J’ai adoré plonger dans cette suite dès les premières pages ! Retrouver la poésie de l’écriture et toutes ses émotions qu’elle suscite, retrouver les personnages, Ellana et Jilano surtout, purée j’ai adoré !

Parlons poésie ! L’écriture est tellement belle et imagée, elle coule de source. Elle est simple, lumineuse, efficace. Et encore ce terme « vespéral » que j’ai revu plusieurs fois au cours de ma lecture, décidément, ça parle à mon âme tout ça ! Même ce petit clin d’œil à la Boétie, il n’y a pas plus belle manière que celle-ci pour décrire la vraie amitié. On ressent toute la sensibilité de l’auteur derrière sa façon de nous conter l’histoire. Mais ce n’est pas que l’écriture. Toute cette aventure et la voie des marchombre est une façon si romancée de voir la vie, assez spirituel en fait. La notion de voyage est très importante et elle est particulièrement poétisée ici. Où qu’elle aille, Ellana apprend de nouvelles choses sur elle-même, des vrais parcours initiatiques. J’adore cet état d’esprit, je me sens en harmonie avec ce livre, je comprends son temps.

Parlons personnages, ils sont si attachants ! Je les ai tous apprécié dans leurs rôles, tous sans exception.

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La mort d’Hurj. J’m’y attendais pas, j’avais la gorge serrée. Infinie tristesse en pensant à tout l’avenir qu’ils auraient pu avoir lui et Ellana. Mais Ellana est une solitaire donc dans un sens, cette mort ne l’a rendu que meilleur car elle a renforcé ses convictions dans la poursuite de sa quête. N’empêche, il était incroyable ce Hurj. Un autre incroyable dans son genre, c’est Nillem. Bien sûr, on s’attendait à ce qu’il rejoigne les mercenaires du Chaos.

On comprend mieux maintenant pourquoi ces derniers les recherchaient lui et Ellana dans le tome 1. C’est de la fantasy : évidemment qu’il y avait une prophétie qui se cachait quelque part !
Je suis trop fière de ma Ellana qui est restée fidèle à elle-même. Elle est tellement droite et forte, j’adore ça. Le fait que ce soit une fille à laquelle on peut s’identifier, toujours sous-estimée parce que c’est une femme, toujours harcelée et menacée par tous ces violeurs potentiels qu’on croise à chaque coin de rue mais elle est trop badass pour eux. C’est tellement dur d’être une femme (et je ne parlerai même pas d’être une femme racisée) donc ça fait plaisir de voir ce genre d’héroïne. Et on peut remercier pour ça celui qui lui a tout appris, Jilano. C’était très intéressant le passage où il dit que si tous les hommes qu’elle croisait voulaient qu’il la suive, c’était parce qu’ils voulaient lui voler sa lumière, sa liberté. Ça m’a fait réfléchir. Les hommes cherchent toujours à voler la liberté des femmes car eux n’ont pas cette lumière, j’suis complétement d’accord, je l’observe dans la vie de tous les jours. L’amour a un côté assez emprisonnant pour moi. J’ai hâte de voir au tome 3 si Ellana réussira à entremêler la voie marchombre avec la voie de l’amour. Ah la la, Jilano…quand l’élève a dépassé le maître. A partir du moment où

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les chemins du maître et de l’élève se séparent, on ressent bien que c’est le début de la vie pour Ellana et la fin pour Jilano. Elle est devenue une vraie marchombre sans attache alors que lui s’est perdu dans les histoires du Conseil et la protection d’Ellana afin de réaliser cette mystérieuse prophétie (et surtout parce qu’il l’aime plus que tout). La mort de Jilano est tragique mais elle était nécessaire.

Elle fait partie du processus pour que naisse la légende d’un héros (d’une héroïne en l’occurrence).

Parlons émotions maintenant. Je dois avouer que j’ai eu la gorge serrée quelque fois. Mais ma plus grande séquence émotion, c’est lorsque les chemins du maître et de l’élève se séparent au sommet de cette montagne enneigée. J’avais les larmes aux yeux, ça m’a grave touché. Cette dernière leçon de liberté que Jilano a apprise à Ellana, je l’ai trouvé sublime, c’est une belle leçon de vie. C’était très symbolique aussi car comme je le dis plus haut, c’est la fin pour l’un et le début pour l’autre. Pour moi, ce moment représente le pic de la saga même si je n’ai pas encore lu le dernier tome. Cette trilogie a su trouver le chemin la voie de mon cœur.

Franchement, j’ai adoré. Si j’avais peut-être une seule chose à redire (oh mon dieu, jusqu’à la fin de ma vie, j’aurai des trucs à redire moi),

ce serait concernant le chant marchombre et le fait que les maîtres puissent parler aux animaux. Bon, pas très réaliste pour moi (si on peut encore parler de réalisme) mais à un moment, ça a bien arrangé Ellana de parler aux chevaux pour pouvoir sauver sa peau. Je pense que l’auteur aurait pu avoir une meilleure idée que celle-ci. Mais bon, là c’est vraiment du détail.
Une lecture qui m’a fait voyager. J’ai hâte d’arpenter une dernière fois la voie au côté de notre belle héroïne.

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Les extraits que j’ai retenus

Aoro se laissa tomber sur le talus bordant la piste et prit sa tête entre ses mains. Ellana mit pied à terre pour s’approcher de lui. 
— Ça ne va pas ?
— Je n’y arriverai jamais, murmura-t-il. 
— Arriver à quoi ? À détrousser les gens ?
— Non, à découvrir le monde.
— Je ne vois pas le rapport avec ton métier de bandit. 
Il leva vers elle un regard désabusé. 
— Je ne suis pas un vrai bandit. Je veux juste partir loin d’ici. 
— Eh bien pars. 
— À pied ?
— Ben…
— J’ai prévu d’être bandit le temps de voler un cheval, pas une seconde de plus. Ensuite…le monde m’appartiendra. 
— Décidément, c’est une manie, constata Ellana. 
— Que dites-vous ?
— Rien. As-tu essayé de travailler pour gagner de quoi t’acheter un cheval ?
— Je travaille depuis des mois à la taverne du village. Avec ce que j’ai économisé je ne peux même pas m’offrir une selle !
Ellana lui lança un long regard pensif. 
Elle avait, elle aussi, rêvé de partir à la découverte du monde sur le dos d’un cheval, symbole de liberté. Elle avait, elle aussi, travaillé pour un salaire de misère dans une taverne. Elle avait, elle aussi, désespéré d’accomplir un jour son rêve…
Et puis elle avait rencontré Jilano. 
Sa décision fut vite prise. 

— Pourquoi les hommes veulent-ils que je les suive ? Non, ne riez pas. Je ne parle pas de ceux qui cherchent à assouvir leurs désirs de chair mais de ceux qui veulent que je me lie à eux de façon plus…définitive. Nillem, Hurj, Salvarode à sa manière, Aoro…Qu’est-ce qui les attire ? Je n’ai rien de particulier, je ne suis pas plus belle qu’une autre, je ne possède pas de courbes affolantes, je…
— Ta liberté. 
— Ma liberté ?
— Tu es libre, Ellana, et cela crée comme une lumière autour de toi. Les hommes ne s’y trompent pas et cherchent à te capturer pour s’approprier cette lumière. Parce qu’ils croient, à tort, qu’elle les éclairera, parce qu’ils sont incapables de la trouver en eux et ne supportent pas l’idée de vivre dans l’ombre, parce que le réflexe de celui qui est cloué au sol a toujours été de tuer celui qui sait voler. 
— Personne ne cherche à me tuer. Du moins pas ces hommes-là. 
— Leur désir que tu les suives revient au même. Éblouis par tes ailes et puisqu’ils sont inaptes au vol, ils rêvent que tu les sacrifies pour eux. 
— N’est-ce pas l’amour qui exige cela ?
Jilano secoua la tête. 
— Absolument pas, Ellana. L’amour consiste à ouvrir des portes et des fenêtres, pas à bâtir des prisons. 
— Et vous ? Non. Excusez-moi. Ma question est stupide. 
— Faux, elle n’est pas stupide et tu le sais. Le rôle d’un maître est de permettre à la lumière de naître, de déployer les ailes de son élève et de veiller à ce qu’il s’envole. Ton temps approche et je suis immensément fier de toi. Mais je ne t’ai jamais menti, et je ne commencerai pas aujourd’hui. Ta lumière est éclatante, même aux yeux d’un maître marchombre. Lorsque tu partiras, le monde me paraîtra bien sombre. 
Comme pour modérer le poids de ses paroles, Jilano lui adressa une grimace avant d’achever :
— Bien sombre mais aussi bien tranquille et j’avoue avoir hâte que tu me fiches un peu la paix !

Elle était marchombre.
Libre ou enchaînée. 
Valide ou blessée. 
Jeune ou vieille. 
Elle était marchombre. 
Mais le corps ?
La tempête rugit dans son esprit. 
Son corps était une partie d’elle. Elle lui devait le respect, c’était par lui qu’elle appréhendait le monde mais il n’était qu’une partie d’elle. 
Sa condition de marchombre allait bien au-delà des limites de son corps. Elle le transcendait, et si son corps était enchaîné, blessé, affaibli, brisé même, elle n’en demeurait pas moins libre. 
Elle était marchombre. 
La tempête cessa soudain de souffler. 
Les yeux d’Ellana se posèrent sur Jilano. 
— Merci, souffla-t-elle. 
Il faisait froid. 
Très froid. 
Assez froid pour que ce soit une perle de glace qui, en réponse, roule sur la joue du maître marchombre.

❤️❤️❤️

Bonheur.
Gratitude.
Amour.
— Garde-toi, murmura-t-il, et que ta route soit belle.

Elle lava ses vêtements et, pendant qu’ils séchaient étendus sur l’herbe, elle s’assit, une lourde de plaque d’écorce sur les genoux. Elle réfléchit un instant, suivant du regard les fumerolles qui traçaient de mystérieuses arabesques au-dessus des cendres, puis elle saisit son poignard et se mit au travail.
Quand elle eut fini, Elle considéra son œuvre sans la moindre concession. Satisfaite, elle fixa solidement la plaque d’écorce à un pieu fiché en terre puis, après s’être rhabillée, elle s’approcha des chevaux. 
Les fontes d’une des selles contenaient des bâtonnets de viande séchée au goût exécrable mais qu’elle savait très nourrissants. Elle avait de toute façon trop faim pour se montrer difficile. Elle mordit dans un bâtonnet, grimaça, se força à avaler. 
Une fois rassasiée, elle se hissa sur un des chevaux et saisit la bride de l’autre. Ce faisant, elle eut une pensée fugitive pour Alula. Comment la petite jument au mauvais caractère allait-elle aborder sa nouvelle vie libre et sauvage ?
Elle haussa les épaules. 
Alula ferait de son mieux. 
Comme sa maîtresse. 
D’un claquement de langue, Ellana mit sa monture au pas. Elle s’éloigna vers l’est sans se retourner. 
Derrière elle, un rayon de soleil se posa sur la plaque d’écorce. 

La douleur infinie de celui qui reste,
Comme un pâle reflet de l’infini voyage
Qui attend celui qui part.