Des Vampires dans la Citronneraie, Karen Russell
Présentation
Finaliste du Prix Pulitzer pour son formidable roman Swamplandia, la jeune Karen Russell, à l’imaginaire débridé, excelle dans tous les registres et s’impose une fois encore, avec ce recueil, comme un maître du réalisme magique.
Des fillettes retenues prisonnières dans une manufacture japonaise sont lentement métamorphosées en vers à soie… Une masseuse se découvre dotée d’étranges pouvoirs en manipulant les tatouages d’un jeune soldat revenu d’Irak… Deux vampires prisonniers d’une citronneraie brûlée par le soleil tentent désespérément d’étancher leur soif de sang, au risque de mettre un terme à leur relation immortelle…
Autant de mondes parallèles fascinants, entre mythe et réalité, qui confirment la subtile extravagance et l’inventivité hors pair d’un des meilleurs écrivains de sa génération.
9/20
Chronicle
Quelle déception.
1 livre, 8 nouvelles, 3 syllabes : É – CLA – TÉ
Une jolie couverture et surtout un titre comme je les aime qui m’a tapé dans l’œil au premier regard. Je me suis dit que ça allait être frais, original, drôle et peut-être même un peu poétique. Bref, un bon moment lecture…une fois encore et comme toujours, Amel, tu es à l’ouest !
Alors, oui, cela ne manquait pas d’originalité. C’est le gros point fort de ce bouquin. Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis (un très grand mais), pour chaque nouvelle, j’ai eu la monstrueuse impression que l’histoire n’était pas terminée !
Je ne suis pas contre les fins ouvertes, au contraire même, j’apprécie beaucoup cela, en fait. Sauf que l’autrice nous laisse ici sur des fins qui sont archis frustrantes. C’est pas des fins ouvertes ça, c’est même pas des fins tout court. C’est inadmissible de terminer un récit de cette manière mdr. C’est comme si je venais de regarder les 20 premières minutes d’un film et qu’on me coupe la suite sans explication. Ça ne fonctionne pas comme ça ; on doit regarder le film de A à Z puis finir sur une dernière scène mystérieuse et pleine de suspense qui attise la curiosité du spectateur et le fait réfléchir dessus. Voilà, ça, c’est une fin ouverte. Sans blague, je viens quand même de lire 8 petits bouts d’histoires désarticulés sans aucun aboutissement.
Si encore c’était bon et intéressant, mais même ça… É – CLA – TÉE. Je ne vois que ce mot pour résumer ma lecture. Un livre ennuyeux, monotone et insipide. J’ai eu du mal à finir. Pourtant, le cadre de chaque nouvelle est plutôt original mais c’est justement comme si l’autrice s’était contentée de créer ce premier cadre sorti tout droit de son imagination pour ensuite le remplir avec une histoire insignifiante par manque d’idées.
Pareil pour son écriture : éclatée. La narration est si statique, terne, plate, inanimée ! Impossible de s’engouffrer au cœur de l’histoire avec ça. Ajouter le fait qu’il n’y a pas d’action et que le récit a tendance à traîner, hé bien on finit par s’endormir.
Voilà pour mon avis général du livre. Si je devais maintenant dire quelque chose pour chacune des nouvelles :
- NOUVELLE 1 : Euuuuuuuuh ok ? Je n’ai rien compris à la fin. Du coup
voir le spoil
Clyde est mortou pas ? De plus, on nous dit dans le résumé que les vampires sont prisonniers de la citronneraie mais en fait, pas du tout. Ils ont décidé de s’y installer de leur plein gré. J’ai pas du tout aimé cette première histoire. Le seul truc qui m’a plu, c’est qu’un des vampires s’appelle Magreb, petit clin d’œil de la terre d’où je viens.
- NOUVELLE 2 : La plus originale. Les filles qui se transforment en vers à soie étaient intéressantes. J’aurais voulu en savoir plus, du coup. Cependant, pleins de mots en japonais sans traductions et qu’on ne nous explique pas.
- NOUVELLE 3 : La fin la plus décevante. J’ai ressenti comme un sentiment d’urgence à propos de toutes ces mouettes qui envahissent la plage. Ça m’a fait penser aux Oiseaux d’Hitchcock. Mais on n’a rien à ce sujet et on n’en saura pas plus.
- NOUVELLE 4 : Une fin frustrante qui m’a laissé sur ma faim. La pression monte dans les dernières pages, ça commence à devenir effrayant, un peu lugubre. J’aurais voulu savoir ce qui arriva à Miles avant d’arriver chez les Sticksel mais même ça, on n’y a pas le droit.
- NOUVELLE 5 : lent, long, chiant. Commencer une histoire sans pouvoir la finir car il n’y a pas de fin, ça devient agaçant.
- NOUVELLE 6 : Celle-là était censée être humoristique. C’est raté.
- NOUVELLE 7 : C’est ici que j’ai su que ce livre ira dans la BadList. Long pour rien, chiant, insipide, 0 actions. Mais wsh, il y a quand même un minimum à respecter. Comment peut-on écrire un truc aussi ennuyeux ?
- NOUVELLE 8 : L’histoire la plus aboutie de tout ce que j’ai pu lire. Dans tous les cas, ça reste éclaté.
En somme, une lecture décevante.
Ah, j’allais oublier : même les remerciements de l’autrice à la toute fin sont pourris haha
Elle remercie les « personnes et les institutions » qui l’ont aidé mais rien pour les lecteurs ? J’avoue ne jamais trop faire attention aux remerciements des auteurs dans leurs livres mais ici, je ne sais pas pourquoi, leur absence m’a fait tiqué. Je me suis tout bêtement rendu compte qu’en réalité, Karen Russell n’a pas écrit ce livre pour ses lecteurs mais avant tout pour elle-même, pour se faire plaisir. C’est son livre à elle et pour elle, pas pour nous. Je l’ai beaucoup ressenti comme ça. Elle a bien raison. Ecrire pour soi et s’auto-plaire, c’est important. Dommage qu’elle n’ait pas précisé que ce livre était d’abord destinée à elle et pas à nous, ça m’aurait évité cette perte de temps.
Les extraits que j’ai choisis

LA GRANGE A LA FIN DE NOTRE MANDAT
Si seulement nous pouvions être d’accord pour considérer que c’est le Paradis, soupire-t-il. Alors nous pourrions nous résigner, profiter du vent, savourer ces carottes, admirer les couchers de soleil, respirer l’herbe tendre. Je serais libre de galoper. Mais le seul paradis pour lui, ici, ce sont des moments fugaces : le contact chaleureux d’une main, du foin bien sec, un bouquet de chardon. A l’aube, le paradis est cette émotion qui le gagne quand le vent balaie les champs. Le paradis, c’est ce vent qui courbe les blés.
Mais le soir venu, le blé s’est redressé et l’idée même d’une vie posthume le frappe par son absurdité. « Ces disputes sont vaines, dit-il à Lucy. Nous sommes encore en vie. C’est toujours l’Amérique. Les étoiles brillent comme autrefois…Et nous avons de quoi manger. Nous sommes là. »

LA MARIONNETTE SANS SEPULTURE D’ERIC MUTIS
— Lui, c’est ton père ?
Il était cramoisi.
— Ton…grand-père ? Ton oncle ? Le fiancé de ta mère ?
Eric Mutis, qui ne se laissait jamais embarrasser à l’école, qui vous regardait toujours en face et sans aucune honte, imperturbablement, ne répondit pas plus qu’il ne me regarda.
— Peu importe. Pas la peine de me faire un dessin. Moi, je sais même pas prononcer mon propre nome comme il faut, mon loulou…
Je m’esclaffai – car quelle importance, après tout ? Et qu’est-ce qui m’avait pris de l’appeler « mon loulou » ?
Eric sourit.
— D’accord, mon doudou…
Pendant une seconde, on se dévisagea. Puis on hurla de plus belle. Ce fut la première et unique fois où je l’entendis hasarder une plaisanterie. On titubait dans la pièce en se tenant les côtes, se cognant l’un à l’autre.
— Chut ! dit-il entre deux hoquets, désignant la porte. Chut, Larry !
Le calme se rétablit. Le lapin, assis sur son derrière, tétait son biberon, produisant une parenthèse entre nous ; le monde entier s’apaisa peu à peu, et bientôt on n’entendit plus que ce bruit de succion. Pendant une minute ou deux, tout en reprenant notre souffle, on devint des êtres humains.

REGLES A RESPECTER POUR SOUTENIR SON EQUIPE DANS L’ANTARCTIQUE
Règle numéro 1 : Apprivoisez la Mort
Soutenir son équipe dans l’Antarctique, c’est du sérieux. Notre ambition est, ni plus ni moins, d’inverser l’ordre naturel. Nous voulons que les Krills battent les Baleines.
Si vous êtes attaché à votre confort, ne prenez pas la mer. Vous pouvez acheter des œufs de caille, des escargots, ou ce qui vous chante, et suivre les matches sur votre télé à écran plat. Restez à Los Angeles. Serrez votre épouse sur votre canapé cossu. Encouragez la Baleine de Minke, comme tous les cons.
Non, minute, voici la véritable Règle numéro 1 : si vous êtes un supporter des Baleines, allez vous faire foutre. Cette liste est destinée aux supporters des Krills.
