L’Héritage, tome 3, Christopher Paolini
Présentation
Un peuple en lutte,
Des exploits héroïques,
Une épée mythique.
La saga se poursuit…
Eragon a une double promesse à tenir : aider Roran à délivrer sa fiancée, Katrina, des griffes des Ra’zacs, et venger la mort de son oncle Garrow. Mais le combat continue contre Galbatorix. Les nains, les elfes, le peuple du Surda et les Urgals eux-mêmes se rallient aux Vardens, sous l’autorité de Nasuada. Ce qui ne va pas sans frictions et rivalités. Quant à Eragon et Saphira, ils n’ont pas achevé leur formation. L’enseignement et les conseils d’Oromis et de Glaedr, le dragon d’or, leur sont plus que jamais nécessaires, car, entre batailles contre les soldats du tyran, luttes intestines et souffrances secrètes – l’elfe Arya est toujours présente dans les pensées d’Eragon –, le jeune Dragonnier et sa puissante compagne aux écailles bleues doivent sans cesse donner le meilleur d’eux-mêmes. Or, depuis que Murtagh lui a repris Zar’oc, Eragon n’a plus d’épée…
17/20
Chronicle
Je kiffe cette saga ! Elle est épique comme on aime avec des héros et des méchants comme on aime et pleins d’aventures comme on aime ! À chaque fois que je reprends L’Héritage, je sais que je vais passer un super moment et ça fait trop plaisir comme sentiment ! Car la plupart du temps, c’est plutôt l’inverse avec moi qui commence déjà à me faire des objectifs de pages pour tenir le rythme quand je sens qu’un bouquin ne va pas être très passionnant.
Bref, ça commence tout de suite par la procession morbide des habitants chelous de Dras Leona. Le tronc sans jambe et sans bras du prêtre, la séance de mutilation, la transe religieuse et la folie des gens, terrible ! Omg, j’étais trop dégoûtée. En tout cas, on est dans l’ambiance direct !
On entre dans le vif de l’histoire avec l’auteur qui choisit donc d’évacuer le noeud sur les Ra’zacs dès les premières pages et j’ai trouvé, une fois de plus, que c’était très bien pensé car si vous vous rappelez, ma crainte au tome précédent était que l’histoire de “il faut sauver Katrina des Ra’zacs“ empiète sur la vraie histoire qui est : “il faut sauver l’Alagaësia de Galbatorix – et Murtagh“. Tellement logique de faire ça mais…surprenant à la fois car je pensais tout de même que ce sujet prendrait un tout petit plus de place. Or, ça n’a été que l’histoire d’une quarantaine de pages (sur plus de 800). Le combat contre les Ra’zacs s’acheva un peu trop vite à mon goût.
En fait, il se passe tellement de choses que l’auteur n’a pas d’autre choix que d’essayer de rendre le récit efficace en raccourcissant les événements. Eh oui, parce que ses remerciements à la fin m’ont confirmé que L’Héritage était bien pensé comme une trilogie au départ ! Je vous l’avais dit, d’où mon étonnement d’un quatrième tome mais avec des bouquins aussi gros, c’était couru que l’histoire allait déborder avec l’ajout d’un tome supplémentaire. Il y a genre des années qui se passent entre la publication du premier et du troisième donc j’imagine que quelques détours ont été pris afin d’aboutir à tout ce travail.
Ainsi, après s’être occupé des Ra’zacs une bonne fois pour toute, notre héros poursuit son chemin entre apprentissage et quête de soi. Saphira et lui ont été séparés plus que d’habitude et j’ai trouvé que les meilleurs moments étaient ceux où ils étaient réunis. Je comprends totalement la décision d’Eragon de rester en arrière (et sa punition pour Sloan est juste parfaite) mais je pense que Saphira aurait pu revenir le chercher. D’ailleurs, quand il est seul et qu’il rencontre le mage d’Edur Ithindra, j’ai été étonnée qu’il ne soit pas plus curieux de savoir qui c’est. Je pense que ce personnage très étrange va revenir dans l’ultime volet. En tout cas, moi, il m’a intrigué.
Ensuite, quand Eragon rejoint enfin le camp des Vardens, j’ai trouvé le temps de l’action plus long. C’était moins intéressant que d’habitude. De plus, si j’ai adoré suivre le fil sur Roran au tome précédent, le fameux cousin m’a paru cette fois-ci un peu too much. Il reste un fermier de base et il nous rappelait souvent à quel point ça lui manquait de ne plus cultiver la terre. J’ai trouvé son amour pour sa terre et son rêve d’y revenir vivre avec sa famille très attendrissant mais ça nous prouve une fois de plus que c’est un fermier avant tout. Je n’ai pas apprécié sa victoire en combat singulier contre un Urgal car c’était juste invraisemblable. Pourquoi il gagnerait, lui qui n’a reçu aucune formation, contre un guerrier qui possède trois fois sa force et rompu aux combats ? Le personnage de Roran prend une ampleur à laquelle je dois avouer que je ne m’attendais pas.
Et pour continuer sur les Urgals, eh bien je les aime bien, moi. Je les trouve très touchants et peut-être aussi parce qu’ils sont haïs par toutes les autres espèces d’Alagaësia. Il suffit juste de se mettre à leurs places. Ils sont droits, intelligent et respectueux. Ça m’horripile de voir les autres les insulter d’animaux et les tuer dans leurs sommeils. C’est genre du racisme version surnaturelle.
Dernière petite chose sur les Vardens : Nasuada. C’est bon, j’ai fini par comprendre son rôle. On avait besoin d’une femme pour être la reine de la révolution. Mais surtout, je me suis surprise à penser comme ça, d’un coup, qu’elle pourrait juste grave finir avec Eragon ! En fait, j’en sais rien ! Du côté d’Arya, ça a l’air totalement mort (à voir si ça pourrait devenir possible entre eux après la guerre) mais Eragon et Nasuada s’entendent plutôt très bien. J’extrapole de ouuuf mais j’attends de voir. En tout cas, la vraie-tuée-dans-l’oeuf-love-story d’Eragon avec Arya est très bien gérée car elle ne prend pas de place dans ce tome-ci si ce n’est une ou deux réflexions mélancoliques de la part de notre Dragonnier et c’est parfait comme ça !
Donc pour moi, le livre comporte deux parties : la première avec les Ra’zacs et les Vardens puis la seconde avec Eragon de retour chez les nains puis à Ellesméra. La seconde est de loin la meilleure. Ça monte petit à petit avec son voyage vers Tronjheim puis toutes les péripéties qui lui arrivent là-bas suivi de l’élection du nouveau roi des nains, l’arrivée de Saphira et puis le bouquet final à Ellesméra ! Ça s’enchaîne trop bien et on n’a pas le temps de s’ennuyer ! J’adore quand mes lectures se bonifient au fil des pages tournées. Là, c’est tout à fait le cas et alors, que de révélations !
Brom, Brom, Brom, Brom. Trop de mystères entourent notre vieux conteur. Je m’étais même demandé s’il était possible de parler à son esprit quand Eragon et Arya ont croisé la route de tous ces esprits lumières une nuit. Il est parti bien trop tôt sans révéler tous ses secrets et aujourd’hui, on souhaiterait avoir toutes les explications de sa bouche. Et voilà qu’on apprend, que
voir le spoil
l’héritage, c’est Brom. Je crois que mon chapitre préféré a été “Les Amants Maudits“. C’était tellement bien conté que j’avais carrément l’impression d’y être ! Puis toutes ces révélations et ces découvertes ! C’est donc pour ça que Galbatorix est aussi puissant ! L’idée des Eldunarí est trop intéressante, j’adore ! Et j’ai versé mes premières larmes (euuuh est-ce que j’ai pleuré à la mort de Brom ? Il ne me semble pas 🤔) à la mort d’Oromis et Glaedr. Le chagrin, le désespoir de Glaedr, c’était trop pour mon coeur. « Et le compagnon de sa vie glissa dans le néant. » À cette phrase, c’est les larmes qui glissèrent de mes yeux.
Le compagnon-de-son-âme-et-de-son-cœur avait disparu. Au tour de notre duo de héros de protéger à tout prix le coeur des coeurs du dragon doré
Eragon et Saphira ont encore beaucoup d’épreuves à affronter et leur quête est semée d’embûches. J’ai très hâte d’avoir la suite mais je sais déjà qui gagnera le combat final. À nous de découvrir comment toute cette épopée va se dénouer. Un super tome avec une lecture en pente haute. Une fin triste mais porteuse d’espoir. Une saga incroyable. Un garçon à moitié elfe, une dragonne bleue redoutable, une épée venue des étoiles… L’heure est venue de sauver le monde.
Les extraits que j’ai retenus

— Non, non, non…Non…C’est impossible…Les Ra’zacs faisaient des allusions en ce sens ; ils me questionnaient, exigeaient des réponses que je n’avais pas, mais je pensais…C’est vrai, quoi, qui croirait une chose pareille…?
Il étouffait. Ses flancs se soulevaient avec tant de violence qu’Eragon craignait pour lui. Enfin, dans un hoquet, comme s’il parlait sous la torture et venait de prendre un coup au plexus, il conclut :
— Tu n’es tout de même pas Eragon.
Le jeune homme sentit alors peser sur lui la fatalité et le destin, deux maîtres impitoyables dont il était l’instrument. Il répondit en conséquence, s’exprima lentement pour que chaque mot frappe comme une masse, avec toute la force de sa dignité, de son rang et de sa colère.
— Je suis Eragon et bien davantage. Je suis Argetlam, et Tueur d’Ombre, et aussi Épée Flamboyante. Mon dragon s’appelle Saphira, également connue sous les noms de Bjartskular et Langue de Feu. Nous avons été formés par Brom, qui était Dragonnier avant nous, par les nains et par les elfes. Nous avons combattu les Urgals, et un Ombre, et Murtagh, le fils de Morzan. Nous servons les Vardens et les peuples d’Alagaësia. Je t’ai conduit ici, Sloan Aldensson, afin de te juger pour le meurtre de Byrd, pour avoir trahi et livré Carvahall à l’Empire.
— Tu mens ! Tu ne peux pas être…
— Mentir, moi ? Je ne mens pas !
Projetant son esprit dans celui de Sloan, il lui imposa les souvenirs qui confirmaient son identité et la véracité de ses propos. Il tenait aussi à ce que le tailleur prenne conscience du pouvoir qui était le sien et comprenne qu’il n’était plus entièrement humain. Malgré lui, Eragon dut admettre qu’il prenait plaisir à dominer cet homme qui lui avait causé tant d’ennuis, qui l’assaillait de ses sarcasmes, l’insultait, lui et sa famille. Trente secondes plus tard, il se retira.
Sloan tremblait toujours, mais il ne s’effondra pas, ne chercha pas à l’amadouer par des bassesses, comme Eragon s’y attendait. Il se raidit et répliqua d’un ton dur et cassant :
— Va au diable ! Je n’ai pas à me justifier devant toi, Eragon, Fils de Personne. Et dis-toi bien que, si j’ai fait ce que j’ai fait, c’est pour Katrina, et rien d’autre.
— Je sais. Et c’est à cela que tu dois d’être encore en vie.
— Eh bien, punis-moi, je m’en fiche. Tant qu’elle est en sécurité… Alors ? Vas-y ! Qu’est-ce que tu proposes ? Le fouet ? Une marque au fer rouge ? Ils m’ont déjà arraché les yeux, tu veux une de mes mains ? Tu comptes m’abandonner ici pour que je meure de faim ou que l’Empire me reprenne ?
— Je n’en ai pas encore décidé.
Avec un bref hochement de tête, Sloan resserra les pans de ses vêtements en haillons pour se protéger du froid et de la nuit. Raide et droit, il fixait de son regard vide les ombres qui entouraient le bivouac. Il ne supplia pas, ne demande pas grâce. Il ne nia pas ses actes, ne tenta pas de se disculper. Stoïque, il attendait, image même de la fortitude.
Eragon en fut impressionné.

— Quand nous traquions les Ra’zacs, Brom et moi, nous sommes passés par Cauzay, une bourgade en bordure de la rivière Ninor. Nous y avons trouvé tous les habitants morts, entassés sur la place centrale. Au sommet de la pile, il y avait un bébé embroché sur une pique. Je n’ai jamais rien vu de pire. Et c’était des Urgals qui les avaient tués.
— Avant que j’aie mes cornes, répliqua Garzhvog, mon père m’a emmené en visite dans l’un de nos villages, du côté ouest de la Crête, en bordure des montagnes. Les nôtres avaient été torturés, brûlés, massacrés. Les hommes de Narda avaient appris que nous occupions ce secteur et surpris nos familles en arrivant avec une armée. Aucun membre de la tribu n’a réussi à s’échapper… Il est vrai que nous aimons la guerre plus que les autres races, Épée de Feu, et cela nous a nui bien souvent par le passé. Nos femelles refusent de prendre pour compagnon un bélier qui n’a pas prouvé sa valeur au combat et tué au moins trois adversaires. On trouve dans la bataille un plaisir à nul autre pareil. Mais, tout amateurs d’exploits guerriers que nous sommes, nous avons cependant conscience de nos travers. Si notre race ne change pas, Galbatorix nous tuera tous au cas où il l’emporterait sur les Vardens ; et, si Nasuada et toi parvenez à renverser ce traître à langue de serpent, c’est vous qui nous tuerez. Je me trompe, Épée de Feu ?
— Non, dit Eragon en secouant la tête.
— Alors, cela n’avance à rien de ressasser les torts passés. Si nous ne pouvons fermer les yeux sur ce qu’ont fait nos races respectives, jamais il n’y aura de paix entre les humains et les Urgralgra.
— À supposer que nous vainquions Galbatorix, comment devrons-nous agir envers vous si, dans vingt ans, après avoir reçu de Nasuada les terres que vous avez demandées, vos fils se mettent à tuer et à piller pour trouver une compagne ? Tu connais l’histoire des tiens, Garzhvog, tu sais qu’il en a toujours été ainsi lorsque les Urgals ont signé des traités.
Garzhvog soupira :
— Eh bien, espérons qu’il existe des Urgralgra plus sages que nous de l’autre côté de l’océan, car nous ne serons plus de ce monde.
Ils n’échangèrent pas un mot de plus cette nuit-là. Garzhvog se roula en boule pour dormir, la tête à même le sol. Eragon s’enveloppa dans sa cape puis, adossé contre la souche, il observa la lente rotation des étoiles, alternant entre la veille et les rêves éveillés qui lui tenaient lieu de sommeil.

— Je ne veux pas ! se récria Roran qui s’en étrangla. Je ne veux plus jamais y penser !
Il serra les poings, le souffle court :
— Un vrai guerrier ne se tourmenterait pas comme je le fais.
— un vrai guerrier ne se bat pas parce qu’il en a envie, mais parce qu’il le faut. Un homme qui rêve de guerre, qui prend plaisir à tuer, est une brute est un monstre. Il ne vaut pas mieux qu’un loup enragé, capable de dévorer père et mère, de se retourner contre les siens, et toute la gloire qu’il conquiert sur les champs de bataille n’y changera rien.
Elle écarta une mèche de cheveux du front de Roran, lui effleura le haut de la tête :
— Tu m’as dit un jour que, de tous les récits de Brom, la Geste de Gerand était ton préféré, que c’était pour cela que tu te battais à la pioche et pas à l’épée. Tu te souviens comme Gerand avait horreur de tuer, comme il répugnait à reprendre les armes ?
— Oui.
— Pourtant, il était reconnu pour le plus grand guerrier de son temps.
Et lui couvrit la joue de sa paume, lui tourna la tête de manière à ce qu’il la regarde dans les yeux :
— Et toi, Roran, tu es le plus grand guerrier que je connaisse, ici ou ailleurs.
— Moi ? Croassa-t-il, la gorge sèche. Que fais-tu d’Eragon, de…
— Ils n’ont pas le quart de ta valeur. Eragon, Murtagh, Galbatorix, les elfes… tous marchent au combat avec des sorts aux lèvres et des pouvoirs qui surpassent de beaucoup les nôtres. Toi – elle posa un baiser sur son nez –, tu n’es qu’un homme. Tu affrontes tes ennemis debout. Tu n’es pas magicien, et cependant tu as abattu les Jumeaux. Tu n’es ni plus rapide ni plus fort qu’un humain puisse l’être, et cependant tu n’as pas hésité à attaquer les Ra’zacs dans leur repaire pour me délivrer de leur cachot.

Pour stopper sa descente vers les tentes grises et s’éloigner du sol-dur-à-se-rompre-les-os, elle abaissa ses ailes, s’orienta dans la direction de Farthen Dûr et entama son ascension pour gagner les hauteurs froides à l’air raréfié, à la recherche d’un vent favorable qui lui faciliterait la tâche.
Elle survola la rive boisée de la rivière où les Vardens avaient choisi de camper ce jour-là et frétilla de joie. Fini la longue attente pendant qu’Eragon vivait des aventures sans elle ! Fini les fastidieux vols nocturnes au-dessus des mêmes paysages ! Fini l’impunité pour ceux qui cherchaient à nuire au compagnon-de-son-âme-et-de-son-cœur, car sa colère de dragonne s’abatterait sur eux ! Ouvrant grand la gueule, elle rugit de satisfaction et d’assurance, défiant les dieux s’il y en avait de s’en prendre à elle, la fille d’Iormîngr et de Daverva, deux des plus célèbres dragons de leur temps.
À neuf cents toises au-dessus du campement Varden soufflait un fort vent de sud-ouest. Saphira se plongea dans le courant d’air mouvant et se laissa porter. En bas, la terre inondée de soleil défilait à vive allure tandis qu’elle projetait ses pensées devant elle :
« J’arrive, petit homme ! »

Levant les yeux pour observer des hirondelles, Eragon esquissa un sourire ironique.
— Pourquoi souris-tu ? Demanda Oromis.
— Vous ne comprendriez peut-être pas.
L’elfe croisa les mains sur ses genoux :
— C’est fort possible. Tu n’en auras cependant le cœur net qu’après t’être expliqué.
Le garçon réfléchit. Les mots justes ne lui venaient pas aisément.
— Quand j’étais plus jeune, avant…avant tout ça – d’un geste large, il embrassa Saphira, Glaedr, Oromis, le monde en général –, je me plaisais à imaginer qu’en raison de sa grande beauté, ma mère était admise à la cour des vassaux de Galbatorix. J’imaginais qu’elle voyageait de ville en ville, dînait dans les châteaux, entourée de comtes et de gentes dames et que…qu’elle s’était éprise d’un homme riche et puissant ; que, contrainte par des circonstances mystérieuses de lui cacher mon existence, elle m’avait confié à Garrow et Marian, et qu’elle reviendrait un jour me révéler mon identité, m’avouer qu’elle n’avait jamais eu l’intention de m’abandonner.
— Ce n’est pas loin de la vérité.
— Non, sauf que…dans mes fantasmes, mon père et ma mère étaient des gens importants ; j’étais important, moi aussi. Le destin m’a donné ce que je souhaitais, mais la réalité n’est ni aussi brillante ni aussi heureuse que dans mon imagination… Je souriais de ma propre naïveté, je suppose. Et de l’ironie du sort : il y avait si peu de chances que mes rêves se réalisent !

❤️
Déçus, Saphira et son Dragonnier quittèrent la clairière alors que le soleil gagnait l’horizon. Ils s’envolèrent vers le centre d’Ellesméra et se posèrent doucement dans la chambre de la maison arboricole que les elfes leur avaient attribuée. C’était un ensemble de pièces aux formes ovoïde, perché au sommet d’un solide pin, à plusieurs centaines de pieds au-dessus du sol.
Dans la salle à manger, un repas de fruits, de légumes, de haricots rouges et de pain attendait Eragon. Après un dîner frugal, il se lova contre Saphira dans le nid doublé de couvertures aménagé pour elle. Il préférait cela à la solitude de son lit. Tandis que la dragonne sombrait dans un profond sommeil, il regarda les étoiles se lever puis s’éteindre dans le ciel que baignait le clair de lune, il pensa à Brom, au mystère qui entourait sa mère. Tard dans la nuit, il glissa dans la transe de ses rêves éveillés et y retrouva ses parents. Leurs voix étaient assourdies, à peine audibles ; faute d’entendre ce qu’ils disaient, il était conscient de leur amour pour lui, de leur fierté. Ce n’étaient là que des ombres nées de son esprit enfiévré, mais le souvenir de leur affection l’accompagnerait à jamais.



