pages, d’autant plus que je n’avais pas vraiment aimé le tome 2. Des éléments de la première partie m’échappaient et la narration de l’auteur rajoutait à ma confusion. Heureusement qu’il y avait le prologue sous forme de versets divins pour nous remettre dans le bain (d’ailleurs, je me suis demandé si c’était les paroles de Dieu ou une sorte de nouvelle Bible. La petite surprise 

voir le spoil à la fin quand on comprend que c’est Pim qui a écrit tout ça).

Mais petit à petit, ça a commencé à devenir très intéressant pour moi, bien que très looooooong et j’ai fini par apprécier la narration. En fait, c’est archi bien conté. Je me suis totalement laissé immerger dans l’univers, sans même que je m’en rende compte et j’étais impatiente de connaître la suite.

C’est surtout la partie II : « L’Amant » sur la vie du 0 avant le virus qui m’a beaucoup marqué. Du jeune étudiant coincé de Harvard au scientifique taciturne et meurtrier malgré lui qu’il est devenu. C’était tellement captivant. J’ai adoré le fait que ce soit narré exceptionnellement à la première personne. On ne peut qu’être pris dans les tourbillons émotionnels de Fanning. Et que de tristesse dans cette partie. Tout d’abord,

voir le spoil la mort de la mère de Tim : quand j’ai lu ça, je me suis dit waouh, c’est tellement triste. C’est si touchant ce que son père lui a écrit dans la lettre aussi. Puis la mort de Lucessi. Et enfin, la pire, la mort de Liz. Morte sur le chemin pour le retrouver, et lui l’attendant éternellement, indéfectiblement à la gare de Grand Central, sous cette foutue horloge. Quelle tristesse. D’un autre côté, il est si pathétique, Alicia a totalement raison.

Fanning est la définition du tragique et du pathétique à la fois. J’ai tout de même apprécié son personnage qui est d’une profondeur saisissante.
Cette partie m’a également donné à réfléchir sur pas mal de choses sur lesquelles je ne m’étais jamais vraiment questionnée. Les remarques de Jonas sur l’évolution de l’homme sont très profondes. On en veut toujours plus. Pourquoi devrait-on être arrêter par la mort ? Pourquoi penser qu’elle est quelque chose de naturel ? Plus j’y pense et je me dis même que c’est bizarre la mort. On est si intelligent, c’est vrai, il doit bien avoir un moyen de l’annuler.

Pour ce qui est de l’action, elle démarre véritablement à la partie IV. Le dernier acte de cette pièce de science-fiction. Comme je l’ai dit plus haut, plus on lit, plus on rentre dedans. Difficile d’en ressortir avant d’avoir fini ! 
Hé au juste, personne ne s’est demandé pourquoi

voir le spoil sœur Peg s’allongeait sur la trappe pendant que tout brûlait autour d’elle ? C’est pour protéger ceux derrière la trappe des viruls (il y a déjà le feu donc pas la peine) ou du feu (plutôt inutile aussi parce que la trappe m’a semblé complètement hermétique au feu) ? J’ai pas trop compris pourquoi elle se sacrifiait là.
La panique à l’embarquement sur le vaisseau m’a rendu folle ! Ah là là, ces humains, qu’est-ce qu’ils peuvent être cons et égoïstes ! Est-ce que je pourrais moi-même, dans une panique générale, tuer quelqu’un d’innocent juste pour monter sur le bateau la première et sauver mes fesses ?! Certainement pas, je préfère mourir dignement que de vivre en étant ce genre de poubelle ambulante.
Autre chose qui m’a stressé à mort dans la partie à New-York, la fameuse cité des miroirs et que Michael, blessé, se retrouve piéger dans une boutique alors qu’un triplet de viruls se met à pister l’odeur de son sang. Un film d’horreur. J’n’osais même pas lire, trouillarde que je suis. La scène où ils lèchent le sang de Michael par terre m’a fait froid dans le dos :s

Et enfiiiiiiiiin, c’est terminé. 

voir le spoil Le 0 n’est plus, grâce à Amy et ses amis. J’étais triste que leurs chemins à tous les quatre se séparent. Je pensais qu’ils allaient rejoindre les autres sur cette terre promise et vivre en paix mais pas du tout.
Pourquoi Alicia se suicide au lieu d’aller retrouver Michael ? Déjà comment se fait-il qu’elle soit encore vivante et qu’elle ait même guéri du virus ?
De son côté, Michael en sempiternel aventurier, décide d’aller à l’assaut du vieux continent pour voir ce qui s’y passe et donner des réponses à ses questions. J’aurais bien voulu savoir ce qu’il devient par la suite, s’il arrive à accomplir son expédition. Je croise les doigts pour lui, je l’aimais beaucoup Michael.
Amy et Peter pour terminer. Je n’ai pas réussi à comprendre si Peter était vivant pour de vrai ou seulement dans la pensée d’Amy. En tous cas, on comprend enfin les rêves qu’il faisait de la ferme avec le piano. Est-ce que du coup ces rêves étaient des prémonitions de son futur heureux avec elle ? C’était flou, un peu trop mystérieux pour moi tout ça mais ça ne m’a pas dérangé. Quand Peter meurt (cette fois-ci pour de bon) 300 ans plus tard, j’ai beaucoup aimé le voyage qu’entreprend Amy jusqu’en Californie.

Revenir là où tout a commencé pour bien conclure la fin.

Mention spéciale également à l’épilogue ! J’ai été très impressionnée par les images et l’étude sérieuse qui a été mené par des scientifiques. C’était hyper réaliste et j’ai dû regarder 3 bonnes minutes la photo des viruls fossilisés pour voir comment l’auteur se les est imaginé. 

Meilleur tome de la trilo et de loin. J’ai adoré la dernière page. En fait, on devine même très bien quelle sera la dernière phrase et je pense qu’on ne peut pas faire mieux. Ça m’a ému.
Une trilogie, certes gigantesque mais qui en vaut la peine. Je n’oublierai pas cette lecture. Vous aussi, laissez Amy vous raconter son histoire 😉

Update : Waaait ! Je viens de voir que la trilo vient d’être adaptée sur petit écran ! Purée, j’aurais adoré regardé mais je ne peux pas car je n’aime pas les films/séries de zombies 😩 Est-ce qu’une âme charitable pourrait me faire un retour sur la série pleaaase


Les extraits que j’ai retenus

Au bout d’un certain temps, Amy se leva et lui tendit la main.
— Allez, viens te coucher.
Ils montèrent l’escalier, protégeant chacun une bougie. Dans la petite chambre sous les combles, ils se déshabillèrent et se blottirent sous les édredons, serrées l’un contre l’autre pour se tenir chaud. Le chien poussa un profond soupir et se coucha sur le parquet, au pied du lit. Un bon vieux chien, d’une fidélité indéfectible : il resterait là jusqu’au matin, veillant sur eux. La proximité et la chaleur de leurs corps, le rythme accordé de leurs respirations – ce n’était pas du bonheur que Peter ressentait, c’était quelque chose de plus profond, de plus riche. Toute sa vie il avait voulu n’être connu que d’une seule personne. Il avait décidé que c’était ça, l’amour. L’amour, c’était être connu. 

❤️❤️❤️

J’allai m’asseoir en haut des marches du balcon ouest. L’un des agents de sécurité de la gare me jeta un rapide coup d’œil, mais j’étais à présent vêtu comme un respectable bureaucrate, je n’étais ni endormi ni visiblement ivre, si bien qu’il me ficha la paix. Je pris la mesure logistique de mon environnement. Grand Central était plus qu’une gare de chemin de fer ; c’était un noyau vital du substrat de la ville, son vaste monde souterrain de tunnels et de grottes. Des centaines de milliers de gens passaient par ici tous les jours, la plupart sans jamais regarder plus loin que le bout de leurs chaussures. En d’autres termes, c’était l’endroit parfait pour ce que j’avais à faire.
J’attendis. Les heures passèrent, et puis les jours. Personne ne semblait me remarquer, ou du moins s’étonner de ma présence. Trop d’autres événements.
Et puis, après un moment d’une durée inconnue, j’entendis un son que je n’avais jamais encore entendu. C’était le son que fait le silence quand il ne reste plus personne pour écouter. La nuit était tombée. Je quittai ma place sur les marches et sortis. Il n’y avait pas une lumière allumée où que ce soit ; les ténèbres étaient tellement absolues que j’aurais pu être en mer, à des milles de tout rivage. Je levai les yeux et contemplai la plus étrange des vues. Des étoiles, des centaines, des milliers, des millions d’étoiles, fixées dans leur lente rotation au-dessus du monde vide, comme elles le faisaient depuis le commencement des âges. Leurs petites têtes d’épingle lumineuses tombaient sur mon visage comme des gouttes de pluie qui crépitaient, issues du passé. Je ne savais pas ce que j’éprouvais, juste que je le ressentais ; alors, enfin, je commençai à pleurer.

— J’ai un cadeau pour toi.
— Vraiment ?
— Attends ici.
Je gardais ses lunettes dans mon bureau. Je retournai dans la chambre et les lui mis dans la main. Elle les examina longuement.
— Je me demandais quand tu finiras par me les rendre.
— J’aime bien les mettre, de temps en temps.
— Et moi qui ne t’ai rien apporté. Je suis vraiment terrible.
Quelques larmes perlèrent au coin de ses paupières. Elle releva les yeux, croisa mon regard.
— Tu n’es pas seul à avoir tout foiré, tu sais ?
— Liz…
Elle tendit la main et me caressa la joue.
— C’est drôle. On peut vivre toute une vie et comprendre d’un seul coup qu’on n’a rien fait de bien.

Lore, debout au bastingage, le vit et descendu.
— Désolé, Michael ! hurla-t-elle pour se faire entendre par-dessus le gémissement des scies. Ce n’est vraiment pas le bon moment, je sais.
— Bon Dieu, Lore, qu’est-ce qui se passe ?
— Tu veux qu’il coule ? Parce que c’est ce qui se serait passé. Ce n’est pas moi qui ai laissé échapper ça. Tu devrais me remercier.
C’était plus qu’un retard, c’était une catastrophe. Tant que la coque ne serait pas étanche, ils ne pourraient pas mettre la cale en eau ; tant qu’ils n’auraient pas mis la cale en eau, ils ne pourraient pas mettre les moteurs en marche. Et le remplissage de la cale sèche, à lui seul, prendrait encore six heures.
— Pour combien de temps tu penses en avoir ? demanda-t-il.
— Découper les plaques, retirer les anciennes, mettre les nouvelles en place, les riveter, les souder… Je dirais seize heures, minimum.
Il n’y avait pas de raison de négocier ; ce n’était pas une chose qu’on pouvait faire à la va-vite. Il tourna les talons et repartit le long de la cale sèche.
— Où tu vas ? demande Lore dans son dos.
— Découper du putain d’acier.

— Tu m’as demandé ce matin pourquoi j’étais venue te voir dans l’Iowa, poursuivit Amy. Je ne t’ai pas dit la vérité. Ou du moins pas toute la vérité.
Peter attendit.
— Au moment du changement, on conserve une chose, un souvenir. Ce qui nous tenait le plus à cœur. De toute sa vie, juste un souvenir. Ce que je voulais garder, dit-elle en le regardant, c’était toi.

— C’est beau, ici, dit Alicia.
Elle était à moitié allongée sur le banc en face de lui, une couverture sur les jambes. Elle avait, comme lui, la tête levée vers le ciel et regardait les étoiles qui se reflétaient dans ses yeux.
— Je me rappelle la première où je les ai vues, continua-t-elle. C’était la nuit où le Colonel m’a conduite hors du mur. Elles m’avaient rigoureusement terrifiée. Pourquoi celle-ci est-elle tellement brillante ? demanda-t-elle en indiquant un point au-dessus de l’horizon.
— En réalité, ce n’est pas une étoile. C’est la planète Mars.
— A quoi la reconnais-tu ?
— On la voit pendant presque tout l’été. Si tu regardes bien, tu verras qu’elle est légèrement rougeâtre. A la base, c’est un gros caillou rouillé.
— Et celle-là ?
Juste au-dessus de leur tête, cette fois.
— Arcturus.
Dans le noir, il ne voyait pas son expression, mais il imaginait qu’elle fronçait les sourcils avec intérêt.
— Elle est loin ?
— Pas très. Enfin, pour une étoile. Environ trente-sept années-lumière. C’est le temps que met sa lumière à nous parvenir. Quand la lumière qu’on voit a quitté Arcturus, on était gamins, tous les deux. Alors quand tu regardes le ciel, en réalité, ce que tu vois c’est le passé. Mais pas un seul et unique passé. Chaque étoile a le sien.
Elle eut un petit rire léger.
— Ça me fait des espèces de nœuds dans la tête quand tu parles comme ça. Je me rappelle que tu me racontais ce genre de trucs quand on était petits. Ou que tu essayais.
— Je devais être vraiment imbuvable. Je cherchais sûrement à t’impressionner, c’est tout.
— Montre-m’en d’autres, dit-elle.
Alors il le fit, il lui décrivit le ciel. L’étoile Polaire et la Grande Ourse. La brillante Antarès, Véga la bleutée, et ses voisines, le petit amas connu sous le nom de Delphinus, le Dauphin. La large bande galactique de la Voie lactée étirée d’un horizon à l’autre, du nord au sud, drapée sur le ciel à l’est comme une écharpe de lumière. Il lui dit tout ce qui lui venait à l’esprit, l’intérêt d’Alicia ne fléchissant jamais, et quand il eut fini, elle dit :
— J’ai froid.
Elle descendit du banc. Michael s’approcha, passa derrière elle, les jambes de chaque côté, et remonta la couverture, s’enveloppant avec elle pour lui tenir bien chaud.
[…]
— Ce que tu m’as dit, dans la cellule…
— Que je t’aimais, dit-il, aucunement gêné, avec le naturel de la vérité. Il m’a semblé qu’il fallait que tu le saches. Sinon, ça aurait été un vaste gâchis. J’en ai plus ou moins marre des secrets. Mais tout va bien, tu n’as pas besoin de dire quoi ce soit.
— Mais je veux le faire.
— Eh bien, dis merci, par exemple, ce serait gentil.
— Ce n’est pas si simple.
— En réalité, c’est exactement aussi simple que ça.
Elle passa les doigts d’une main entre les siens, leurs deux paumes collées l’une à l’autre.
— Merci, Michael.
— Je t’en prie.
L’air était humide, le brouillard tombait, des fines perles de rosée se collaient à toutes les surfaces. A une distance indéterminée, les vagues chuintaient sur le sable.
— Mon Dieu, dit-elle. Nous deux, on se sera bagarrés toute notre vie.

Plus de Chronicles

L’Alchimiste

L’Alchimiste, Paul Coelho 🪦 Note : 10/20 ☠️ Au détour d’une étagère à la Croix Rouge, je tombe sur ce petit livre à la couverture violette. Une lecture courte comme il m’en fallait, alors je l’embarque aux côtés de L’Écume des Jours en me disant que j’allais passer un super moment avec dans l’avion.…

Lire plus

L’Écume des Jours

L’Écume des Jours, Boris Vian 🪦 Note : 10/20 ☠️ Par où commencer après avoir disparu pendant 1 an ? Je préviens d’entrée : cette “chronique“ n’aura aucun sens. Ce serait même mentir que dire que j’écris là une critique de L’Écume des Jours. Disons plutôt que cet article ne sera qu’un prétexte pour…

Lire plus

Tous autour d’Athena pour combattre !

Les Chevaliers du Zodiaque, tome 6, Masami Kurumada

Je suis mon pire ennemie. Ça fait quasiment trois mois que je ne suis plus active sur mon blog, ça me tue. Je suis trop triste quand je suis loin de mon petit monde virtuel. J’ai de bonnes excuses ! Le problème, c’est que j’ai lu…

Lire plus

Le Livre du Voyage

Le Livre du Voyage, Bernard Werber 😒 Note : 11.5/20 😕 Moi, je suis toujours partante pour voyager ! D’ailleurs, j’écris ces lignes depuis l’aéroport de Tunis Carthage (allez, encore une heure et demie avant d’embarquer !) C’est un livre qu’est sur ma liste depuis plus de dix ans, le voyage s’est fait attendre…

Lire plus

Bon Rétablissement

Bon Rétablissement, Marie-Sabine Roger 🥈 Note : 17/20 💸 Je jette un œil à #LaListeÀPapa (challenge perso) et je vois que c’est au tour de ce roman. C’est le genre de lecture dont je sais d’office qu’elles vont me toucher – et ce fut le cas. J’allais donc chercher mon petit bouquin à la…

Lire plus

Goddess

Starcrossed, tome 3, Josephine Angelini 😒 Note : 12/20 😕 Alors que devrais-je penser de Starcrossed ? Je l’ai fini avant-hier et depuis, mon avis a beaucoup évolué. Au moment où j’étais en train de le lire, je détestais. Puis, quand j’ai terminé, je pensais que c’était moyen et maintenant, je trouve que c’est…

Lire plus

Un problème est survenu. Veuillez rafraîchir la page et/ou réessayer.